Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄
Title: | Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄ |
Date of Publication: | 1986 |
Pagination: | 362 |
Subject: | Ελληνικά κείμενα του Καποδίστρια |
Κατάλογος Καποδιστριακού Αρχείου Κερκύρας | |
Ο Καποδίστριας στην Ελλάδα | |
Temporal coverage: | 1811-1828 |
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DES GRECS EN TURQUIE
Dénombrement de la population
Ils composent une population de neuf millions, dont la plus grande partie est domiciliée dans l’ancienne Grèce, et le reste est répandu sur presque toutes les provinces commerçantes de l’Empire Ottoman.
Son caractère général
Le peuple conserve partout son caractère originaire, sa religion, sa langue, ses moeurs et cette supériorité morale que son génie lui accorde sur les Turcs.
Sa division en classes
Il est un peu difficile de bien classer cette population dans ses divers ordres. Les sujets turcs n’ont point d’état civil. Cet état qui dérive de la fortune, de la naissance et de l’éducation, c’est un secret pour les Grecs qu’ils doivent garder très soigneusement entre leurs parois domestiques.
Cependant, on peut les distinguer en quatre classes. La première embrasse les propriétaires et la noblesse, la seconde - le clergé et les savants, la troisième - les négociants et les marins, la quatrième - les laboureurs et les hommes qui ne connaissent que le métier des armes.
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PROPRIÉTAIRES
Il n'y a que de petites propriétaires et pourquoi?
Presque tous les Grecs en Turquie ont des petites propriétés en terre. Presqu’aucun n’en a de grandes. Avant la première guerre russe, il y avait en Morée et dans les provinces ottomanes de la mer Noire des seigneurs dont la fortune était très considérable. Ils ont montré trop de dévouement aux intérêts de la Russie, et la persécution turque réduisit quelques uns de ces seigneurs à la misère et d’autres à la nécessité de s’expatrier.
Principe des maisons de commerce
Dès lors les Grecs furent obligés à renoncer aux grandes propriétés foncières.
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De là le principe des maisons de commerce grecques en Turquie et dans les pays étrangers et les premiers pas de ce peuple vers sa régénération.
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NOBLESSE
La noblesse est nulle; celle de Fanari se soutient encore
Là, où il n’y a pas de grandes propriétés foncières, la noblesse n’est qu’un nom vain, stérile et quelquefois dangereux. La plus grande partie des Grecs a renoncé à ce nom. Ceux de Fanari y attachent encore un prix réel, parce que c’est à ce titre, qu’ils doivent la place importante de grand Dragoman qu’ils occupent, et les principautés de la Moldavie et de la Valachie, qu’ils espèrent de conserver.
Caractère des propriétaires
Ainsi les Grecs, en général, ne tiennent à leur terre natale que dans l’espoir de la conquérir un jour et de la posséder sous les auspices d’une législation. Ils haissent les Turcs qui la leur refusent, et n’ayant pas une partie satisfaisante à l’administration de leur pays, ils méprisent les titres et les privilèges de la noblesse, et ils ne rêvent qu’à l’êpoque heureuse, à laquelle ils pourraient s’en revêtir avec dignité.
Caractère des nobles
Les nobles sont instruits, actifs, fins, pleins d’amour-propre; intrigants entre eux, quelquefois bas, souvent fiers.
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CLERGÉ
Le clergé grec sort de son ingnorance et de sa superstition grâce à la Russie
Le clergé a été très ignorant et très superstitieux. Il ne l’est plus. Eugène Bulgaris et Nicephore Theotokis, ces deux prêtres corcyréens, élevés à la dignité de métropolitains par l’impératrice Catherine II firent sentir, par leur exemple et par leurs ouvrages, au clergé grec la honte de son ignorance et de ses superstitions. Le premier, avant de venir et Russie, fonda une école de philosophie dans les couvents du Mont Athos, et le second en institua une autre en Moldavie. Et l’un et l’autre, retirés en Russie, comblés des bienfaits de S. M. l’impératrice, consacrèrent le reste de leurs jours à composer et à publier des oeuvres immortelles de littérature, de morale, de philosophie et de théologie.
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Comment cela s’est fait
Le S.-te Synode1 et le patriarcat de Constantinople se formèrent à l’ecole de ces deux grands maîtres et le clergé eût une nouvelle et plus noble existance.
Progrès
Désormais, c’est une loi sacrée pour le S.-te Synode que d’engager les jeunes gens qui entrent dans les ordres de l’Eglise, à déposer leur costume et la barbe et à voyager en Italie, en Allemagne et en France, pour apprendre les langues modernes et pour se perfectionner dans les sciences et dans les lettres.
Métropolitains actuels qui étudièrent dans les pays étrangers.
Trois des plus connus parmi les métropolitains actuels de l’église grecque: Proojos de Philadélphie, qui a l’inspection de l’école publique de Constantinople, Denis de Serrés en Macédoine et Théoclitus, métropolitain de Sophia près de Nissa, voyagèrent longtemps et sous l’habit séculier, furent inscrits au nombre des élèves des universités d’Italie, de France et de l’Allemagne. Après avoir achevé leur carrière littéraire, ils rentrèrent dans le sein de l’Eglise. Peu de temps après, ils ont obtenu des métropoles.
Prêtres qui imitent leur exemple
Théophilus, déjà prêtre à l’âge de 40 ans, dépose aussi aux pieds de l’autel ses habits sacerdotaux, voyage, va en Italie et en France, étudie avec grand succès les sciences, fait une ample provision de livres et d’instruments scientifiques, revient à l’Eglise, reprend son costume et fonde une école de philosophie à Smirne.
Benjamin, professeur de sciences à Kidonies, imite cet exemple. Il a voyagé lorsqu’il était diacre. A present, il est le chef et le promoteur de bonnes études dans cette nouvelle école.
Deux vieux prêtres, déjà professeurs, voyagent pour apprendre l’art d’enseigner.
Daniel Philipidés et Néophitos Bambas, prêtres déjà âgés de 50 ans, et l’un et l’autre jadis professeurs des lettres et des sciences dans leur pays et a Yassi, sentent avec peine qu’ils ignorent la véritable méthode d’enseigner. Ils se décident
1. Dans le mémoire que j’ai eu l’honneur de présenter a S.E. Monseigneur le Chancelier de l’Empire au sujet de la guerre actuelle contre la Turquie il y a de plus grands détails sur la noblesse de Fanari. J’estime inutile de les répéter ici.
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â devenir écoliers. Ils déposent leurs habits. Ils se trouvent actuellement en France.
Ces faits et nombre d’autres, prouvent assez que le clergé grec, en peu d’années, sera aussi instruit que le clergé des nations européenes les plus éclairées. C’est alors qu’on pourra peindre son caractère.
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SAVANTS
Importance de cette classe
Cette classe n’existait pas avant la première guerre russe. Aujourd’hui, elle est très nombreuse et peut-être elle mérite une considération particulière.
Ecoles publiques
Dix-huit écoles publiques sont déjà instituées en Grèce à l’imitation des petites universités ou des lycées de l’Italie et de la France.
Ces écoles sont les suivantes:
En Epire............. 1 de Gianina 2 d’Ambelakia
En Thessalie.......... 3 de Zarizani 4 de Sagora
Dans l’Attique ........ 5 d’Athènes
Dans l’Acarnanie...... 6 de Neopactos
et dans la Morée ...... 7 d’Argos 8 de Dimizana
Dans les îles de l’Archipel 9 d’Ydre 10 de Thinos 11 de Paros 12 de Patmos 13 de Kios
Asie Mineure ......... 14 de Smirne 15 de Kidonies 16 de Constantinopli 17 du Mont Athos 18 de Cypre
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Ce qu’on y enseigne
Dans ces écoles on enseigne la langue grecque ancienne et moderne et les éléments de la langue française ou italienne; la littérature grecque, la géographie, l’histoire, les mathématiques, la logique, et dans quelques-unes la métaphysique et la physique.
Les professeurs sont Grecs
Les professeurs de toutes ces écoles sont des Grecs, presque tous formés dans les universités et dans les académies européennes. L’école d’Ydre a deux professeurs italiens qu’on a fait venir exprès pour instituer la jeunesse de ce pays dans la science de la navigation.
Revenus destinés à l’entretien des écoles
Chaque école a un fond en argent, dont les revenus servant aux appointements des professeurs et à toute autre dépense nécessaire. Ces fonds résultent des contributions spontanées et sont administrés par les anciens de chaque ville.
Bibliothèques et livres
Les livres, dont ces écoles ont besoin, sont fournis par les imprimeries grecques de Paris, de Livourne, de Venise, de Vienne et de Constantinople. Chaque école a une bibliothèque.
Dons gratuits au bénéfice des écoles
Tous les Grecs à grande fortune viennent au secours des écoles et des élèves. Les Zosima établis en Russie font réimprimer à leurs frais tous les classiques et les distribuent gratuitement dans ces établissements. Cet exemple de patriotisme et de libéralité excita l’émulation. A cette heure, toutes les imprimeries grecques travaillent sans cesse et ne peuvent néanmoins suffire à l’ouvrage que leur donnent des traducteurs et les compilateurs.
Nombre des écoliers
D’après les registres que j’ai eu lieu de voir, on peut calculer que chacune de ces écoles a 200 élèves. Ils seraient donc en tous 3600 par an. Mais supposons les 3000.
Unité et rapports de ces établissements
Ce qui donne à ces établissements de l’unité et ce qui prouve que leur succès
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ne peut pas être indifférent au sort de la nation grecque, c’est que les professeurs jouissent de la considération de leurs compatriotes, ce qu’ils conservent des liaisons avec les savants qu’ils ont connus dans leurs voyages et avec ceux sous les auspices desquels ils ont fait leurs études. C’est que ces professeurs ayant eu tous à peu près la même éducation, ils sont très liés entre eux. C’est qu’ils entretiennent une correspondance très suivie avec ceux de leurs compatriotes qui se trouvent dans les pays étrangers. C’est enfin qu’au moyen des journaux littéraires (dont il y en a deux qui s’impriment à Vienne) l’émulation devient générale, l’instruction se répand et la jeunesse particulièrement est pénétrée du plus vif amour des sciences.
Progrès
Avec le temps, dès que le nombre des hommes instruits deviendra plus grand, il y aura immanquablement dans chaque pays de la Grèce des cabinets de lecture, des sociétés littéraires et enfin des académies. Ces institutions forment peu à peu l’esprit public et deviennent autant de foyers desquels part cette influence morale sur le peuple, qu’on appelle l’empire des opinions.
Effets politiques
Jusqu’à présent, pour diriger les mouvements du peuple grec, les puissances ennemies des Turcs cherchaient au hasard quelques individus parmi les Grecs, qu’elles supposaient influents. Désormais ce n’est plus le hasard qui doit présenter ces hommes influents et prépondérants. Ils existent, ils sont en présence, on n’a qu’à les employer. Ce sont les prêtres et les savants. Jadis, il y en avait fort peu, et chacun n’avait de valeur tout au plus que dans son pays natal ou dans celui, où il avait fait quelque séjour. Aujourd’hui, c’est une société très nombreuse, bien organisée, laquelle a des chefs, qui exercent un pouvoir étendu sur toute la classe des hommes instruits et bien pensants, et sur le peuple. Ces chefs sont le patriarche, les métropolitains, les professeurs et, en général,tous les Grecs qui savent tenir la plume á la main et qui n’ignorent pas l’art de bien parler.
Caractère des savants.
Les savants Grecs étant nouvellement formés à l’immitation parfaite des savants européens, leur caractère général est facile à deviner. Un peu égoistes, avides de gloire, souvent pauvres et quelquefois passionnés pour l’argent. Mais les Grecs sont plus, tous sont de bons patriotes, parce qu’ils n’ont pas de patrie.
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NÉGOCIANTS
Filiation des maisons de commerce dans les pays étrangers
Toutes les maisons de commerce grecques en Turquie ont des filiations établies dans les pays les plus commerçants de l’Europe; la Russie, l’Autriche, l’Italie, la France, la Hollande en ont accueillies et en possèdent encore.
En Russie il y a peut-être 800 maisons grecques, ce qui peut donner environ 4 à 5 mille âmes.
En Autriche, du temps de l’empereur Joseph il y avait 85.000 Grecs, et à présent, il y en a presque 90.000.
A Venise, à Ancone et à Trieste, on peut les calculer tout au plus à 3000. Gènes, Livourne et Naples peuvent en avoir 4000.
La Hollande une centaine. La France beaucoup de voyageurs, une cinquantaine, qui y sont établis, et deux maisons de commerce qui se soutiennent à Marseille.
Tous les Grecs qui sont dans l’étranger, conservent l’idée de rentrer dans leur pays.
Quoique une partie de ces gens aient des propriétés considérables dans les pays, où ils sont établis, on ne doit néanmoins les considérer comme expatriés tout à fait. Ils ont des parents dans leur pays, qui font aussi le commerce, et les relations d’intérêt fortifient celles de la parenté.
Les maisons Nacos, Gazimicali et Darvari en Hongrie, possèdent chacune en revenus annuels plus de 150.000 florins d’Hollande.
Celle de Zosimas à Moscou, de Maruzzi, de Carajanni, de Papodopoli à Venise et nombre d’autres sont tout aussi riches. Néanmoins toutes continuent à faire le commerce et à se considérer comme étrangères dans les pays, où elles ont leurs propriétés.
Pépinière des négociants grecs
Toutes ces maisons de commerce dans l’étranger ont des commis grecs. Ce sont des jeunes gens, qu’on leur envoie de la mère patrie. Ils arrivent ordinairement ne sachant que leur langue et à peine tenir un livre. Ils apprennent les langues étrangères et ils se forment dans la science et dans la pratique du commerce. Dès qu’ils donnent des preuves d’une capicité satisfaisante, ils retournent dans leur patrie et ils sont remplacés par d’autres.
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Comment ils s’établissent chez eux
Rentrés chez eux, ce sont des négociants; s’ils n’ont pas des capitaux, ce sont des commissionnaires, qui en peu de temps ouvrent eux-mêmes des maisons de comerce. Les bénéfices du comerce du Levant sont très considérables. Mais ce qui les rend encore plus importants entre les mains des Grecs, c’est qu’ils en tiennent compte. Dans leur pays il n’ya pas d’occasion pour dépenser ce qu’ils gagnent. Et s’il y avait cette occasion, ils n’oseraient pas en profiter, pour ne pas éveiller l’avidité des Turcs.
Caractère général des négociants
La passion des richesses et celle particulièrement de l’or étouffe dans l’âme toute autre passion. C’est à ce principe, qu’il faut attribuer le peu de patriotisme de quelques-uns parmi les négociants grecs.
Leur fortune est presque toute en numéraire. Elle est mobile. Ils peuvent la transporter partout et partout elle peut leur ouvrir une bèlle carrière. Avec les Turcs et dans l’état actuel ils sont autorisés à se permettre toute espèce d’industrie pour accumuler de l’or: dans un Etat bien administré, cette industrie a des bornes. Ce sont les lois qui les imposent. Cependant, il faut rendre justice à cette classe. Elle s’est distinguée dans ces derniers temps. Une partie des fonds destinés à l’entretien des écoles publiques ressort de comptoirs des négociants.
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MARINS
Quantité des vaisseaux grecs
Les Grecs ont 5000 vaisseaux marchands, construits dans les îles de l’Archipel, et presque dans toutes les parties de la Grèce. Leur construction se perfectionne toutes les années. C’est dans l’arsenal de Constantinople, que les Grecs ont appris cet art sous la savante direction de monsieur Le Brun.
Nombre des matetots
Tous ces 5000 vaisseaux sont en activité. On peut donc calculer qu’il y a tous les ans en exercice actif 50000 matelots grecs. Ce calcul a été fait par les agents anglais l’année 1803. Il parait très juste parce que les îles Ioniennes qui ne contiennent que 280.000 habitants, avaient du temps de la République 500 vaisseaux marchands, c’est-à-dire 5000 matelots, non compris ceux qui faisaient la petite navigation entre les îles et les ports limitrophes de l’Epire et de la Morée.
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Fortune des marins
Les marins grecs gagnent beaucoup d’argent et en dissipent dans les pays où ils abordent. Cependant, il a y en a plusieurs qui ont fait des grandes fortunes. Ce sont particulièrement les Speziotes et les Ydriotes.
Leur mérite
Au jugement des Anglais, les Grecs sont les meilleurs marins de l’Europe, mais les plus difficiles à discipliner. La nature les a fait pour cet état; et l’indépendance dans laquelle ils vivent, leur donne des mauvaises dispositions à la discipline militaire.
Leur sort
Le Capitaine Pacha et le service de la marine turque les vexent. Les vexations continuelles leur font regletter le sort et la considération, que quelque-uns parmi eux trouvèrent au service de la Russie.
Leur caractère
En général, ils sont braves et courageux. La flotille de Lambro Gagzioni l’a prouvé. A présent, il y en a au service des Anglais et les Anglais en sont fort contents. On leur reproche l’immoralité. Pour toute réponse, ils n’ont qu’a dire: "Si les marins des autres nations jouissent d’une grande réputation, des lois très sévères auxquelles ils sont soumis ne déposent pas à leur avantage; nous n’avons pas de lois, ni de gouvernement, et cependant notre marine est florissante”.
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LABOUREURS ET SOLDATS
Différence entre le laboureur et le soldat
Tous les laboureurs en Grèce portent les armes et sont en état de s’en servir avec bravoure. Mais ceux, qui particulièrement se destinent dès leur enfance au métier des armes, ne travaillent d’aucune autre manière et tirent leur subsistance des seigneurs qui les emploient à leur service.
Nombre des soldats
Ces gens connus sous le nom d’armatolos, composent une masse qu’on peut évaluer à 100.000 hommes. Ce sont pour la plus grande partie des montagnards. Ils sont au service des pachas turcs et des capitaines feudataires Grecs de l’Epire, de l’Acarnanie, de la Morée. La garde d’honneur et les troupes des princes de la Moldavie et de la Valachie étaient jadis composée des ces gens.
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Leur caractère
Dans plusieurs circonstances ces hommes ont fait des preuves étonnantes de valeur, de constance et de fidélité. On peut les conduire à la mort, ils l’affrontent avec intrépidité. Mais pour cela il faut gagner d’abord toute leur confiance. Il faut les connaître profondément, leur parler leur langage, les bien payer, leur tenir parole et mettre en action continuelle leur amour-propre.
Cas, que les Anglais en font
Les Anglais en ont à présent à leur service quelques régiments. C’est à Zante et à Céphalonie, qu’ils les ont organisés. Les capitaines et les majors sont Grecs, les officiers de grades supérieurs sont des Anglais qui ont pris le costume et qui parlent parfaitement le grec.
Ceux qui sont au service des Français dans l’île de Corfou se bornent à quatre cents. Ce sont les restes de ceux, qui étaient jadis au service de la Russie.
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MANIÈRE DONT LE GOUVERNEMENT TURC TRAITE LES GRECS
Les Turcs traitent mieux les Grecs. Et pourquoi?
Elle était despotique et barbare jusqu’au commencement du règne de Selim II. Un turc d’origine grecque, connu sous le nom de Validé Késkaya (c’est à dire intendant des biens de la sultane-mère) fit connaître au sultan, qu’il était de son plus grand intérêt de priver L’Empire de Russie du dévouement des Grecs; qu’à cet effet, il fallait leur accorder en Turquie tout ce que la Russie leur accorde dans ses Etats. Le sultan eut assez de bon sens pour se laisser pénétrer de cette observation. L’on connaît le fameux hat-sérif, par lequel le sultan engagea les Grecs à établir des écoles publiques en Turquie et même à Constantinople. Contemporainement en Russie on a supprimé le corps des cadets grecs.
Effets a l'avantage des Grecs
Le Patriarcat et le Ste Synode reçurent avec l’intervention de la Porte une meilleure organisation et la nation grecque commença à jouir d’une espèse d’existence civile1. On a établi à Constantinople une imprimerie grecque, et plusieurs jeunes seigneurs de Fanari voyagèrent en Europe aux frais du gouvernement turc.
1. Des notions plus détaillées à ce sujet se trouvent dans le précis historique sur l’état actuel de l’église ortodoxe d’Orient, que j’ai rédigé d’après les renseignements que le métropolitain Ignace m’a fourni et que j’ai eu l’honneur de présenter à Monseigneur le Chancelier de l’Empire le mois d’août 1809.
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Le sultan actuel suit le même système
La mort du sultan Selim ne changea en rien ce système. Le sultan actuel parait gouverner dans les mêmes principes, et la circulaire donnée dernièrement par le partiarche grec sert à le prouver. Cette circulaire encourage les établissements littéraires fondés par le Grecs et ordonne que dans les écoles publiques on n’enseigne que dans la langue grecque.
Les Grecs ne sont pas moins malheureux
Cependant tous les pachas turcs ne partagent pas les intentions philanthropiques du sultan. De là il résulte que malgré tous ces avantages le sort des Grecs n’est pas moins malheureux.
Trait digne d’attention
Une tête très hardie proposa au gouvernement turc d’admettre les Grecs dans les places éminentes de l’administration et des armées. Sans cela point d’ordre dans l’intérieur, point de vigueur dans la politique, point de barrière à l’influence étrangère.
Ce projet fut reçu; la personne qui l’a donné eut une récompense en argent et fut engagée à n’en point parler. Dans d’autres temps, on aurait pendu à l’instant celui qui aurait osé concevoir une pareille idée.
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CE QUE FAIT LA FRANCE POUR GAGNER LES GRECS
De tous temps la France a voulu les détacher de la Russie
Les voyages faits en Grèce par Guys, par Choiseul-Gouffier, par Sonini, par Olivier, et par nombre d’autres savants français n’ont jamais eu un but purement littéraire. Il s’agissait aussi de connaître personnellement les Grecs, de lier des relations avec eux et de les persuader que la Russie ne pourrait à jamais les délivrer des Turcs.
Ce que fit la révolution
La révolution fit plus: elle amena l’armée française dans les îles Ioniennes et dans cette partie du continent turc que les Vénitiens conservaient encore sous leur domination. L’occupation de Malte et l’expédition d’Egypte exalta tous les esprits et beaucoup de Grecs se dévouèrent à la France. Quelques-uns ont suivi
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l’armée, lorsqu’elle fut obligée d’abandonner l’Egypte et les îles Ioniennes. Ils furent ensuite employés dans le militaire et dans l’administration. Les vieillards et les savants reçurent des pensions et quelques intrigants furent renvoyés dans leur patrie pour augmenter le mombre des partisans français.
Les Grecs pensionnés par la France et de leur office
Parmi les pensionnés il y a Koray de Smirne, savant très distingué, Kodrika, Stephanopoli et autres. Ce sont des hommes, dont la plume très heureuse travaille incessamment pour attirer en France tous les jeunes gens, qui se livrent aux sciences et à la littérature. Cette jeunesse est parfaitement bien reçue. Le gouvernement la protège et l’encourage. Les hommes de lettres la flattent. Le grec moderne est à la mode et plusieurs Français le parlent élégamment.
Avantage de la position actuelle des Français à Corfou et dans l'Illyrie
La position des Français à Corfou et dans les provinces illyriennes favorise les communications, au moyen desquelles cette correspondance s’entretient avec une activité étonnante.
Comment l’empereur Napoléon s’occupe de la Turquie
L’empereur Napoléon s’occupe très soigneusement de la Turquie. Il y fait voyager sans cesse des hommes d’un grand mérite dans la partie militaire et il y envoie aussi de temps en temps des espions, des intrigants et des aventuriers.
Voyageurs
De ce nombre est un certain Salvatory, Italien de naissance, qui parle très familièrement les langues orientales. Dernièrement cet homme arriva à Venise de la Dalmatie. Dans la maison, oÿ il est allé demeurer, on s’est apperçu qu’il venait de la Turquie parce qu’il avait avec lui des habits orientaux. On l’a questionné; il n’en fit pas un mystère.
Dans une lettre écrite par monsieur Barbier de Bocage à un Grec qui se trouve à Vienne, il est question d’un certain monsieur Cousinis, consul de France à Salonique. Ce consul parait un homme très instruit. Il connaît le grec ancien et il parle le moderne. Il quitta sa place pour se rendre en France. Dans son voyage il visita la nouvelle route, connue sous le nom de route des provinces illyriennes. Vers le commencement du mois d’octobre il est parti de Paris pour se rendre à son poste. Monsieu Barbier de Bocage le croyant à Vienne de passage, lui envoya des lettres, sous enveloppe de son ami, en lui donnant la commission de les brûler, si par hasard monsieur Cousinis prend une autre route pour aller à Constantinople. Son retard fait supposer qu’il est la suite du général Sébastiani et qu’il ne viendra pas â Vienne.
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Cartes militaires de la Turquie
Monsieur Barbier de Bocage travaille depuis trois ans à la composition de cartes militaires de toute la Turquie. Comme il est de toute impossibilité de mesurer sur les lieux les distances sans se compromettre, on fait voyager à pied d’un endroit à l’autre des personnes, qui rendent compte du temps employé. On se procure en outre des renseignements de tous côtés. J’ai eu lieu de lire une correspondance qui ne laisse pas de doute à se sujet.
Tableaux statistiques de la Turquie
Monsieur Bessières étant encore consul de France à Venise, l’année 1807 fit venir auprès de lui plusieurs Grecs instruits, qui se trouvaint à Vienne, pour les consulter sur un ouvrage statistique sur la Grèce dond il s’occupait. Il avait déjà recueilli de très bonnes notions, il les rectifia et il composa des tableaux au moyen desquels on pouvait calculer les subsistances et les fournitures en tout genre, qu’on pouvait tirer de chaque pays et même de chaque village de la Turquie et particulièrement de la Grèce.
Grecs de Vienne engagés à suivre les Français à Corfou
A cette époque, il a été nommé commissaire impérial à Corfou. Il engagea ces Grecs à le suivre, leur promettant un traitement et d’autres avantages. Ils s’y refusèrent sous différents prétextes, contents de l’existence que leur procure le séjour de Vienne et peu flattés des promesses de monsieur Bessières.
L'archimandrite de la Dalmatie en France
L’archimandrite grec de la Dalmatie fit un voyage en France. Il fut comblé de bienfaits, et le bruit courrait alors, qu’on lui avait promis de l’élever à la dignité de métropolitain.
Projet d’une église grecque sur les frontières illyriennes
Les prêtres grecs qui sont à Venise sont pensionnés. Le gouvernement français eut l’idée de fonder une église grecque dans les frontières illyriennes et d’y attirer l’archimandrite Gassis, curé de la petite église grecque à Vienne, et de faire passer simultanément à Karlstat l’imprimerie qu’il dirige et ses collaborateurs. Cet archimandrite publie un journal littéraire et s’occupe de la composition d’un nouveau dictionnaire. Ses collaborateurs traduisent des ouvrages scientifiques et littéraires allemands et français en langue grecque moderne. Cet établissement, protégé par la cour d’Autriche, leur procure une très honnête existance. Ne voyant dans le projet du gouvernement français que la probabilité de quelques avantages futures, ils se décidèrent pour ceux dont ils jouissent â présent.
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Elèves grecs et illy riens dans les écoles militaires de Paris
On dit, que l’empereur Napoléon a admis dans ses écoles militaires des jeunes gens tirés de l’Illyrie et de la Grèce. On prétend que les uns sont partis publiquement de leurs pays au nombre de 200 pour se rendre en France et que les autres sont engagés secrètement par les agents français à se rendre à Paris pour être placés au Pritanêe Reste à savoir si cette relation n’est pas exagérée.
Opinion des Grecs qui sont en France sur la nomination de Sébastiani
Tous ces faits prouvent aux Grecs partisans de la France que l’empereur Napoléon a le projet de les délivres des Turcs. C’est à cette exaltation d’esprit qu’il faut attribuer l’enthousiasme avec lequel ils annoncent la nomination du général Sébastiani. Une lettre de Paris du mois d’octobre écrite par un Grec à un de ses collègues, qui se trouve à Vienne, porte la phrase suivante: "Sebastiani, l’ami des Grecs, part. L’heure bien heureuse va sonner. Que Dieu soit loué”.
Du parti français en Grèce
Le parti français ne pouvait pas prendre une grande consistance en Grèce, tant que le clergé lui faisait une guerre ouverte. Ce clergé peut changer d’opinion. Les voyages des prêtres en Italie et en France meritent quelque attention.
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CE QUE FAIT L’ANGLETERRE POUR GAGNER LES GRECS
Voyage des Anglais et leur but
Les Anglais ont à leur tour beaucoup visité l’intérieur de la Grèce et les voyages de mylord Elgine, de Morier, de Rouk et de Leik faits dans les années 1800, 1803 et 1805 étaient plutôt destinées à surveiler les Russes, qu’à faire des découvertes littéraires et scientifiques. Il en résulte de la manière la plus positive que ces agents anglais s’employaient très adroitement â persuader les Grecs, que la Russie connaissait trop ses véritables intérêts pour ne pas chasser les turcs de l’Europe, et que tout ce qu’elle faisait alors à l’avantage des Grecs n’était qu’un résultat de la force de ciroconstances. "Les Russes vous abandonneront dès qu’ils n’auront plus besoin de vous. Tenez-vous donc bien sur vos gardes”. C’était le refrain de monsieur Morier et de monsieur Leik.
Les savants anglais visitent l’église grecque
L’année 1804, quatre savants anglais très versés dans la langue arabe et dans le grec ancien et moderne, arrivèrent à Constantinople. Ils demandèrent au patriarche
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la permission de visiter les couvents du Mont Athos et des lettres de recommandation pour les abbès et pour les métropolitains. Ils justifièrent cette demande en annonçant qu’ils se proposaient à s’instruire profondément des principes et des rites de la religion grecque. Ils ont obtenu ces lettres. Ils voyagèrent. Habillés en moines, ils firent un long séjour au Mont Athos. Dans leur tournée en Grèce ils gagnèrent la confiance de plusieurs archevêques.
Avantages de la position des Anglais dans les îles de Zante et de Céphalonie
En occupant les îles de Zante et de Céphalonie les Anglais ont eu en vue d’y établir le centre de leurs relations avec les Grecs. La position en est très avantageuse. Ils en profitent avec beaucoup de sollicitude.
Projet politique des Anglais
Leur système politique à l’egard des Turcs paraît être connu. Tant que le gouvernement turc pourra se soustraire à la dépendance française, les Anglais sont intéressés à le soutenir. Aussitôt que la France voudra s’emparer de ce gouvernement, les Anglais ont le projet d’occuper toutes les îles, la Morée et touts les côtes maritimes.
Les Grecs ne peuvent pas être dévoués aux Anglais
Les Grecs soupçonnent ce projet. De là il résulte que leur attachement à l’Angleterre ne tient qu’aux avantages temporaires qu’elle leur procure. Elle les paye grandement. Son ministre à Constantinople leur accorde une protection ouverte. Ce sont deux moyens bien sûrs pour gagner leurs services, jamais leur confiance et leur dévouement.
Anecdote qui prouve l’importance que les Grecs donnent aux apparences
Avant la dernière guerre entre l’Autriche et la France un voyageur anglais fit un long séjour à Vienne. Il lia connaissance avec les Grecs lettrés qui se trouvent dans ce pays. Il étudia la langue grecque et se procura plusieurs renseignements sur l’état de la Grèce. La partie de laquelle il s’occupait particulièrement, c’était la rédaction d’un catalogue dans lequel il inscrivait les noms et les signalements caractéristiques des hommes les plus distingues et influents, qui se trouvent dans les diverses contrées de la Grèce. Par ce moyen indirect, il fit entendre que son gouvernement pouvait être dans le cas d’avoir besoin de leurs services. Ce qui flatta infiniment l’ammour-propre et de ceux, qui sont à Vienne et de ceux, qui sont en Grèce.
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CE QUE LA RUSSIE PEUT FAIRE POUR CONSERVER SUR LES GRECS SA BIENFAISANTE PROTECTION
Les Grecs sont dévoués à la Russie
La Russie a des titres au dévouement des Grecs et les Grecs lui sont dévoués. Il est inutile de prouver cette vérité par la narration des faits qui sont très connus.
Faits sur lesquels ils fondent leurs espérances
La protection que la Russie accorde aux Serviens. L’occupation de la Moldavie et de la Valachie. La nomination du métropolitain Ignace au siège de la Valachie. Les écoles publiques et l’académie que ce prélat a instituées dans son diocèse et les marques de haute bienveillance avec lesquelles S.M.L.’Empereur l’a encouragé. La nomination du général Comneno à la place de vice-président à Bucorest. Touts ces faits persuadent les Grecs que la Russie est toujours la même à leur égard et que sa puissante protection ne les abandonnera jamais.
Les moines et les savants désirent connaître si la Russie est intentionnée de les protéger.
Monsieur Govdelas, savant grec très distingué, se trouve actuellement à St.-Pétersbourg. Il demande la protection et les secours de S.M.L’Empereur pour publier ses oeuvres des mathématiques. Il ne faut pas regarder cet homme comme un aventurier. Il serait peut-être plus juste de la considérer comme un aventurier. Il serait peut-être plus juste de le considérer comme un homme envoyé par des moines et par des savants pour connaître si la cour de Russie est encore dans le système d’accorder à l’église et aux sciences et lettres grecques cette protection, qu’elle leur accorda du temps du temps des métropolitains Eugène Bulgarie et de Nicéphore Téotokis.
Question que les Grecs se font au sujet de la paix avec les Turcs.
La paix avec la Turquie et le sort des Serviens va décider une question, que les Grecs se font tous les jours entre eux: "La Russie, veut-elle nous protéger; Ou nous abandonne-t-elle aux Turcs?”
Si la Russie étend ses frontières. Et effets
Quelques que soient les frontières que la Russie jugera à propos de se donner du côté de l’Empire Ottoman, il paraît que les pays qu’elle aura acquis, ne peuvent
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manquer de devenir la terre de promission pour les Grecs. Ce sera alors à la sagesse des employés destinés soit à administrer ces pays, ou à y résider, à s’emparer exclusivement de l’esprit de tous les Grecs, et à leur donner la direction, qui sera la plus conforme au système que la Russie voudra adopter à leur égard.
Ce qu’on peut faire si la Russie ne fait pas des acquisitions sur le territoir
turc.
Si la Russie n’était pas dans le système de faire de nouvelles acquisitions sur le territoire turc, si le sort des Serviens n’était pas aussi brillant que les Grecs le désirent, il paraît de la plus grande importance de faire entrevoir à tous ces peuples un meilleur avenir et de ne pas les livrer en attendant au désespoir.
La Bessarabie et la Crimée peuvent offrir un asile aux Grecs
Le Bessarabie et la Crimée sont les pays où ce meilleur avenir peut être réalisé sous des formes réellement séduisantes. Un fait historique expliquera cette idée mieux qu’un long discours.
Fait qui le prouve
Trieste était un misérable pays. En peu d’années il est devenu florissant en population, en industrie, en richesse. Les Grecs y contribuèrent essentiellement. L’impératrice Marie-Thérèse l’a voulu, mais elle dut les succès de son projet au génie et au crédit d’un prêtre grec, nommé l’abbé Omirus de Smyrne. Ce prêtre avait studié en Italie et en France. La reine Marie-Antoinette le rencontra aux Tuilleries, lui parla et lui ayant reconnu des grands talents, l’envoya à sa mère l’impératrice Marie-Thérèse.
Ce prêtre fit connaître à l’impératrice la possibilité de créer à Trieste le port le plus commerçant de la Méditerranée. Son projet fut adopté. On commença à l’exécuter par la fondation d’une église grecque et l’abbé Omirus par la correspondance engagea ses compatriotes à venir s’établir à Trieste. De là la concurrence des Grecs et les progrès rapides de la ville qui venait d’être fondée.
La Crimée dans ce moment a des attraits aux yeux des Grecs
La Crimée dans ce moment-ci a de grands attraits aux yeux des négociants grecs. Ils sont vexés à Trieste, à Vesine, à Ancone, à Gènes, en Hollande et ils souffrent des contrariétés à Vienne, depuis que Trieste ne fait plus parti de lAutriche, et que la nouvelle route des provinces illyriennes est ouverte.
Son commerce et moyen de le faire prospérer
Le commerce de la Crimée peut devenir très considérable. Taganrok, Kaffa, Odessa pour être animées demandent des hommes, de l’argent, de l’industrie et de
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l’activité. Les Grecs attendent. Pour les faire venir en Crimée spontanément et sans bruit, il ne faut qu’un prêtre fait à l’imitation de l’abbé Omirus. La Russie le possède, c’est le métropolitain Ignace.
En accordant un sort et des espérances légitimes aux Grecs
Ce n’est pas tout. Il faut inspirer encore de l’enthousiasme aux Grecs. Il faut parler à leur imagination, sans oublier que la corde qui dans leur âme règle tous les mouvements, c’est celle de l’amour-propre. Quelque décoration donnée à temps à ceux qui professent les lettres et les sciences, une imprimerie grecque établie en Crimée, quelques savants pensionnés, une école publique, un journal et il ne faut pas davantage.
Effets
Dès que les plus distingués parmi les savants grecs sont dévoués à la Russie, toute la classe des savants aspirera au même sort. Le clergé s’élèvera ausi à la même espérance, ou au moins, on aura un moyen très facile de le mettre dans les intérêts de la Russie toutes les fois qu’on le jugea à propos. Car de la correspondance littéraire on passe aisément à la correspondance politique. Des plus grands détails à ce sujet me faisaient sortir des bornes que je me suis imposées.
Le comte CAPODISTRIAS
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ΥΠΟΜΝΗΜΑ ΕΠΙ ΤΗΣ ΣΗΜΕΡΙΝΗΣ ΚΑΤΑΣΤΑΣΕΩΣ ΤΩΝ ΕΛΛΗΝΩΝ1
Τί οφείλουν οι Έλληνες στη Ρωσία
Ο ελληνικός λαός οφείλει το όνομα, την πραγματική του ύπαρξη και τις ελπίδες του στην ευεργετική μεγαλοψυχία και στη μεγάθυμη προστασία της Ρωσικής Αυλής.
Πριν από τον πόλεμο του 1769, ο ελληνικός λαός ήταν τσακισμένος από τη μιζέρια και την άγνοια. Η γενέθλια γη του, το υπέροχο κλίμα της που τη γονιμοποιεί, τα μνημεία που περικλείνει, όλα ήταν γύρω του χωρίς ζωή. Η δυναμική φωνή της αυτοκράτειρας Αικατερίνης Β', εμψύχωσε με νέα ζωή τις ωραίες περιοχές της Ελλάδας και ενέπνευσε στους Έλληνες το ευγενικό αίσθημα να εκτιμήσουν όπως πρέπει τους προγόνους τους.
Από τότε άρχισε η ηθική αναγέννηση αυτού του λαού. Και σημείωσε αλματώδη πρόοδο, η οποία συνεχίζεται και τώρα.
Οι Έλληνες είναι αξιοι καλύτερης πολίτικης τύχης
Η Γαλλική Επανάσταση και τα εξαιρετικά γεγονότα που άλλαξαν την όψη και τις σχέσεις των ευρωπαϊκών κρατών, η παρακμή της Τουρκικής Αυτοκρατορίας και η προτεραιότητα που δίνουν μερικές Δυνάμεις για την τύχη των υπολοίπων αυτής της αυτοκρατορίας, όλα αυτά και ένα πλήθος άλλα που πηγάζουν από τις ίδιες αιτίες, κάνουν τους Έλληνες να αισθάνονται ότι σε λίγο η τύχη τους θ’ αλλάξει κι ότι μια μέρα θα μπορέσουν ν’ αποκτήσουν δική τους πατρίδα και να ζήσουν - χωρίς να κοκκινίζουν και χωρίς να τρέμουν - με τιμιότητα και ασφάλεια.
Η ιδέα αυτή είναι η μόνη που κυριαρχεί τώρα στο πνεύμα και στις καρδιές των μορφωμένων Ελλήνων. Και με βάση αυτήν την ιδέα κάνουν ό,τι μπορούν για να διαπαιδαγωγήσουν τους συμπατριώτες τους και να τους εισάγουν στον κόσμο και στην ανθρώπινη εμπειρία.
1. Πρώτη μετάφραση του υπομνήματος αυτού δημοσιεύθηκε το 1973. (Γ. Ιωαννίδου - Μπιτσιάδου - Βαλκανική Βιβλιογραφία, τόμ. Λ' συμπλήρωμα-Θεσσαλονίκη, Ι.Μ.Χ.Α.,1973, σσ 279 -310). Η μετάφραση αυτή εγινε από τα ρωσικά στα οποία ο Αρς είχε μεταφράσει το γαλλικό πρωτότυπο. Προτιμήσαμε τη μετάφραση του Περικλή Ροδάκη (περ. ΤΟΤΕ, τευχ. 8, σελ. 621) που εγινε από το γαλλικό πρωτότυπο.
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Απόψεις αυτού του μνημονίου
Από την άποψη αυτή, προτίθεμαι να παρουσιάσω στη Μεγαλειότητά σας, την πραγματική κατάσταση του ελληνικού λαού. Ο λαός αυτός φαίνεται άξιος της προσοχής της αυτοκρατορικής σας κυβέρνησης. Η Αγγλία και η Γαλλία ενδιαφέρονται για το θέμα αυτό. Κάνουν θυσίες για να λύσουν ευνοϊκά γι’ αυτές το πρόβλημα. Η Ρωσία χρειάζεται απλώς να διατηρήσει την ευεργετική της επιρροή.
Τα στοιχεία, που συγκεντρώθηκαν με προσοχή, αποτελούν τη βάση αυτού του μνημονίου. Τολμώ να τα υποβάλλω στη φωτισμένη κρίση της Μεγαλειότητάς σας, με σκοπό να εκπληρώσω, από τη μία το καθήκον του πιστού υπηρέτη της Ρωσίας και από την άλλη το καθήκον του πολίτη, που είναι προοδεμένος σταθερά στην τίμια υπόθεση της πατρίδας του.
I. Η ΠΡΑΓΜΑΤΙΚΗ ΚΑΤΑΣΤΑΣΗ ΤΩΝ ΕΛΛΗΝΩΝ ΣΤΗΝ ΤΟΥΡΚΙΑ ΚΑΙ ΣΤΙΣ ΑΛΛΕΣ ΧΩΡΕΣ
Τί παρουσιάζουμε
Σ’ αυτό το κείμενο παρουσιάζουμε, από στατιστική πλευρά, το αριθμητικό μέγεθος αυτού του λαού, την κατάστασή του, την απασχόληση και την παιδεία του, καθώς και τις δυνάμεις του κι από ηθική άποψη, το γενικό χαρακτήρα του ελληνικού λαού και τα ιδιαίτερα γνωρίσματα όλων εκείνων που ασκούν πάνω σ’ αυτόν κάποια επιρροή.
Πηγές πληροφοριών
Για να συντάξω αυτήν την ανασκόπηση, έχω μελετήσει από πολύ καιρό τα γεγονότα και τη γενική πείρα, αλλά συμβουλεύτηκα και τους πιο μορφωμένους συμπατριώτες μου. Ίσως το στατιστικό μέρος να είναι κάπως υπερβολικό, γιατί στην Ελλάδα δεν είναι δυνατό να πάρει κανείς στοιχεία, ούτε με επιτόπια έρευνα, ούτε από τις διοικητικές αρχές. Πάντοτε πρέπει να αναφέρεται κανείς στις μαρτυρίες και στις γνώμες των άλλων.
II. ΟΙ ΕΛΛΗΝΕΣ ΣΤΗΝ ΤΟΥΡΚΙΑ
Διασπορά του πληθυσμού
Οι Έλληνες στην Τουρκία αποτελούν πληθυσμό εννέα εκατομμυρίων, το μεγαλύτερο μέρος του οποίου ζει στο χώρο της αρχαίας Ελλάδας, ενώ οι υπόλοιποι είναι διασπαρμένοι σ’ όλες σχεδόν τις εμπορικές επαρχίες της Οθωμανικής Αυτοκρατορίας.
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- Κώστα Δαφνή, Προλογικό σημείωμα
- Μέρος Α΄, Το Καποδιστριακό Αρχείο Κερκύρας - Κατάλογος
- Μέρος Β΄, Ελληνικά κείμενα του Καποδίστρια - Υπομνήματα και επιστολές
- Μέρος Γ΄, Ο Καποδίστριας Κυβερνήτης. Η πρώτη πρόσκληση - Η συνθήκη της 6ης Ιουλίου 1827 - Οι πρώτες ενέργειες - Ανάληψη καθηκόντων
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- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄, 1986
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Η΄, 1987
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄, 1983
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DES GRECS EN TURQUIE
Dénombrement de la population
Ils composent une population de neuf millions, dont la plus grande partie est domiciliée dans l’ancienne Grèce, et le reste est répandu sur presque toutes les provinces commerçantes de l’Empire Ottoman.
Son caractère général
Le peuple conserve partout son caractère originaire, sa religion, sa langue, ses moeurs et cette supériorité morale que son génie lui accorde sur les Turcs.
Sa division en classes
Il est un peu difficile de bien classer cette population dans ses divers ordres. Les sujets turcs n’ont point d’état civil. Cet état qui dérive de la fortune, de la naissance et de l’éducation, c’est un secret pour les Grecs qu’ils doivent garder très soigneusement entre leurs parois domestiques.
Cependant, on peut les distinguer en quatre classes. La première embrasse les propriétaires et la noblesse, la seconde - le clergé et les savants, la troisième - les négociants et les marins, la quatrième - les laboureurs et les hommes qui ne connaissent que le métier des armes.
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PROPRIÉTAIRES
Il n'y a que de petites propriétaires et pourquoi?
Presque tous les Grecs en Turquie ont des petites propriétés en terre. Presqu’aucun n’en a de grandes. Avant la première guerre russe, il y avait en Morée et dans les provinces ottomanes de la mer Noire des seigneurs dont la fortune était très considérable. Ils ont montré trop de dévouement aux intérêts de la Russie, et la persécution turque réduisit quelques uns de ces seigneurs à la misère et d’autres à la nécessité de s’expatrier.
Principe des maisons de commerce
Dès lors les Grecs furent obligés à renoncer aux grandes propriétés foncières.