Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Δ΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Δ΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Κώστας Δαφνής
 
Έτος έκδοσης:1984
 
Σελίδες:364
 
Θέμα:Ο Καποδίστριας στην Ελβετία
 
Τοπική κάλυψη:Ελβετία
 
Χρονική κάλυψη:1813-1814
 
Περίληψη:O τέταρτος τόμος του ΑΡΧΕΙΟΥ ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑ καλύπτει, την αποστολή του Καποδίστρια στην Ελβετία το 1813-1814, που είχε για στόχο την απόσπασή της από τη γαλλική κηδεμονία και την ενότητα και ειρήνευση της χώρας, που θα εξασφάλιζε ένα Σύνταγμα κοινής αποδοχής. Ο Καποδίστριας πέτυχε στην αποστολή του αυτή και η επιτυχία απέσπασε την εκτίμηση και την εμπιστοσύνη του Αυτοκράτορα της Ρωσίας και άνοιξε το δρόμο για τη μετέπειτα λαμπρή σταδιοδρομία του.
 
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Εμφανείς σελίδες: 273-292 από: 454
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vais, mais je pense que tout mauvais qu’il est, si vous le voulés tous de bonne foi, et qu’il ne soit pas simplement un papier écrit, encore marchera t’il de manière à vous sauver, car c’est les hommes plus que les Constitutions qui sont l’affaire importante dans le gouvernement. Seulement icy je vous observe qu’au moment où vous l’avés contracté, vous commencés à le mettre de côté. Croyés vous que ce soit un moyen de le consolider». La dessus il s’est étendu sur l’affaire du Tessin, sur le projet de la Commission d’établir un gouvernement provisoire dans la Levantine, il a dit que l’ayant appris par M. Zellweger, il n’avoit pu qu’en être scandalisé et le faire connoitre; qu’on avoit sans doute fait quelque changement, mais qu’on laissoit voir qu’on ne marchoit pas réellement dans le sens de l’acte fédéral. Il a fait sentir que de cette manière d’agir résultoit la continuation des troubles de S. Gall, qu’on croyoit favoriser par là Schwitz et Glaris, et qu’on pourroit bien arriver à un terme au quel on ne s’attendoit pas, de favoriser l’Abbé de S. Gall. Il a pris occasion de là de s’expliquer sur le statu quo, et a demandé si on entendoit par là l’état dans lequel chaque pays se trouvoit, et ainsi l’anarchie du Tessin; que ce statu quo ne pouvoit être que l’établissement de l’ordre constitutionnel, et qu’il ne pouvoit en résulter aucun inconvénient pour les prétentions des autres cantons, puisqu’il étoit décidé qu’on les mettroit également en règle.1 Il a conclu par dire, qu’on pouvoit se faire des idées differentes sur le sistême de l’emp(eur)r de Russie, mais qu’il etoit impossible de ne pas reconnoitre, qu’il étoit complètement desintéressé dans les affaires de la Suisse, et que Son unique but en s’en mêlant étoit son bonheur, qu’il ne savoit si on pouvoit en dire autant des autres Puissances. Quant à lui il ne cacheroit pas que personnellement il avoit dû être vivement affecté de la manière dont avoient été reconnus Ses efforts, qu’il n’en portoit pas moins le plus sincère intérêt à la Suisse, et qu’on pouvoit être sûr qu’il n’auroit pas d’autres vue dans ce qu’il pourroit avoir à dire à l’Empereur, que cependant il devoit lui rendre un compte fidèle de ce qui s’étoit passé, mais qu’il ne tiendroit pas à lui que dans ce moment qu’on pouvoit regarder comme une des crises les plus importantes dans les quelles se soit jamais trouvé ce pays, le résultat ne fut heureux pour elle, et ne satisfit, autant que possible, les partis qui la divisent.

1. Ce passage, depuis «Il a pris occasion...» est rajouté dans la marge et ne figure pas dans les Mémoires.

2. Le nom de Reinhard est rajouté en suscription, d’une autre encre; dans ses Mémoires, Monod rectifie «Le bourgmestre Escher», ce qui doit être plus exact, si nous nous référons à la première phrase de ce texte (et à la lettre que Capodistrias écrivait à Paul Usteri le 21 septembre, où il faisait allusion au départ de Reinhard pour Vienne). Nous pouvons en déduire que Monod n’a guère plus d’estime pour l’un que pour l’autre !

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Μ. le bourgmestre [Reinhard]2 a repondu par des remerciements, des recommandations, et en général d’une manière assés insignifiante.

M. de Mül(inen) [en surcharge: de Mülinen] en disant qu’on ne pouvoit tout à fait disconvenir de la vérité du tableau a ajouté que p(ou)r arriver à une heureuse issuë, il étoit absolument nécessaire de donner quelque satisfaction aux anciens Cantons, il a parlé des obligations que leur avoit la Suisse qui leur devoit son existence, des sacrifices qu’ils avoient fait, ou qu’on leur avoit arraché, et dont il étoit indispensable de les dédommager, si on vouloit établir quelque chose de stable en Suisse. Un autre objet, a t’il dit, eût encor été nécessaire à ce but, il eût fallu que les Constitutions et l’esprit du gouvernement des nouveaux Cantons se fussent plus rapprochés de ceux des anciens Cantons, que malheureusement il y avoit dans ceux là une tendance à une espèce de propagandisme qui menaçoit toujours la tranquillité intérieure.

M. But(timann) [en surcharge] a appuyé M. De Mül(inen); d’ailleurs il a parlé du statu quo, et a convenu qu’il falloit le maintenir, mais que cependant il étoit à souhaiter qu’on le fît de manière à ménager d’anciens Cantons comme Schwitz et Unterwald, dont ils connoissoit les têtes, que le maintien du statu quo n’excluoit pas la prudence.

M. de C. a répondu à cela, que sans doute on devoit aviser ces Cantons que l’organisation de S. Gall ne nuiroit en rien à leurs droits, mais que la tranquillité exigeoit que cette organisation eût lieu, et qu’on devoit l’établir. Que si après cette explication, ces Cantons étoient raisonnables, tout seroit fini, que s’ils ne l’étoient pas, il falloit bien les convaincre qu’on ne se laisseroit pas detourner par des criailleries et des menaces.

M. Heer a dit que quant à son Canton [Glaris], il resteroit tranquille sur l’assurance qu’on lui donnoit; qu’il etoit à desirer que le Canton de S. Gall voulut déclarer officiellement que la mise à exécution de sa Constitution ne nuiroit en rien aux prétentions des autres Cantons sur les parties de Son territoire, au moyen de quoi il esperoit que cela tranquilliseroit Schwitz.

M. M(onod) a témoigné qu’il ne pouvoit disconvenir de la vérité du tableau tracé par M. le Cte de C., s’il avoit essuyé quelque peine dans Sa mission, il devoit croire que ce n’etoit ni à son Canton, ni à sa deput(atio)n qu’il falloit l’attribuer, ayant toujours suivi la route qu’ils s’étoient tracée dès le commencement. Ainsi que M. de M(üline)n l’avoit dit, il croyoit que l’union de la Suisse tenoit essentiellement à deux choses, la décision des prétentions elevées par quelques Cantons, et la Constitution de quelques uns. Quant aux prétentions, par les quelles on demandoit que les anciens Cantons fussent satisfaits, pour les apprécier je prévis d’abord qu’on voulut se reporter en arrière. En Xe [=décembre] un seul Canton en avoit formé; tous les autres les avoient

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repoussées, deux des membres qui étoient présents eux mêmes, j’en attestois le décret du 21 Xe [décembre]. Ainsi pour tous ces Cantons excepté un, loin qu’on formât des prétentions, on les repoussoit. Qu’étoient en effet des prétentions de territoire pour les Cantons Démocratiques? Bien qui leur fut utile, puisqu’ils ne vouloient et ne pouvoient pasréta blir de bailliages. Il ne restoit donc que les prétentions de Berne, à cet égard je demandois s’il etoit question de rétablir Berne ce qu’il etoit avant la révolution, que la chose étoit impossible, que Berne même en convenoit. On ne pouvoit donc rétablir, comme dans le 12e ou 13e, lorsque les campagnards étoient serfs, une Bourgeoisie Souveraine, se partageant des bailliages et les revenus de ces campagnes. En ce cas, qu’étoit-ce que ces indemnités qu’on réclamoit pour de toutes autres personnes, et un tout autre ordre de choses? Il ne s’agissoit plus icy de l’ancien Canton de Berne qui n’existoit et ne pouvoit plus exister. Si d’un autre côté on faisoit attention que ces indemnités demandées pour ce prétendu ancien Canton etoient de l’argent, et à ce qu’il paraissoit, de fortes sommes reclamées de nos Cantons, qui les rendroient tributaires pendant plusieurs années de Berne, et ecraseroient nos Peuples p(ou)r faire un trésor à Berne, et faire regretter Son gouvernement à nos gens, je demandois si on pensoit par là rendre la tranquillité et la concorde à la Suisse. Quant à nos Constitutions et à l’esprit de nos gouvernements, je ne croyois pas que cy-devant les anciens Cantons eussent eû à se plaindre des nouveaux, que nous avions eû des relations agréables avec Berne, que nous étions restés tranquilles chez nous sans avoir l’idée de faire envier notre sort à nos voisins, que s’ils l’avoient envié par la comparaison, ce n’etoit pas notre faute; qu’à la vérité nous ne pensions qu’au bien être du Peuple, et que le mal etoit qu’il y avoit des anciens Cantons où, s’il y avoit des Magistrats qui sans doute le vouloient aussi, la pluspart des autres ne pensoient qu’à celui de leur famille. Qu’au surplus notre Constitution reformée nous rapprochoit d’avantage des anciens Cantons, et qu’encor sur ce point je ne voyois rien dans ses principes qui puissent [sic] nuire à l’union des Suisses. J’ai ajouté quant au statu quo, que ce qui s’étoit passé à ce sujet en Diète m’avoit singulièrement étonné, que la difference mise entre le Canton du Tessin à cet égard et celui de Soleure etoit frappante, qu’on ne rappelleroit pas la confiance de cette manière, ni la tranquillité en Suisse, ne doutant pas qu’elle n’ait tenu dans plusieurs Cantons, parce que l’on ne doutoit pas que le décret du statu quo fut observé, mais que si on voyoit biaiser là dessus, on pourroit voir le désordre naître de différents côtés.

M. de M(ülinen) a repris pour prouver l’intérêt que Berne avoit à la reünion de l’Argo vie, — vû que 1’Oberland lui coûtant au lieu de lui rapporter, le reste du Canton se trouveroit soulagé par la réünion de l’Argovie. Quant à Vaud il etoit sans doute

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question d’argent, mais c’étoit pour des propriétés qu’y avoit possédé Berne comme particulier, non comme Souverain; d’ailleurs Vaud auroit sûrement aussi ses réponses et ses observations, et les arbitres n’admettroient que ce qui seroit juste.

Dans ses Mémoires, Monod transcrit son intervention en gardant le dernier mot; alors que Müllinen, très têtu, semble avoir repris la parole et conclu en se rapportant à l’arbitrage.

Le commentaire que Monod ajoute dans ses Mémoires est clairvoyant:1

Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que ce qui fut dit dans cette conférence développe assez clairement et fort succinctement la cause des divisions de la Suisse, et ce qu’il y avait à dire pour et contre, en un mot tout le procès. On ne me répliqua rien. Le résultat de l’assemblée ne fut pas moins celui de toutes les autres, des paroles perdues, verba atque voces, praetereaque nihil. Chacun persista dans son système, et Capo d’Istria partit pour Vienne nous abandonnant à toutes les passions qu’engendre l’esprit de parti, et à la discorde qui, sans la crainte de l’étranger, eût dès longtemps dégénéré en guerre civile.

Ce ministre, la veille de son départ, voulut bien me communiquer les instructions que, d’après les ordres de l’empereur, il laissait à son secrétaire, le baron de Krüdener, qui restait en son absence chargé des affaires de Russie. Il me lut de plus la lettre qu’il avait écrite à Canning qui restait proprement le seul faiseur, ce qui ne nous arrangeait pas trop. Tout ce qu’il me montra se trouvait tellement d’accord avec nos intérêts que c’était proprement ce que nous avions toujours demandé. Il était fâcheux qu’on ne se fût pas prononcé plus tôt d’une manière aussi positive.

Ces directives, Monod les a couchées sur le papier immédiatement après l’entretien:2

Ce qui se passa dans une réunion de députés chez M. de Capo d’Istria à Zurich lors de son départ pour le Congrès de Vienne.

Le 26 septembre 1814, le soir, M. le comte de Capo d’Istria m’a fait lecture de la lettre qu’il avait écrite à M. Canning pour prendre congé, et des instructions qu’il a laissées à M. le baron Krüdener.

Dans la lettre, après des compliments, il dit que M. Krüdener n’est pas autorisé à signer des notes et communiquer officiellement, mais confidentiellement, et que M. Canning est prié

1. Monod, op. cit., t. II, p. 293-294.

2. ibidem, p. 433. Annexe LXXV, Note de Monod sur un entretien avec Capodistrias (26 septembre 1814).

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de donner, lorsqu’il le jugera à propos, des notes au nom de M. de Capo d’Istria, après que M. Krüdener y aura consenti en se conformant aux instructions qu’il lui laisse.

Dans les instructions à M. Krüdener communiquées à M. Canning sont développés les principes à suivre relativement à la Diète et aux cantons en particulier d’après les ordres de l’empereur. Relativement à la Diète: s’opposer à tout ce qui pourrait porter atteinte à l’existence des XIX Cantons et préjuger sur leurs limites; favoriser tout ce qui peut tendre à les maintenir. Relativement aux cantons: s’opposer à tout ce qui peut tenir au système des privilèges, de la souveraineté des bourgeoisies, d’inégalité des individus aux yeux de la loi; favoriser le système représentatif et les principes libéraux. Passant à l’état de la Suisse et à l’application de ces principes, il est observé que Lucerne et Soleure ont modifié leur système tant bien que mal d’après ce qui a été posé, au moyen de quoi ces cantons jouissent de quelque espèce de tranquillité. Berne et Fribourg au contraire ne l’ont pas fait et éprouvent des craintes. Il faudra soutenir ceux qui demandent des corrections à Fribourg, exiger l’abolition du patriciat, la représentation de la campagne pour un tiers; s’opposer à l’influence de Berne et l’engager à changer de système, par insinuation si possible, sinon par autorité. Le Tessin et Saint-Gall: favoriser tout ce qui sera adopté pour y rétablir l’ordre et y mettre en vigueur la constitution; s’opposer à tout ce qui serait contraire et tendrait à en détacher des parties, jusqu’à ce qu’il ait été prononcé à ce sujet. Travailler à faire renvoyer le serment.

Dans ses Mémoires, Monod précise enfin:1

La lettre que Capo d’Istria écrivait à Canning lui faisait part des pouvoirs donné à Krüdener, qui ne s’étendaient pas au point de pouvoir signer des notes et communiquer officiellement, mais seulement confidentiellement, et dans tous les cas conformément aux instructions qui lui étaient laissées, dont copie devait acompagner la lettre. Canning au reste ne tarda pas à être lui-même appelé à Vienne et, à son tour, laissa son secrétaire Addington, fils de lord Sidmouth, qui resta accrédité à peu près sur le même pied que Krüdener.

On taxera peut-être de ruse diplomatique la communication que me faisait Capo d’Istria. Mais quel motif pouvait-il avoir à me tromper? Il ne pouvait en résulter aucun avantage pour lui, ni pour son maître. Ce qui suivit d’ailleurs et le rapport qu’il fit à Vienne de l’état de la Suisse prouvent la sincérité de l’ouverture qu’il me fit. Si l’on me demande dans quel but il me la fit, je ne doute pas que ce ne fut à raison de l’espèce de reproche qu’il se faisait de n’avoir pas terminé nos affaires comme il l’au-

1. ibidem, p. 294-295.

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rait pu, ainsi qu’il en avait convenu avec moi. Il voulait, par sa franchise actuelle, me témoigner en quelque sorte le regret qu’il avait de sa précédente erreur.

Ce dernier passage traduit bien les jugements très différenciés que portent les notables suisses à l’époque sur le ministre russe. En dernier lieu, nous constatons que Capodistrias est parfaitement conscient au moment de son départ que les points névralgiques en Suisse restent Berne, Fribourg, le Tessin et Saint-Gall.

Conclusion

Au terme de ce travail, nous sommes embarrassée de porter un jugement arrêté sur l’œuvre en Suisse de l’homme d’Etat corfiote, ministre du tsar. Nous constatons qu’il s’est passionné pour sa mission; qu’il a fait preuve, dans l’exercice de sa charge, d’une persévérance, d’une perspicacité et d’une puissance de travail peu communes; qu’il a pris très à cœur la mise au point d’un pacte qui conviendrait à cette Confédération d’Etats jaloux de leurs prérogatives, mais qu’il n’a pas réussi à imposer son projet du 20 mai 1814, lequel aurait beaucoup mieux convenu à un Etat du XIXe siècle que celui qui fut adopté.

Il a été honni par les partis extrémistes, le démocratique et plus encore 1’ aristocratique. Mais son œuvre a été appréciée des esprits plus modérés: n’oublions pas que Lausanne et Genève lui offriront en 1816 la bourgeoisie d’honneur. Dans le Pays de Vaud, l’idée en avait germé dès le passage de Capodistrias dans ce canton; à Genève, c’est plutôt pour les services rendus et l’appui constant que Capodistrias apportera à Pictet de Rochemont au Congrès de Vienne que cette distinction lui sera offerte.

Nous retrouvons constamment sous sa plume les termes de «principes libéraux» et de «libéralisme». Mais ce libéralisme nous semble la copie conforme de celui que professe le tsar jusque vers 1815. Nous sommes frappée d’y trouver très souvent les formules chères aux physiocrates et liées au despotisme éclairé; c’est dire que Capodistrias nous paraît disciple surtout de Voltaire, et fort peu de Rousseau. Il est vrai que le seul système républicain fonctionnant normalement à son époque est celui des Etats-Unis d’Amérique et que le pouvoir y repose entre les mains d’une élite intellectuelle et de gens fortunés, et n’est guère démocratique. Et c’est probablement cette prudence extrême de Capodistrias qui provoque une certaine déception chez les libéraux suisses, qui de plus sont déroutés de le voir si à l’aise chez les aristocrates;

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en effet, de par ses origines sociales, il se sent plus d’affinités avec Reinhard, Fellenberg ou Pictet de Rochemont qu’avec Usteri ou même Monod.

Dans ce climat exacerbé par les passions politiques, son souci de conciliation, son opiniâtreté à rapprocher les points de vue forcent l’admiration; mais sa grande souplesse d’esprit, qui lui permettait de faire face aux situations les plus complexes et d’aborder les interlocuteurs les plus divers, a pu paraître — à tort — suspecte à certains. Et pourtant, les contemporains ont été les premiers à reconnaître que, dans l’atmosphère dramatique du moment, seule une intervention étrangère et désintéressée pouvait être efficace. Capodistrias est le seul des ministres étrangers à être resté en poste de novembre 1813 à septembre 1814 et il a incontestablement exercé l’influence la plus déterminante. Pendant tout le Congrès de Vienne, il continuera sans répit à œuvrer en faveur de la Suisse et il semble que, le temps aidant, le sentiment des difficultés rencontrées au cours de sa mission et des vexations subies s’atténuera et qu’il gardera de son séjour un souvenir heureux.

Faute de compétence, nous laissons aux historiens grecs le soin de juger en quoi le travail accompli dans l’organisation de la République des îles Ioniennes a influencé le régime des constitutions suisses; et surtout nous leur laissons le soin d’étudier en quoi les principes appliqués par Capodistrias en Suisse en 1814 ont été repris dans l’organisation de la Grèce en 1827. Maisentre-temps, treize ans avaient passé, marqués par la disparition de toute trace de libéralisme en Russie, par l’influence du piétisme, la prépondérance du système de Metternich et l’échec des révolutions libérales en Europe occidentale. Et en Suisse même, les premières attaques portées contre le régime si laborieusement mis en place en 1814-1815, ne pouvaient que décourager le Président élu de la Grèce de s’en inspirer !

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ΤΑ ΚΕΙΜΕΝΑ

LES DOCUMENTS

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE no 574, f. 6-7. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Lettre de Lebzeltern et Capodistrias au landamman Reinhard, datée de Schaffhouse, 15 novembre 1813.

Schaffhouse le 15 Novembre 1813

Monsieur

Le profond intérêt que nos Souverains respectifs vouent à la République Helvétique et Leur désir de ne compromettre aucunement la situation personnelle de Vôtre Excellence et celle du Gouvernement, ont déterminé Leurs Majestés l’Empereur d’Autriche et l’Empereur de toutes les Russies à nous envoyer près de Votre Excellence dans le plus strict incognito possible et sous le nom de négocians.

Nous venons d’apprendre ici que le Ministre d’Autriche Baron de Schraut est à Berne et nous avons pris la résolution d’aller le trouver; elle est dictée par des motifs de pure délicatesse, qui n’échapperont assurément pas à la pénétration de Votre Excellence et qui Lui offriront une preuve des intentions et des ménagemens de Nos Augustes Maîtres envers le Gouvernement Helvétique. Cependant, comme l’objet de notre mission pourroit être étroitement lié avec les affaires sur lesquels la Diette délibère actuellement, nous avons cru de notre devoir de ne point laisser ignorer à Votre Excellence notre arrivée; elle pourroit être intéressante à ces délibérations dans les momens importane où il s’agit sans doute de fixer une attitude dont doit dépendre le bonheur futur de la Suisse: bonheur, qui fait l’objet des sollicitudes de nos Gouvernemens respectifs.

Vôtre Excellence peut être persuadée que nous userons la plus grande circonspection pendant notre séjour ici et il dépendra d’Elle de tenir cette démarche dans toute la réserve qu’Elle jugera convenable.

Veuillez agréer Monsieur les assurances de nos sentimens de haute considération.

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Le Consr Aulique actuel de S.M. l’Empereur d’Autriche Chevr de Lebzeltern sous le nom de Louis Leipold

Le Conseiller d’Etat Actuel de S.M. L’Empereur de toutes les Russies Comte Capodistria sous le nom de Jean Conti

De la main de Lebzeltern. Titre et signature de Capodistrias autographes.

Une copie de cette lettre est conservée aux Archives d’Etat de Genève (AEG, ms hist. 45, f. 6); elle a été publiée par W. Martin, op. cit., p. 40-41. Elle est précédée d’une lettre de Capodistrias à Nesselrode justifiant le détour de Berne, datée de Berne, 5/17 novembre 1813 (AEG, ms hist. 45, no 1034, publiée également par W. Martin, op. cit., p. 40): [...] «Manquant de toutes les notions relatives aux personnes qui composent le gouvernement et la Diète suisses et comptant infiniment sur les renseignements que M. de Schraut nous aurait procurés, nous avons pris la résolution de poursuivre notre voyage jusqu’à Berne. Pour mettre, en attendant, à profit ce temps précieux et dans l’espoir de paralyser les délibérations dont la Diète s’occupait, nous avons jugé convenable d’adresser à M. le Landamman la lettre dont j’ai l’honneur de transmettre à V.E. une copie.»

Επιστολή του Lebzeltern και του Καποδίστρια, από το Σαφχάουζεν, με ημερομηνία 15 Νοεμβρίου 1813, προς τον λάνταμμαν* Reinhard. Τον πληροφορούν ότι τους έστειλαν στην Ελβετία οι ηγεμόνες τους, ότι έφτασαν ινκόνιτο με το όνομα μεγαλεμπόρων και ότι θα πάνε πρώτα στη Βέρνη να συναντήσουν τον πρεσβευτή της Αυστρίας βαρώνο Schraut. Επειδή όμως η αποστολή τους συνδέεται με τις συζητήσεις στη Δίαιτα* και τη μελλοντική τύχη της Ελβετίας, θέλησαν να ειδοποιήσουν σχετικά τον λάνταμμαν· τον διαβεβαιώνουν ότι θα ενεργήσουν με περίσκεψη.

2

ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, ΚΕ no 574, f. 12-13. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Accusé de réception de Capodistrias à une communication du landamman Reinhard. Zurich, 26 novembre 1813.

Zuric, 26 Novembre 1813

Le Soussigné s’empressera de faire perpenir [sic] incessamment à Monsieur le Comte de Nesselrode, Secrétaire d’Etat de Sa Majesté l’Em-

* Οι λέξεις που σημειώνονται με αστερίσκο εξηγούνται παρακάτω σελ. 428.

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pereur de toutes les Russie, la lettre dont Son Excellence Monsieur le Landammann de la Suisse a bien voulu Lui donner connaissance par sa note du 25. du courrant.

Les expressions obligeantes que Son Excellence Monsieur le Landammann a bien voulu y ajouter touchant le personnel du Soussigné, intéressent toute sa sensibilité et toute sa reconnaissance particulière. Il prie Son Excellence d’agréer ces sentimens ainsi que l’assurance de sa plus haute considération.

Le Comte Capodistrias

A Son Excellence Monsieur le Landammann de la Suisse.

Disposé sur une colonne à droite de la page. Main d’un secrétaire. Signature autographe. Au-dessus de la date, adjonction d’une écriture différente: «27. 9bre 1813 ad acta».

Cette lettre est la réponse à une note du landamman datée de Zurich, 25 novembre 1813, où Reinhard se félicite d’avoir à traiter les objets importants de la mission des ministres des cours alliées «avec une personne aussi distinguée que Mr le Comte Capodistrias». Cette note et la réponse de Capodistrias sont transmises à Nesselrode en annexe (addendum 3 au n° 1037) du rapport de Capodistrias à Nesselrode du 28 novembre 1813 (copie aux Archives de Petrograd). Il existe aux Archives de Vienne une lettre en termes identiques à l’adresse de Lebzeltern.

O Καποδίστριας γνωστοποιεί στον λάνταμμαν Reinhard (Ζυρίχη, 26 Νοεμβρίου 1813) ότι έλαβε το σημείωμά του της 25ης Νοεμβρίου —στο οποίο ο Reinhard εκφράζει τη χαρά του ότι θα συνεργαστεί με τον Καποδίστρια, εναν τόσο διακεκριμένον άνδρα, σε θέματα μεγάλου ενδιαφέροντος για την Ελβετία— και τον ευχαριστεί για τα καλά του λόγια. Το σημείωμα αυτό ο Καποδίστριας το διαβιβάζει στον προϊστάμενό του Nesselrode.

2a

BIBLIOTHÈQUE CANTONALE ET UNIVERSITAIRE, Lausanne, Fonds Monod, Km 22. 6. Correspondance entre Capodistrias et Henri Monod.

Billet de Capodistrias à Henri Monod, du 27 novembre [1813].

Le Comte Capodistria remercie Monsieur de Monod de la peine qu’il a bien voulu se donner. Il sera enchanté d’avoir l’honneur de le voir demain entre 10, et 11 heures du matin.

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Il saisit cette occasion pour le prier d’agréer l’assurance de Sa parfaite Considération.

Le 27. novembre

À Monsieur Monsieur de Monod chez Lui

Billet autographe, sur papier petit format. L’adresse est inscrite au verso, d’une autre main.

Classé en 1814, ce billet est en fait de 1813.

Σημείωμα του Καποδίστρια στον Henri Monod, με ημερομηνία 27 Νοεμβρίου [1813]. Του προτείνει να συναντηθούν την άλλη μέρα στις 10 με 11 το πρωί.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE n° 574, f. 15. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Accusé de réception de Capodistrias à une communication du chancelier Mousson. Zurich, 29 novembre 1813.

Le Comte Capodistria à l’honneur de remercier Monsieur Mousson Chanchelier de la Confédération Suisse de l’attention obligeante avec la quelle il a bien voulu lui communiquer le decret du 26 novembre qui révoque ceux rendus en 1811, et 1812, au sujet du commerce des marchandises coloniales. Il prie Monsieur le Chanchelier d’agréer à cette occasion l’assurance de sa considération très distinguée.

Zurich le 17/29 Novembre 1813

A Monsieur de Mousson Chanchelier de la Confédération Suisse

Lettre entièrement autographe.

Ο Καποδίστριας ευχαριστεί (Ζυρίχη, 29 Νοεμβρίου 1813) τον καγκελάριο της Ελβετικής Συνομοσπονδίας Mousson για την ανακοίνωση σχετικά με την ανάκληση των διαταγμάτων της Δίαιτας που εκδόθηκαν το 1811 και το 1812 και που αφορούν το εμπόριο των αποικιακών προϊόντων.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE n° 574, f. 20. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Accusé de réception de Capodistrias au landamman Reinhard. Zurich, 29 novembre 1813.

Zurich le 17/29 Novembre 1813

Le soussigné félicite la Diète, et le Gouvernement de la Suisse de la nomination, et du prochain départ de la Légation extraordinaire qui va se rendre au quartier général de Sa Majesté 1’Empereur de toutes les Russie s.

Les Personnages qui la composent sont un garant de la faveur qu’Elle trouvera auprès du Ministère Impérial, ainsi que des services importane qu’Elle rendra à Sa Patrie.

Le Soussigné s’est fait un devoir bien agréable d’informer Son Excellence Monsieur le Comte de Nesselrode des communications que Son Excellence Monsieur le Landammann a bien voulu lui faire par sa note du 28 du courant, et dont il a l’honneur de le remercier particulièrement.

Il saisit cette occasion pour prier Son Excellence d’agréer l’assurance de Sa très haute Considération.

le Comte Capodistrias

A Son Excellence Monsieur de Reinhard Landammann de la Suisse

Billet disposé sur la colonne de droite, d’une autre écriture. Signature autographe. Au haut du document, adjonction d’une main étrangère: «29 Nov!>re 1813».

Sous la même cote, au f. 18, on trouve un accusé de réception de Lebzeltern sur le même objet, daté de Zurich, 29 novembre 1813.

Ο Καποδίστριας πληροφορεί (Ζυρίχη, 29 Νοεμβρίου 1813) τον λάνταμμαν Reinhard ότι χαίρεται που μαθαίνει την επικείμενη αναχώρηση έκτακτης αποστολής της Δίαιτας για το στρατηγείο του αυτοκράτορα της Ρωσίας και εγκρίνει ανεπιφύλακτα την εκλογή των μελών της.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE n° 574, f. 27. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Accusé de réception de Capodistrias au landamman Reinhard concernant le rappel des régiments suisses. Zurich, 17 décembre 1813.

Zurich le 5/17 Xmbre 1813

Le soussigné se fera un devoir de transmettre incessament à Son Excellence Monsieur le Comte de Nesselrode Secretaire d’Etat de Sa Majesté de toutes les Russies copie de la note que Son Excellence Monsieur le Landamman de la Suisse lui a fait l’honneur de lui adresser relativement au rappel des Regimens suisses qui se trouvent au service de France.

Il saisit cette occasion pour prier Son Excellence Monsieur le Landamman d’agréer l’assurance de sa plus haute Considération.

Le Comte Capodistrias

A Son Excellence Monsieur le Landamman de la Suisse.

Billet disposé sur la colonne de droite; main d’un secrétaire. Signature autographe.

Au f. 22, accusé de réception de Lebzeltern sur le même objet, daté de Zurich, 15 décembre 1813.

Ο Καποδίστριας γνωστοποιεί (Ζυρίχη, 17 Δεκεμβρίου 1813) στον λάνταμμαν Bernhard ότι ενημερώθηκε για την απόφαση της Δίαιτας ν’ ανακαλέσει τα ελβετικά συντάγματα που υπηρετούν ακόμα στη Γαλλία. Θα διαβιβάσει τη σχετική διακοίνωση στον προϊστάμενό του κόμητα Nesselrode.

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ZENTRALBIBLIOTHEK, Zurich, Lettres à Pestalozzi, collection 49, no 1.

Lettre de Capodistrias à Pestalozzi. Zurich, 18 décembre 1813.

Zurich le 18/6 Xbre 1813.

Monsieur.

J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 14 du Courant pour m’adresser celle que Monsr le Comte Bulgari vous avoit remis pour moi

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Il m’a été très agréable d’apprendre des nouvelles d’un de mes Compatriotes que j’aime et que j’estime.

Je vous prie Monsieur d’agréer mes remercimens de l’attention obligeante que vous avez eue de me les faire parvenir. J’en suis d’autant plus sensible qu’Elle me procure l’avantage de faire votre connoissance. J’en ai conçu l’envïe et senti le besoin du moment que j’ai lu vos œuvres immortelles, et que j’ai été pénétré des principes philantropiques dont vous faites profession.

Ce que je désire le plus c’est de venir vous presenter personnelement l’hommage de mon estime et de mon admiration. Si mon séjour en Suisse doit se prolonger, je ne manquerai pas de m’accorder le plutôt qu’il me sera possible cette jouissance. Elle est véritable parcequ’elle interesse l’esprit autant que le cœur.

Permettez-moi de Vous adresser ma reponse pour Monsieur le Comte de Bulgari et recevez l’assurance de la considération très distinguée avec la quelle j’ai l’honneur d’être

Monsieur.

le très humble et très obéissant Serviteur Le Comte Capodistrias

A Monsieur de Pestalozzi à Yverdon.

Main d’un secrétaire. Salutation et signature autographes.

Επιστολή του Καποδίστρια (Ζυρίχη, 18 Δεκεμβρίου 1813) στον Pestalozzi. Του γνωστοποιεί ότι έλαβε το μήνυμά του και το γράμμα του κόμητα Βούλγαρη που του διαβίβασε. Χαίρεται που έρχεται έτσι σ’ επαφή με τον επιφανή παιδαγωγό· διάβασε και εκτιμά τα έργα του· ελπίζει, αν παραταθεί η διαμονή του στην Ελβετία, να έχει την ευκαιρία να τον επισκεφθεί.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE n° 574, f. 29-30. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Déclaration de Lebzeltern et Capodistrias, adressée au landamman Reinhard. Zurich, 20 décembre 1813.

Les Soussignés viennent de recevoir de leur Cour l’ordre de faire

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à Son Excellence Monsieur le Landamann de la Suisse la déclaration suivante.

La Suisse avoit, depuis des Siècles, joui d’une indépendance heureuse pour elle, utile à ses voisins, nécessaire au maintien d’un équilibre politique.

Les fléaux de la révolution Françoise, les guerres qui depuis vingt ans sappèrent jusques dans ses fondemens la prospérité de tous les Etats de l’Europe, n’épargnèrent pas la Suisse. Agitée dans son intérieur, affoiblie par de vains efforts d’échapper à l’influence funeste d’un torrent dévastateur, la Suisse se vit privée peu à peu des Boulevards essentiels au maintien de son indépendance, par la France qui se disoit son amie.

L’Empereur Napoleon finit par établir sur les débris de la fédération Suisse et sous un titre inconnu jusqu’alors, une influence directe, permanente et incompatible avec la liberté de la République, avec cette liberté antique respectée par toutes les Puissances de l’Europe, avec ce premier garant des rapports de bienveillance, que la Suisse avoit entretenus avec Elles jusqu’à l’époque de son asservissement, avec cette première condition de la neutralité d’un Etat.

Les principes qui animent les Souverains Alliés dans la Guerre actuelle, sont connus. Tout peuple qui n’a pas perdu le souvenir de son indépendance doit les avouer. Les Puissances desirent que la Suisse recouvre avec l’Europe entière la jouissance de ce premier droit des Nations; qu’elle recouvre avec ses anciennes frontières les moyens de la soutenir. Elles ne peuvent admettre une neutralité qui dans les rapports actuels de la Suisse n’existe que de nom.

Les Armées des Puissances alliées en se présentant sur les frontières de la Suisse, comptent n’y trouver que des amis. Leurs Majestés Impériales et Royales prennent l’engagement solemnel de ne pas poser les armes avant que d’avoir assuré à la Suisse les parties que la France en a arrachées. Sans prétention aucune de s’immiscer dans ses rapports intérieurs, Elles ne souffriront pas que cet Etat reste placé sous une influence étrangère. Elles reconnoitront sa neutralité le jour où il sera libre et indépendant et Elles attendent du patriotisme d’une brave Nation, que fidèle aux principes, qui l’ont illustrée dans les siècles passés elle secondera les nobles et généreux efforts, qui réunissent pour une même cause tous les Souverains et tous les Peuples de l’Europe.

Les soussignés en s’acquittant de la présente communication doivent porter à la connoissance de Monsieur le Landamann la Proclamation et l’Ordre du jour, que le Général en Chef de la grande Armée

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alliée publiera au moment de l’entrée de l’Armée sur le territoire Suisse. Son Excellence les trouvera sans doute conformes aux sentimens que Leurs Majestés Impériales et Royales vouent à la Confédération.

Ils ont l’honneur de Lui offrir les assurances de Leurs sentimens de très haute considération.

Zurich, le 20 Décembre 1813

Chever de Lebzeltern Le Comte Capodistria

A Son Excellence Monsieur de Reinhard, Landamann de la Suisse

Texte disposé sur toute la page du f. 29, sur la moitié droite des f. 29^ et 30. L’écriture est vraisemblablement celle de Lebzeltern. Signature autographe de Capodistrias, sous celle de Lebzeltern. En haut à gauche du f. 29, surcharge (probablement de la main de Reinhard): «21 Xbre 1813 accusé réception le 21 dit.»

Cette déclaration est publiée dans les procès-verbaux de la Diète (Abschied 1813-1814, p. 3-4).

Διακήρυξη της 20ής Δεκεμβρίου 1813, υπογεγραμμένη στη Ζυρίχη από τους Lebzeltern και Καποδίστρια, που επιδόθηκε στον λάνταμμαν Reinhard. Οι Σύμμαχοι Ηγεμόνες, διαπιστώνοντας την εξάρτηση από τον Ναπολέοντα και τη Γαλλία στην οποία είχε περιέλθει η Ελβετία κατά την διάρκεια των προηγουμένων ετών, δεν μπορούν να σεβαστούν μιαν ουδετερότητα που υπάρχει μόνο θεωρητικά· ελπίζουν, όταν παρουσιαστούν τα στρατεύματά τους στα σύνορα της Ελβετίας, να βρουν εκεί μόνο φίλους. Σε αντίκρισμα για τη διέλευση των συμμαχικών στρατευμάτων από το ελβετικό έδαφος οι Ηγεμόνες υποχρεώνονται να επιστρέψουν στην Ελβετική Συνομοσπονδία τα εδάφη που προσαρτήθηκαν τα προηγούμενα χρόνια από τη Γαλλία, να μην επεμβαίνουν στις εσωτερικές υποθέσεις της Συνομοσπονδίας και, όταν ξαναβρεί την ελευθερία και την ανεξαρτησία της, να σέβονται την ουδετερότητά της.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, KE n° 574, f. 48. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman de la Suisse, 1813.

Billet de Capodistrias au landamman Reinhard, daté de Zurich, 31 décembre 1813 (dernier document du recueil).

Monsieur le Landamman

En annonçant, à Votre Excellence, mon arrivée, j’ai l’honneur de

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Lui transmettre le paquet ci-joint, et de La prier de vouloir bien m’accorder un entretien dans la journée.

je suis avec la consideration la plus distinguée Monsieur le Landamman De Vôtre Excellence Le très humble, et très obéissant Serviteur Le Comte Capodistrias

Zurich le 31 Xembre 1813

à Son Excellence le Landamman de Reinhard.

Entièrement autographe. En haut à droite, surcharge (main de Reinhard probablement): «2 Janvr 1813» (lire: 1814).

Σημείωμα του Καποδίστρια (Ζυρίχη, 31 Δεκεμβρίου 1813) στον λάνταμμαν Reinhard. Του διαβιβάζει τις επιστολές που έφερε από το Στρατηγείο και του ζητά να συναντηθούν εντός της ημέρας.

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ARCHIVES FÉDÉRALES, Berne, 1983, f. 1-2. Correspondance des Ministres des Puissances alliées avec le Landamman, période 1814-1818.

Note de Lebzeltern et Capodistrias au landamman Reinhard. Zurich, 1er janvier 1814.

A Son Excellence Monsieur le Landammann de Reinhard

Zurich le 1er Janvr 1814

Le moment est venu, où la Suisse se trouve par un concours d’évènemens heureux, appelée à reprendre son rang parmi les nations libres et indépendantes de l’Europe. Les principes qui animent les Puissances alliées ne peuvent qu’être appréciés par un peuple dont le caractère national a résisté à la funeste influence qu’avoit trop long temps exercé sur lui un Gouvernement voisin. C’est ensuite de ces mêmes principes hautement annoncés et constamment suivis, que L.L.M.M. Impériales et Royales fixent plus particulièrement l’attention de la Suisse, sur la nécessité d’amener l’établissement d’un acte constitutionel qui renferme en lui même le principe et la garantie de sa stabilité et qui la préserve

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    vais, mais je pense que tout mauvais qu’il est, si vous le voulés tous de bonne foi, et qu’il ne soit pas simplement un papier écrit, encore marchera t’il de manière à vous sauver, car c’est les hommes plus que les Constitutions qui sont l’affaire importante dans le gouvernement. Seulement icy je vous observe qu’au moment où vous l’avés contracté, vous commencés à le mettre de côté. Croyés vous que ce soit un moyen de le consolider». La dessus il s’est étendu sur l’affaire du Tessin, sur le projet de la Commission d’établir un gouvernement provisoire dans la Levantine, il a dit que l’ayant appris par M. Zellweger, il n’avoit pu qu’en être scandalisé et le faire connoitre; qu’on avoit sans doute fait quelque changement, mais qu’on laissoit voir qu’on ne marchoit pas réellement dans le sens de l’acte fédéral. Il a fait sentir que de cette manière d’agir résultoit la continuation des troubles de S. Gall, qu’on croyoit favoriser par là Schwitz et Glaris, et qu’on pourroit bien arriver à un terme au quel on ne s’attendoit pas, de favoriser l’Abbé de S. Gall. Il a pris occasion de là de s’expliquer sur le statu quo, et a demandé si on entendoit par là l’état dans lequel chaque pays se trouvoit, et ainsi l’anarchie du Tessin; que ce statu quo ne pouvoit être que l’établissement de l’ordre constitutionnel, et qu’il ne pouvoit en résulter aucun inconvénient pour les prétentions des autres cantons, puisqu’il étoit décidé qu’on les mettroit également en règle.1 Il a conclu par dire, qu’on pouvoit se faire des idées differentes sur le sistême de l’emp(eur)r de Russie, mais qu’il etoit impossible de ne pas reconnoitre, qu’il étoit complètement desintéressé dans les affaires de la Suisse, et que Son unique but en s’en mêlant étoit son bonheur, qu’il ne savoit si on pouvoit en dire autant des autres Puissances. Quant à lui il ne cacheroit pas que personnellement il avoit dû être vivement affecté de la manière dont avoient été reconnus Ses efforts, qu’il n’en portoit pas moins le plus sincère intérêt à la Suisse, et qu’on pouvoit être sûr qu’il n’auroit pas d’autres vue dans ce qu’il pourroit avoir à dire à l’Empereur, que cependant il devoit lui rendre un compte fidèle de ce qui s’étoit passé, mais qu’il ne tiendroit pas à lui que dans ce moment qu’on pouvoit regarder comme une des crises les plus importantes dans les quelles se soit jamais trouvé ce pays, le résultat ne fut heureux pour elle, et ne satisfit, autant que possible, les partis qui la divisent.

    1. Ce passage, depuis «Il a pris occasion...» est rajouté dans la marge et ne figure pas dans les Mémoires.

    2. Le nom de Reinhard est rajouté en suscription, d’une autre encre; dans ses Mémoires, Monod rectifie «Le bourgmestre Escher», ce qui doit être plus exact, si nous nous référons à la première phrase de ce texte (et à la lettre que Capodistrias écrivait à Paul Usteri le 21 septembre, où il faisait allusion au départ de Reinhard pour Vienne). Nous pouvons en déduire que Monod n’a guère plus d’estime pour l’un que pour l’autre !