Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄

Title:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
 
Contributors:Δήμητρα Πικραμένου-Βάρφη
 
Date of Publication:1983
 
Pagination:324
 
Subject:Επιστολές προς Εϋνάρδο, Λεοπόλδο του Σαξ Κόμπουργκ και Μιχαήλ Σούτσο
 
Temporal coverage:1829-1831
 
License:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
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Je vous ai longuement écrit par mes précédentes sur tout ce qui concerne l’emprunt; pressé comme je le suis aujourd’hui, je ne puis que me résumer, en vous répétant que, quel que soit l’avenir de ce pays, l’emprunt est une condition sine qua non de son existence.

Les détails que renferment vos dernières lettres sont d’un grand intérêt. Ils me donnent des notions qui me mettent en état de comprendre beaucoup de choses, et je vous en remercie infiniment.

Mes précédentes lettres vous prouveront combien j’ai été heureux d’apprendre que M(onsieur) le général Schneider, avec le reste de sa brigade, a reçu l’ordre de ne pas quitter les places de la Messénie. Les soldats travaillent déjà avec un bataillon de troupes régulières grecques à réparer le désastre de Navarin.

Je vais recevoir le subside de novembre et de décembre pour nos troupes régulières; mais j’ignore s’il continuera pour la nouvelle année. Ce serait un grand bienfait, s’il plaisait au roi de nous accorder encore ce secours mensuel jusqu’à la conclusion de l’emprunt.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος III, σ. 434-438.

[Ο Καποδίστριας ελπίζει ότι ο Εϋνάρδος θα συνεχίσει τις προσπάθειές του για να επιτύχει την οικονομική ενίσχυση του ελληνικού κράτους, επισημαίνοντας ότι οι Δυνάμεις οφείλουν να βοηθήσουν την Ελλάδα γιατί έχουν στην περιοχή ζωτικά συμφέροντα. Θεωρεί ότι βασική προϋπόθεση για να βρεθεί ο κατάλληλος υποψήφιος για το θρόνο της Ελλάδος είναι να τακτοποιηθεί το θέμα των συνόρων σύμφωνα με τις επιθυμίες των Ελλήνων. Τέλος, αναφέρεται στις δυσκολίες που αντιμετωπίζει στο εσωτερικό της χώρας και διαδηλώνει την απόφασή του να συνεχίσει να εκτελεί το καθήκον του.]

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A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 25 décembre 1829/6 janvier 1830

Vos lettres du 29 novembre et les entretiens dont elles me rendent compte me font espérer que vous ne laisserez pas en repos les personnes qui vous ont introduit auprès de S(on) A(ltesse) R(oyale) le dauphin, qu’elles ne vous aient procuré des audiences. Vous plaiderez encore une fois notre cause, et vous obtiendrez les secours, sans lesquels non-seulement je ne réponds plus de rien, mais je déclare que les Puissances elles-mêmes seront obligées de faire d’énormes sacrifices, pour sauver leurs propres intérêts dans ces contrées.

Donnez aussi communication de tout ce que je vous écris à M(onsieur) le comte Pozzo di Borgo, et insistez auprès de lui, comme je l’ai fait auprès de M(onsieur) de Ribeaupierre, afin que dans toutes les hypothèses on ne laisse pas périr ce pays, pendant qu’on délibère dans l’intention généreuse de lui assurer un avenir.

Les démarches que vous avez faites à votre arrivée à Paris, pour accélérer les décisions de l’empereur de Russie, soit sur l’emprunt, soit sur les avances que j’avais sollicitées, doivent à cette heure avoir un résultat. J’ai fait de mon côté tout ce qui était en mon pouvoir. M(onsieur) de Ribeaupierre m’a encore promis ses bons offices.

Ce que je vous dis dans ma lettre d’office de ce jour n’est que trop vrai. Avec les seuls revenus du pays il m’est impossible de maintenir un peu d’ordre. Je ne pourrai donc avancer dans aucun sens l’œuvre de sa restauration; et dans une situation semblable à la nôtre, si l’on n’avance pas, on rétrograde.

J’ignore si les Puissances sont enfin d’accord sur notre avenir, ou si toutes fatiguées qu’elles sont des discussions relatives à la Grèce, elles devront s’en occuper encore pour longtemps. Dans tous les cas aucune Puissance ne gagne rien au désordre et à l’anarchie qui bouleverseraient encore ce pays. Toutes sont également intéressées à prêter à son gouvernement les moyens de prévenir ce désastre, et de préparer les voies à l’accomplissement de leurs vœux.

Le commerce du levant a beaucoup souffert de la révolution de la Grèce. N’en souffrirait-il pas de même si, au moment de renouer des relations utiles avec ce pays, il y trouvait encore le brigandage sur terre et la piraterie sur mer? Or c’est de ces deux fléaux que la Grèce et l’Europe seront encore affligées, si avant tout on ne continue pas à nous secourir, et si on ne décide pas d’après les principes d’une justice rigoureuse les grandes questions qui nous concernent.

Comme je viens de répéter ces tristes vérités à M(onsieur) de Ri-

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beaupierre, en le priant de les porter à la connaissance de ses collègues, je crois utile de vous mettre à même de les répéter à votre tour, afin qu’il ne nous reste rien sur la conscience.

Vous me parlez aussi des difficultés qui s’opposent à l’élection du chef futur de la Grèce. Elles seront aplanies du moment où l’on s’entendra sur la question principale, celle de la délimitation. Si on la décide de manière à ce que les mesures qui en dépendent soient exécutables, on trouvera un prince, et je ne me refuserai pas à le servir, parce que je tiendrai à honneur d’achever ce que j’ai commencé, et il en vaudra la peine. Dans le cas contraire, on ne trouvera pas de prince, et je doute qu’on fasse de moi quelque chose, car nul n’est tenu à l’impossible.

Voilà, mon cher Eynard, en peu de mots ma profession de foi sur ce grand intérêt. C’est celle que j’ai énoncée avant d’arriver en Grèce; c’est celle que j’ai répétée l’année dernière à Poros. On la connaît donc, et à tout événement il sera toujours au pouvoir des Puissances d’exécuter par tout autre intermédiaire ce qu’elles auront arrêté. Sans avoir pris en considération les vœux de la Grèce et sans sa participation, je ne serai jamais cet intermédiaire.

P. S. Ainsi que je l’annonce dans le mémoire, cette pauvre Grèce risque aujourd’hui de devenir la victime d’une nouvelle crise. Des intrigants de toute espèce et de toute couleur remuent les esprits, et une poignée de mécontents trament des complots contre l’ordre actuel des choses. On les encourage en leur promettant de larges subsides, dès qu’ils auront, comme on leur dit, secoué le joug de la Russie. Jusqu’ici il n’y a que des menées et des paroles; mais il n’est pas impossible qu’à la longue on ne pousse ces misérables à quelque acte criminel, tel que le non-paiement des impôts, la résistance aux ordres du gouvernement, et les voies de fait qui en seront la conséquence.

Dans ce cas affligeant, mon parti est pris; je ferai respecter les lois, et je tâcherai de maintenir l’ordre en n’épargnant aucun des coupables; mais aussi il faut pour cela que le gouvernement ait de quoi payer ceux qui le servent; sans cela je devrais armer la milice à la charge des provinces, et légitimer en quelque sorte les abus dont ce malheureux et admirable peuple est à peine soulagé.

Ces embarras et ces périls nous viennent du dehors, et j’en ai plus que la conviction morale. On veut atteindre un but, et l’on n’est pas scrupuleux dans le choix des moyens. Or ce but serait l’accomplissement des vues les moins favorables aux espérances de la Grèce. Elle aspire au rang des nations libres et indépendantes, et l’on veut soutenir qu’elle n’est pas même en état de devenir une paisible colonie; et pour

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cela il faut que le désordre et l’anarchie en offrent dans ce moment la preuve.

On peut vouloir aussi autre chose; mais je ne sais pas où trouver le temps de vous développer ici toutes les conjectures auxquelles donne lieu l’abjecte malveillance qui nous tourmente. La conjecture cependant qui me paraît la moins douteuse, c’est celle dont vous me parlez. On ne veut pas de moi. On veut que d’autres hommes, ou un autre homme à ma place, mettent à exécution sans difficulté les arrangements dont on se flatte de convenir avec la Porte.

Je le pense aussi, et ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier: mais pourquoi ne me parle-t-on clair, et ne me dit-on pas avec une noble franchise: Tirez-vous de là; nous ne pouvons nous entendre avec vous? A ces mots, je ne resterais pas à ma place une minute de plus; et je saurais m’y prendre de manière à ne trahir aucun de mes devoirs envers cette nation, qui m’a honoré et qui m’honore de sa confiance. Plus je désire m’acquitter de cette dette en honneur, et plus je regrette qu’on préfère des intrigues à des démarches amicales et sincères. Quoi qu’il en soit, je reste ferme comme un rocher dans la résolution invariable de servir ce pays, tant que je pourrai lui être utile, et tant que je pourrai me convaincre que mon intervention dans ses affaires ne peut pas lui être nuisible.

Il est bon, je vous le répète, que vous soyez instruit de ma profession de foi, et que vous la fassiez connaître aux grands personnages qui se plaisent à protéger ce pays. Je ne vous fatiguerai pas plus longtemps, pour ne pas dire encore: procurez-nous, et le plus tôt que vous pourrez, de l’argent et de l’argent.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος III, σ. 471-476.

[Ο Καποδίστριας αναφέρεται στον τρόπο που διατίθεται το ποσό του 1.200.000 φράγκων, τα οποία απορροφά η μισθοδοσία του στρατεύματος, προκειμένου να διατηρηθεί η τάξη στο εσωτερικό της χώρας και να μη στα-

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σταματήσει η οργάνωση του τακτικού στρατού. Στη συνέχεια, δικαιολογεί τους λόγους που δεν του επιτρέπουν να απολύσει τους Ρουμελιώτες από το στράτευμα και αναλύει τα μέτρα που λαμβάνει για να εξοικονομήσει χρήματα.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 3/15 février 1830

J’ai sous les yeux, mon cher Eynard, vos lettres du 2 et du 30 décembre, ainsi que celle du 5 janvier.

Vous recevrez aujourd’hui, avec le duplicata de ma dernière expédition, une lettre d’office qui répond aux vôtres de dernière date. Je vais ajouter ici quelques observations, qui vous prouveront encore mieux combien les services que vous avez rendus à ce pays ont contribué à le sauver pour le présent et peut-être même pour l’avenir.

Ainsi que je vous l’ai dit, le paiement des arrérages a absorbé les 500.000 francs des subsides arriérés français et les 700.000 que vous avez envoyés. Les troupes légères, organisées sous l’inspection de Monsieur) le colonel Gérard, nous promettent en peu de temps un résultat satisfaisant. Il se peut que nous fassions de ces nouveaux bataillons autant de soldats réguliers. C’est à quoi le gouvernement travaille. Mais pour conserver l’espoir du succès, il doit pouvoir payer ces mêmes bataillons régulièrement. C’est vous dire en d’autres termes que le secours de 1.200.000 francs, dont la Grèce est redevable à votre active sollicitude, produira un double résultat. La tranquillité intérieure sera maintenue, et les progrès graduels de l’organisation militaire ne seront pas arrêtés.

Je vous sais gré de m’avoir fait part de ce qu’on dit de l’obstination avec laquelle je persévère à ne pas licencier les Rouméliotes. Ces bandes armées, observe-t-on, épuisent le pays et compromettent à chaque instant sa tranquillité. Rien ne serait plus facile au gouvernement que de signer un décret, par lequel il renverrait du service public tous ces hommes. Mais avant de procéder à un pareil acte, il devrait se demander: Que deviendront-ils? Fort d’une longue expérience chaque Grec de bonne foi vous répondra: Ils deviendront des clephtes dans les montagnes et des pirates sur mer. En effet si la piraterie a cessé depuis mon arrivée, c’est parce que les Olympiens et les Rouméliotes, qui étaient nichés dans les îles de l’Archipel, sont venus à Mégare composer les chiliarchies. Les provinces du Péloponèse ont commencé à respirer, depuis que les Rouméliotes qui les avaient envahies campent aussi à Mégare. Ces hommes, dont le nombre est d’environ 8.000, n’ont existé depuis quelques années que du métier des armes; pas un d’entre eux ne possède quoi

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que ce soit, si ce n’est son fusil et ses pistolets. En leur refusant le pain et la petite paie qu’ils reçoivent, le gouvernement pourrait-il les punir, si les armes à la main ils se procuraient d’autres moyens de subsistance? D’ailleurs pour armer le pays et le mettre en état de se garantir de leurs incursions, le gouvernement ferait des dépenses bien supérieures à celle que coûte l’entretien de ces bandes, transformées aujourd’hui en bataillons. Mais il y a plus: si la Grèce est à la veille de voir s’accomplir sa restauration et son indépendance, elle le doit uniquement à la bravoure et au dévouement de ces mêmes palicares. Est-ce pour les récompenser des services rendus, que le gouvernement les livrerait volontairement à la misère et au désespoir? Ils sont tous Rouméliotes; donc c’est en Roumélie qu’il[s] se réfugieraient. Serait-il possible alors de maintenir le statu quo actuel, qui subsiste cependant à la satisfaction des Turcs?

Ces observations me semblent répondre victorieusement aux reproches qu’on adresse au gouvernement grec. Au moment où il pourra accorder à ces soldats quelques arpents de terre et quelques piastres pour les défricher, il les licenciera; et ayant eux-mêmes une propriété, ils respecteront celle d’autrui. C’est dans cette vue qu’est conçu le décret du congrès d’Argos concernant les indemnités, et c’est pour exécuter cette mesure salutaire que je sollicite depuis l’année dernière les ressources de l’emprunt.

D’autre part, si la Grèce doit avoir des troupes nationales régulières, ce n’est que de Rouméliotes qu’elle pourra les composer. Mais pour parvenir à ce grand résultat, il fallait procéder par degrés, et c’est par degrés que nous sommes arrivés au point que ce sont les jeunes soldats rouméliotes eux-mêmes qui nous demandent spontanément un fusil à baïonnette. Je me trompe peut-être, mais je doute qu’on eût pu entreprendre avec plus d’espoir de succès la guérison d’une des plaies les plus dangereuses de ce malheureux pays.

Pour épuiser le chapitre des plaintes, je vous dirai un mot des soidisant personnes qui se tiennent maintenant à l’écart. Miaoulis n’est pas de ce nombre. Il n’a jamais cessé et ne cessera pas d’être en pleine activité de service. Quant aux autres, leur conduite est peut-être fondée sur l’espoir d’obtenir la faveur et la confiance du nouveau chef de la Grèce. Je leur ai offert dans la nouvelle organisation des places du premier ordre, et ils les ont refusées, au grand contentement du pays, qui m’a souvent reproché de les avoir employés à mon arrivée en Grèce. Sans contredit ce sont des hommes capables, mais voilà tout.

Pour ce qui est de mes frères, ceux qui prétendent que le pays ne les aime pas, ne font que répéter les doléances des Grecs qui ne peuvent pas aujourd’hui comme autrefois se partager les revenus de l’état. Au

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reste mes frères me tourmentent pour que je les délivre de la corvée à laquelle ils sont condamnés, et je désire autant qu’eux les en délivrer une heure plus tôt.

J’ en viens à la grande affaire qui concerne la décision du sort de la Grèce, et aux mesures que les Puissances semblent vouloir arrêter pour exécuter sur les lieux ce dont elles seront convenues.

Les cabinets ont gardé jusqu’ici un profond silence envers le gouvernement grec sur ces deux grandes questions. Si vous avez reçu, comme je l’espère, ma dernière expédition du 25 décembre/6 janvier, vous aurez vu que, par le mémoire que j’ai remis à M(onsieur) de Ribeaupierre et à ses collègues, j’ai rempli loyalement tous mes devoirs. Je suis dans l’attente d’une réponse. Je persiste à ne pas concevoir la possibilité d’un arrangement quelconque, à moins que la Grèce ne soit appelée à prendre part aux négociations. Nous verrons comment tout ceci se débrouillera. Jusque-là tâchons de vivre. Je vous ai marqué par ma lettre d’office que le Volage nous a apporté 225.000 francs du subside russe, et vos 50.000. Je suis si impatient de vous rendre vos 700.000 francs, que je tâche de me procurer dans l’intérieur toutes les ressources possibles, afin de pouvoir économiser sur les derniers secours que vous nous avez obtenus. Ces ressources consistent d’une part dans la vente de quelques canons de bronze inutiles, et dans les placements que j’espère procurer à la banque. Si ces mesures répondent à mes voeux, je pourrai alors commencer à vous payer. Cependant je vous prie de continuer à solliciter l’envoi en Grèce de la somme totale, et comptez sur l’empressement que je mettrai à tenir parole. Il est entendu que le gouvernement vous bonifiera l’intérêt de 5 pour 100.

Ce que je vous dis dans ma lettre d’office sur M(onsieur) Howes n’est malheureusement que trop vrai; mais il est bon d’autre part que nous gardions pour nous seuls les faits qui démentent complètement le beau rapport inséré dans le Courrier. Les philhellènes américains ont fait sans doute de nobles et généreux sacrifices; mais leurs agents en Grèce ont constamment mal compris leur mission. C’est ainsi que vont ordinairement les choses dans ce bas monde. Il faut prendre patience, et ne pas se décourager.

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IΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος III, σ. 485 - 494.

[Ο Καποδίστριας ενημερώνει τον Εϋνάρδο για τα αποτελέσματα των ενεργειών του τελευταίου στις γαλλικές αρχές σχετικά με την οικονομική ενίσχυση του ελληνικού κράτους. Αναλύει τη δυσχερή θέση στην οποία βρίσκεται επειδή δεν μπορεί να ανταποκριθεί στις ανάγκες του στρατού και της ναυτιλίας, που απαιτούν ιδιαίτερη οικονομική ενίσχυση. Στη συνέχεια, ο Κυβερνήτης εκδηλώνει την αδημονία του να ενημερωθεί για τις αποφάσεις της Διάσκεψης του Λονδίνου σχετικά με τη σύναψη του δανείου, την εκλογή του ανωτάτου άρχοντα και τη συμμετοχή της ελληνικής πλευράς στις διαπραγματεύσεις με την Υψηλή Πύλη. Τέλος, αναφέρεται στα σχέδιά του για την εκπαίδευση: την οργάνωση του Πρότυπου Αγροκήπιου της Τίρυνθας, τη δυνατότητα αποστολής νέων για σπουδές στο εξωτερικό και τη μετάκληση στελεχών για να επανδρώσουν τις νέες σχολές.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 20 février/4 mars 1830

Je vous ai écrit, mon cher Eynard, en date du 3/15 février. Je continue aujourd’hui, pour vous accuser la réception de vos lettres du 9 et du 22 janvier.

Les démarches que vous avez faites avec le courage qu’inspirent toujours des sentiments purs et élevés, n’ont pas manqué leur effet, et j’attends d’une heure à l’autre les 600.000 francs qui sont déjà annoncés à Modon, d’après ce que me mande M(onsieur) le général Schneider.

Ainsi que je vous l’ai dit par ma lettre d’office, M(onsieur) le comte de Panin est déjà en possession des 500.000; mais n’ayant pas reçu d’ordres de la part de sa cour, ni de celle de M(onsieur) Pozzo di Borgo, il ne peut qu’en être le dépositaire.

Vos 100.000 francs vont être versés dans le trésor; mais ils ne seront employés que pour encourager l’agriculture, et vous en aurez la preuve.

Ces ressources que la Grèce doit à votre infatigable bienveillance, offriront au gouvernement les moyens de soutenir jusqu’au mois d’avril l’administration publique, c’est-à-dire l’ordre et la tranquillité.

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C’est dans le courant de mars que les revenus de l’état sont affermés d’après les usages du pays. D’après les mêmes usages, les fermiers paient d’avance un tiers; mais ce tiers n’entre d’ordinaire dans la caisse que dans l’espace de six ou huit semaines.

Avec ces minces ressources le gouvernement pourra-t-il faire honneur à ses engagements envers les soldats et les marins? Pourra-t-il développer graduellement l’organisation des troupes régulières, en diminuant graduellement le nombre des irrégulières? Pourra-t-il en même temps fournir aux marins d’Hydra, de Spetzia et de Psara, les moyens de radouber leurs bâtiments marchands, qui dépérissent dans les ports?

Je viens de faire en tout dernier lieu, malgré la rigueur de l’hiver, une tournée dans ces îles; et je me suis convaincu de mes propres yeux que le gouvernement ne pourrait pas se dispenser de venir à leur secours.

La misère, et plus que la misère le désœuvrement de quelques milliers de marins, compromettent les plus grands intérêts de la nation. Les Turcs leur offrent dans l’arsenal de Constantinople des places et des emplois. Pourquoi ne les accepteraient-ils pas? Les chancelleries commerciales des ambassadeurs alliés à Constantinople leur offrent provisoirement les pavillons de leurs souverains. Pourquoi les refuseraientils? Or s’ils les acceptent, la Grèce aura-t-elle plus tard un pavillon et une marine?

Ces considérations, que je m’abstiens de développer, m’ont porté à accorder 50.000 talaris aux communautés des trois îles maritimes, afin qu’elles puissent radouber quelques-uns de leurs bâtiments, et donner ainsi de l’occupation, du pain et de bonnes espérances, à leurs matelots. Cette mesure a produit pour le moment un effet salutaire. Mais ce n’est pas tout. Pour sauver notre marine des périls dont elle est menacée, le gouvernement devrait lui faire des avances plus considérables. Mais où les prendre?

Si l’imprimerie m’envoie à temps les nouveaux règlements de notre banque, vous les recevrez par la poste d’aujourd’hui, et vous verrez les garanties que le gouvernement offre aux prêteurs de notre 8 pour 100. Si les placements répondent à mes vœux, l’affaire majeure de la marine sera réglée sur une base nationale et complètement indépendante de toutes les combinaisons de la politique, si toutefois la politique ne s’oppose pas ouvertement à ce que la Grèce ait une véritable existence maritime et commerciale.

Plus je médite cette question grave, et moins je comprends toutes les notions qui parviennent à ma connaissance sur les mesures provisoires que les cours alliées semblent avoir adoptées. Elles offrent, ainsi que je viens de vous le dire, aux Grecs leur pavillon et leur protection

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pour six mois, et jusqu’à ce que la Porte ait reconnu l’état Grec et son pavillon; mais cette offre, au lieu d’être adressée au gouvernement actuel de la Grèce, a été faite directement aux marins, et par l’entremise d’une foule d’agents subalternes. Vous verrez dans les gazettes que je vous envoie les communications que j’ai cru de mon devoir d’adresser à qui de droit.

Il est bon que vous n’ignoriez pas cet état de choses, afin de pouvoir répondre si l’on vous fait quelque question. Dans le cas contraire gardons le silence, et laissons parler les choses.

Tout ceci vous donne, mon cher Eynard, la mesure de l’impatience avec laquelle j’attends les nouvelles que vous me promettez, tant sur le dénouement des négociations à Londres, que sur le résultat des dernières démarches que vous avez faites pour négocier l’emprunt avec la seule garantie de la cour de Russie.

Je n’ai pas cessé de répéter que, si des intérêts majeurs rendaient nécessaire la prolongation des négociations, la conclusion prompte de l’emprunt pourrait encore rendre tolérable cette longue crise. L’emprunt donnerait en effet au gouvernement grec une force morale et matérielle, qui seule le mettrait en état d’avancer l’œuvre de la restauration de ce pays, et de préparer ainsi les voies à l’accomplissement du sort qu’on voudra lui assurer.

J’ignore quel est l’accueil qu’on a fait à mes observations respectueuses. Ce que l’on m’écrit de Constantinople en date du 28 janvier, c’est que les trois représentants des cours alliées, dans l’attente où ils sont des ordres de leurs cabinets, ont consigné mes jérémiades au protocole.

D’un autre côté vous m’annonciez vous-même, mon cher Eynard, par votre lettre du 22, que d’un instant à l’autre arriveraient de Londres les communications officielles des décisions de la conférence. Il y a cinq immenses semaines depuis lors, et je ne reçois aucune nouvelle de votre part.

Quelque pénibles que soient ces retards, les conséquences n’en seraient pas si dangereuses, si la malveillance n’en profitait pas tout à son aise. Le bon sens de cette admirable nation est mis à une rude épreuve depuis l’année dernière.

Des colporteurs de nouvelles, souvent titrés, lui annoncent à tout moment que dans peu de jours il y aura ici un nouvel ordre de choses. D’abord c’était le prince de Baden qui allait se rendre en Grèce, puis le prince Léopold qui était arrivé à Malte; aujourd’hui c’est le prince de Carignan qui vient recueillir ici l’héritage de la royauté de Jérusalem.

Je vous le demande, quel autre pays resterait dans une paisible

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et respectueuse attitude, si l’on s’efforçait de lui persuader avec un certain ton d’autorité, que le gouvernement auquel il obéit a cessé par le fait même, et qu’un autre va le remplacer?

Cependant l’ordre se maintient; la tranquillité est parfaite. Les bons paysans bénissent Dieu, travaillent leurs terres, et haussent les épaules lorsque quelques orateurs les engagent à se préparer à ce grand changement. A l’exception d’une poignée d’hommes à mauvaise conscience, et chaque pays n’en manque pas, tout le reste conserve et renforce, s’il se peut, les sentiments de confiance et de respect qu’il a voués à son gouvernement actuel.

Sous ce point de vue les bruits imprudents qu’on a répandus et qu’on répand encore, rendent plus difficile l’exécution des arrangements que les alliés ont arrêtés. Ce pays, tout sauvage qu’il est encore, a aussi son opinion publique, et elle ne se prononce pas favorablement pour la combinaison d’une royauté, moins encore pour un prince étranger, qui viendrait l’exercer sans garanties. Il est inutile que je vous en explique les motifs.

Ce qui me paraît cependant de toute nécessité et de toute justice, ce que je n’ai pas laissé ignorer dans le temps, c’est que quel que soit le plan dont on sera convenu, puisque c’est par les Grecs et pour les Grecs qu’on voudra l’exécuter, encore faudrait-il le leur communiquer, et combiner dans les formes légales leur participation aux négociations avec la Porte, auxquelles ce plan donnera lieu nécessairement.

J’ignore également ce qui a été décidé sur ce point important. Il en adviendra ce qu’il plaira à Dieu.

M’étant acquitté loyalement de mes devoirs envers les augustes bienfaiteurs de la Grèce, il ne me reste plus qu’à attendre, tout en continuant, autant que faire se pourra, à porter ma croix, et je la porte sans murmurer.

Passons maintenant à des intérêts de détail.

Mes établissements maissants, l’orphanotrophe, l’école normale, l’école militaire, toutes les écoles d’enseignement mutuel, me donnent tous les jours de véritables consolations. Je m’occupe maintenant de la fondation d’un séminaire et d’une école rurale ou ferme-modèle. C’est sur la route de Nauplie à Argos que j’ai assigné un beau et magnifique terrain à cette ferme. Les charrues venues de France sont déjà en usage. Il s’agit maintenant de bâtir le local, des magasins, des étables, des ateliers, et d’acheter des bœufs.

Vos 100.000 francs nous sont arrivés à point nommé. C’est sur cette somme que je prendrai 25 ou 30.000 francs que pourront coûter les bâtisses et les achats du bétail.

Si cette ferme-modèle réussit, nous aurons fait un pas immense

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vers l’amélioration agricole du pays, et je l’espère, attendu que M(onsieur) Paléologue justifie jusqu’ici mon attente.

Ce qui nous manque le plus ici, ce sont des ouvriers. Si je faisais une respectueuse demande au roi de France, pour obtenir quelques places dans l’école des arts et métiers, serait-elle accueillie? Veuillez m’en dire un mot. Plaçant dans cette école une douzaine de jeunes Grecs, le pays aurait dans trois ou quatre ans des maîtres-ouvriers qui en feraient à leur tour une vingtaine.

Je joins ici quatre lettres, une pour M(onsieur) Ruggeri, deux pour les professeurs ***, et la quatrième pour un Zuricois. Cette dernière est une simple réponse, sur laquelle il ne vaut pas la peine de revenir. Quant aux deux professeurs, vous m’obligeriez infiniment de prendre des informations à l’égard de l’institut de l’un et des capacités de l’autre. Si l’institut de M(onsieur)*** est sous la sauvegarde de la bonne opinion de M(essieurs) Lasteyrie et Degerando, je n’hésiterai pas à lui envoyer des élèves, aux conditions avantageuses qu’il me propose. De même si le professeur de Bruxelles est connu avantageusement, et qu’il consente à venir ici avec un traitement modique, je le placerai immédiatement à l’école normale d’Egine, qui en aurait besoin. Enfin si d’après l’opinion des connaisseurs, M(onsieur) Ruggeri a en effet les capacités dont il me parle dans sa lettre, et que vous puissiez me l’assurer, envoyez-le ici. Il prendra la place de maître de dessin à l’école militaire, et il fera aussi l’architecte en dehors de l’école. Voilà tout ce que je puis faire pour lui. Je lui paierai les frais de voyage; et s’il s’agit, pour le mettre en état de partir, de lui donner 2 ou 300 francs, j’y consens et je vous prie de les lui avancer.

Il me reste à vous dire un mot de cette plaie éternelle des Mavromichalis. Sa famille, qui coûte toujours à cette pauvre caisse, ne veut rien faire pour le jeune homme. Elle prétend aussi ne le pouvoir pas. Donnez-lui donc quelque chose, et s’il s’agit de le faire revenir dans ses foyers, payez-lui ses dettes et les frais de voyage. Je ne pense pas qu’en restant à Paris il devienne meilleur, ni pour les siens ni pour la Grèce, et il me serait impossible de me charger plus longtemps de lui.

Je finis cette longue lettre, en exprimant du fond du cœur toute la reconnaissance que je vous dois, pour les services immenses que vous avez rendus, et que vous rendrez encore à cette pauvre et bonne Grèce.

P. S. Au moment de cacheter ma lettre je reçois la vôtre du 30 janvier. Je répondrai à M(onsieur) Ricardo dans le sens que vous me suggérez.

Je vous exprimerai dans peu de jours mon opinion sur le projet

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de M(onsieur) Barbezat. En attendant, je pense comme vous: je crois que c’est trop tôt.

Je vais faire prendre note dans notre compte courant des sommes dont vous m’accréditez, et je finis par vous conjurer de me faire connaître ce que vous apprendrez des longues négociations de Londres. Il est temps qu’on se décide, et qu’on nous dise ce que nous allons devenir. Je serai conséquent, et ne changerai pas.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος III, σ. 494-497.

[Ο Καποδίστριας στέλνει στον Εϋνάρδο τον κανονισμό της Τραπέζης και τον προτρέπει να αναζητήσει μετόχους, ώστε με τα έσοδα από την αγορά μετοχών να ενισχύσει τη ναυτιλία. Πολύ σύντομα, άλλωστε, ελπίζει ότι πρόκειται να του καταβληθούν οι δύο από τις τρεις δόσεις των 600.000 φράγκων, γεγονός που αποδεικνύει ότι οι προσπάθειες του Εϋνάρδου τελεσφόρησαν. Από τη στιγμή που θα του ανακοινωθούν επίσημα οι αποφάσεις της Διάσκεψης του Λονδίνου, ο Κυβερνήτης προτίθεται να γράψει στον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου, για να τον ενημερώσει για τις προφυλάξεις που δεν θα πρέπει να αμελήσει να πάρει, ώστε να ανταποκριθεί στην αποστολή του. Τέλος, ο Καποδίστριας αναφέρεται στην επιθυμία του να χρησιμοποιήσει για την εξυπηρέτηση των ελληνικών συμφερόντων τον πρίγκηπα Σούτσο, αφού πρώτα ενημερωθεί για τα αποτελέσματα των διαβουλεύσεων των Δυνάμεων.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 24 février/8 mars 1830

Je continue aujourd’hui, mon cher Eynard, la longue lettre particulière que je vous ai écrite il y a quatre jours.

Je joins ici les exemplaires du règlement de la banque, et je vous prie de faire tout ce qui peut dépendre de vous pour nous procurer des actionnaires. Si la banque peut me procurer des ressources, mon intention

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est, ainsi que je vous l’ai dit, d’en consacrer la plus grande partie à l’encouragement de notre marine.

Je joins ici ma réponse à M(onsieur) Ricardo; vous verrez qu’elle ne préjuge aucune question.

Grâce à votre sollicitude bienveillante, je suis aujourd’hui en état de faire payer régulièrement la solde aux vingt bataillons irréguliers.

M(onsieur) le comte de Panin, qui le premier a reçu les 600.000 francs, me fera pour sa quote-part le subside de janvier et de février, c’est-àdire 400.000 francs.

L’argent envoyé à M(onsieur) de Rouen est déjà à Navarin, et sous peu il sera ici. Il me remettra alors, je pense, sa quote-part pour les deux mois déjà échus, et nous vivrons.

Je tâche aussi d’avancer avec ces secours tant l’organisation des écoles, que d’autres arrangements favorables à l’agriculture.

Je joins ici une copie de l’office que j’adresse à la commission des finances relativement à vos 100.000 francs. Je n’annonce pas les autres dispositions que je compte faire, pour ne pas me faire accabler de demandes.

J’ai lu le discours du roi d’Angleterre, et je ne doute plus de la conclusion finale des négociations concernant l’avenir de la Grèce. J’en ignore le résultat, et je ne me permets pas d’en juger.

Si comme vous me l’annoncez par vos dernières lettres, le prince de Cobourg est en effet appelé par le suffrage des cours alliées à la royauté de la Grèce, et que S(on) A(ltesse) R(oyale) vienne à Paris, veuillez m’en informer une heure plus tôt, afin que je puisse m’acquitter envers elle de mes devoirs.

Vous lui direz, en attendant, que je le conjure d’arriver droit en Grèce. Toute apparence extérieure ferait une mauvaise impression, et un mal que nous pourrions difficilement guérir.

Losque je connaîtrai les propositions que les cours alliées veulent bien faire à ce pays, je prendrai moi-même la liberté d’écrire au prince. Je lui exprimerai en toute âme et conscience mon opinion sur tous les points, et surtout je lui dirai quelles sont les précautions qu’il ne doit pas négliger, afin de se placer d’abord dans une situation où il puisse soutenir, sans se décourager, la tâche pénible qu’il est destiné à remplir.

Je ne vous en dis pas davantage sur ce sujet majeur, parce que je manque de toutes les données nécessaires.

J’ai lu la lettre que vous adresse M(onsieur) Rarbezat. Je persiste à penser que ce n’est pas le moment de livrer votre correspondance aux compilateurs. Dans tous les cas je ne me permettrai pas de contribuer à l’entreprise de M(onsieur) Barbezat. Le public me croirait impatient de l’entretenir de mes faits et gestes. La malveillance me supposerait

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l’intention d’embarrasser mon successeur. Or si je désire que le monde me juge, ce n’est pas assurément sur des plaidoyers écrits, qui peuvent ressembler à l’histoire que M(onsieur) Barbezat se propose d’imprimer. On nous dit de la publier au profit des Grecs. Mais est-ce que l’imprimeur et le rédacteur n’y seront que pour leurs travaux et pour leurs dépenses? C’en est assez sur ce mince intérêt.

Vous n’aviez pas reçu jusqu’au 30 janvier l’office que je vous ai écrit en date du 26 novembre/8 décembre relativement à l’ordre du Sauveur. Ce retard mérite quelque attention. L’expédition que je vous ai envoyée par Modon et par la poste française en renfermait aussi une à l’adresse de M(onsieur) le maréchal Maison. Tâchez de tirer au clair tout ceci.

P. S. J’ai à vous répondre sur la proposition concernant le prince Soutzos.

Quel que soit mon désir de lui procurer le moyen de servir la Grèce, il m’est impossible de le nommer lui seul et le premier. Les Grecs supposeraient que je le charge de mes intérêts personnels, et non de leurs intérêts. Dans quel moment concevraient-ils ce soupçon?

Au reste nous sommes dans l’attente des communications que les cours alliées feront au gouvernement grec. Ces communications reçues, il faudra leur répondre. Il faudra peut - être envoyer une députation au - devant du nouveau chef de la Grèce. L’affaire de l’emprunt et les arrangements avec les créanciers de ce pays, peuvent aussi exiger que vous ayez auprès de vous un ou deux députés grecs. Tout cela pourra se faire d’un trait, et dans cette mesure générale le prince Soutzos pourra avoir sa part, et s’installer alors sous des auspices favorables.

Je vous écris comme si je vous parlais au tuyau de l’oreille.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

Correspondance, τόμος III, σ. 505 - 507.

[Ο Καποδίστριας υπενθυμίζει στον Εϋνάρδο τις δυσκολίες που αντιμετωπίζει από την έλλειψη οικονομικών πόρων και τον ενημερώνει για το ότι του ανακοινώθηκε ότι η Ρωσία προτίθεται να θέσει στη διάθεση της Ελληνικής κυβέρνησης μια συμπληρωματική προκαταβολή 400.000 φράγκων, με τα οποία θα μπορέσει να καλύψει τα τρέχοντα έξοδα της δημόσιας διοίκησης. Ο Κυβερνήτης παρακαλεί τον Εϋνάρδο να εξασφαλίσει για λογαριασμό της Ελλάδος ισόποση προκαταβολή από τη Γαλλική κυβέρνηση, ώστε να ανταποκριθεί στις τρέχουσες ανάγκες του επόμενου διμήνου. Με τον τρόπο αυτό θα μπορέσει να περιμένει χωρίς άγχος τη βελτίωση της οικονομικής κατάστασης, η οποία θα επιτευχθεί από τη μια με την καταβολή των τακτικών ετήσιων προσόδων από τους έλληνες πολίτες και από την άλλη με τη σύναψη του δανείου, ή, τουλάχιστον, με την υλοποίηση των συμφωνιών που αφορούν το μέλλον της χώρας, θέματα για τα οποία αγνοεί ακόμη τις αποφάσεις των Δυνάμεων.]

A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.

Nauplie, 17/29 mars 1830

La lettre d’office ci-jointe vous fera comprendre en partie, mon cher Eynard, les embarras dans lesquels on tâche de me mettre. Le plus grand de tous serait sans doute le déficit des finances, et c’est pour le prévenir que je vous supplie de déployer tout|votre zèle et toute votre activité.

M(onsieur) le comte de Panin m’a annoncé que S(a) M(ajesté) l’empereur de Russie avait autorisé éventuellement son ambassadeur à Paris à mettre, s’il le fallait, à la disposition du gouvernement grec une avance supplémentaire de 400.000 francs.

Si vous pouvez en obtenir autant de la part du ministère français, nous poumons alors couvrir les dépenses de mai et de juin, et attendre ainsi, sans courir les chances de l’anarchie et du désordre, les revenus du pays, la conclusion de l’emprunt, ou du moins l’exécution des arrangements concernant le sort de la Grèce.

Le silence qu’on garde sur ces deux derniers points ne fait qu’aggraver la crise, et préparer des résultats qui peuvent devenir funestes pour

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ce pays, et qui seront sans contredit complètement contraires aux intérêts et aux vues des Puissances alliées. Leurs agents auprès du gouvernement grec manquent de toute information quelconque, et viennent se consoler chez moi, en demandant à ma vieille expérience l’explication de cette énigme. Je n’en ai aucune à leur donner, quoiqu’il ne me fût nullement difficile d’en trouver la clef.

On prétend savoir que le prince Léopold est déjà arrivé à Paris; j’en serai bien aise, parce qu’au moins par votre intermédiaire S(on) A(ltesse) R(oyale) voudra bien peut-être se mettre en relation avec le pays qu’elle doit gouverner.

Vos dernières lettres sont du 2 février; jugez avec quelle impatience j’attends celles du mois de mars.

Quoique les esprits soient dans une grande fermentation, la tranquillité et l’ordre se maintiennent, et je continue à apporter graduellement dans chaque branche de l’administration toutes les améliorations qui ont été arrêtées par le congrès d’Argos. La fermeté et le calme avec lesquels le gouvernement continue à s’acquitter de ce devoir, resserrent les liens de confiance qui existent déjà entre lui et la nation, et paralysent les efforts d’une poignée d’intrigants, qui s’étaient flattés peut-être de les affaiblir dans cette circonstance. Ils ont espéré et espèrent encore de fatiguer ma patience, au point de me pousser ou à des mesures de rigueur ou à quitter mon poste, avant d’en faire la consigne sous les auspices de l’honneur et de la loi. Ils n’y ont pas réussi, et n’y réussiront pas, à moins que les cours alliées ne le veuillent. Elles le voudront, si elles gardent un plus long silence et nous refusent les secours pécuniaires que je sollicite jusqu’à la réalisation de l’emprunt.

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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ

Correspondance, τόμος III, σ. 510-521.

[Ο Καποδίστριας ενημερώνει τον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου για τις συνέπειες που ενδέχεται να έχει η κοινοποίηση του πρωτοκόλλου της 3ης Φεβρουαρίου στους έλληνες πληρεξουσίους. Επειδή οι απο-

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αποφάσεις των Δυνάμεων απέχουν σημαντικά από τις ελληνικές θέσεις, που εκφράστηκαν με τα ψηφίσματα της Δ' Εθνικής Συνελεύσεως του Άργους, ο Κυβερνήτης προτρέπει τον πρίγκηπα να επισπεύσει την άφιξή του στην Ελλάδα. Ακόμη, ο Καποδίστριας εκφράζει τις απόψεις του για τον τρόπο με τον οποίο μπορούν να προληφθούν οι βίαιες αντιδράσεις του ελληνικού λαού, που φοβάται ότι θα προκληθούν μόλις τεθούν σε εφαρμογή οι όροι του πρωτοκόλλου.]

A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.

Nauplie, 25 mars/6 avril 1830

Mon prince, La Providence n’abandonne pas la Grèce. J’en ai une nouvelle preuve dans les sentiments généreux qui portent Votre Altesse Royale à défendre les intérêts légitimes de ce pays, au moment où il s’agissait de la décision de son sort. La lettre que Votre Altesse Royale m’a fait l’honneur de m’adresser en date du 16 / 28 février, offre à la Grèce les gages les plus rassurants sur son avenir. Elle les trouve tous dans les efforts que vous avez faits, mon prince, pour que la délimitation fût plus conforme à ses vœux, et pour qu’il lui fût accordé une part dans le choix de son souverain.

Le protocole du 3 février, et les actes qui lui servent de complément, vont être communiqués officiellement au gouvernement grec, j’ignore dans quels termes; mais autant que me le font présumer mes explications confidentielles avec les résidents des trois cours alliées, ces messieurs demandent la stricte exécution des ordres dont ils sont munis, sans admettre aucune négociation, ne fût-ce même que pour convenir des formes d’après lesquelles les arrangements adoptés par les Puissances devront être exécutés.

Si Votre Altesse Royale veut avoir la bonté de jeter les yeux sur les décrets du congrès d’Argos, dont je joins ici un exemplaire, elle verra (1er décret, article 3) qu’il ne m’est permis de contracter au nom et de la part de la Grèce aucune obligation relative aux arrangements définitifs dont il s’agit, que lorsque ses députés plénipotentiaires en auront pris connaissance et les auront ratifiés.

Cependant, comme le point de vue sous lequel le congrès d’Argos a envisagé le traité du 6 juillet diffère essentiellement de celui sous lequel les Hautes Puissances contractantes ont jugé devoir considérer ce même traité dans leurs stipulations du mois de février; comme le gouvernement grec, malgré ses instances réitérées, n’a été appelé à prendre aucune part aux dernières négociations, peut-il se conformer à leur résultat, sans demander la réunion préalable d’un congrès national, et sans encourir le reproche de porter atteinte aux serments, à la dignité

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et aux droits de la nation? En effet, réunis en congrès pour recevoir la communication des actes de la conférence de Londres, les députés des provinces se trouveraient, quant aux clauses qui concernent la délimitation, dans la pénible alternative ou de manquer aux devoirs les plus sacrés envers leurs commettants, ou de ne pas remplir ceux que leur impose à de si justes titres la reconnaissance des Hellènes envers leurs augustes bienfaiteurs.

Mais le sentiment profond de ces mêmes devoirs aurait porté les représentants de la nation à accueillir avec gratitude toutes les autres dispositions qui lui assurent des avantages inappréciables; et Votre Altesse Royale aurait alors éprouvé la satisfaction de se voir appelée par le suffrage unanime et solennel d’une assemblée nationale à accomplir la restauration de la Grèce, sous la sauvegarde des institutions dont le congrès d’Argos a posé les bases. Dans l’état actuel des choses, les considérations que j’ai indiquées plus haut, et en général le mode d’après lequel les Puissances ont résolu d’exécuter leurs décisions, me mettent dans la nécessité de faire une réponse immédiate aux communications que je vais recevoir, et de renoncer à la convocation d’un congrès. Je porterai donc à la connaissance du sénat et de la nation les motifs qui m’obligent à me charger d’une aussi grave responsabilité; et le sénat, j’espère, la partagera avec moi, parce qu’il partage la confiance sans bornes que je place dans les intentions nobles et généreuses de Votre Altesse Royale, intentions qui se trouvent si clairement exprimées dans sa lettre du 16/28 février. C’est dans votre sein, mon prince, que les Hellènes déposeront leurs vœux; et c’est en les accueillant avec bonté que vous leur ferez concevoir et apprécier l’étendue du bonheur que les Puissances leur ont réservé, en les élevant au rang de peuple libre et indépendant.

J’attache un si grand prix à soumettre d’avance à Votre Altesse Royale le plan de conduite que je me propose de suivre, que je lui en rends compte avant même d’avoir reçu les communications officielles de Messieurs les résidents des cours alliées, et avant d’avoir adressé au sénat aucun message sur ces graves intérêts. Je me flatte que je pourrai sous peu de jours m’acquitter de ce devoir, et que le sénat exprimera lui-même respectueusement à Votre Altesse Royale les vœux de la nation. La réponse qu’elle daignera lui faire, j’en suis assuré d’avance, dissipera alors tous les doutes, calmera tous les esprits, et ouvrira tous les cœurs aux sentiments du plus noble et du plus sincère dévouement envers Votre Altesse Royale.

Quel que soit l’empressement que mettront les ambassadeurs des trois Puissances à Constantinople à s’acquitter de leur commission, je doute que l’évacuation de l’Eubée et de l’Attique s’effectue aussi promptement que paraissent le croire les résidents accrédités auprès du

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gouvernement grec. Quand même la Porte aurait délivré les firmans nécessaires, il n’est pas à présumer qu’Omer-Pacha et le commandant d’Athènes s’y conforment sans élever des difficultés ou sans opposer des délais. Quoi qu’il en soit, il est impossible que l’évacuation des territoires occupés aujourd’hui par les Grecs ne devienne encore pour ce pays une source de troubles et de désordres, à moins qu’elle ne s’opère aux conditions suivantes:

1o. Qu’elle ait lieu en même temps que la retraite des Turcs fies territoires assignés au nouvel état Grec.

2o. Que les commissaires démarcateurs, dont fait mention le paragraphe 9 du protocole du 3 février, soient également chargés des mesures relatives à cette évacuation.

3o . Que des fonds suffisants soient mis à la disposition du gouvernement, pour qu’il puisse offrir des moyens de subsistance aux nombreuses familles qui chercheront un asile en Grèce.

Votre Altesse Royale me permettra de fixer pour quelques instants son attention sur chacun de ces points.

Ce n’est que par des faits qu’on pourra convaincre les Grecs que, s’ils abandonnent d’une part des territoires qu’ils ont conquis au prix de leur sang, ils acquièrent de l’autre des provinces où le sort des armes ne leur a pas été favorable. Cependant les Puissances alliées vont exiger la retraite immédiate des forces grecques de terre et de mer, qui couvrent la Grèce occidentale. Pourra-t-elle se faire sans désordre, si une autorité imposante ne se trouve pas sur les lieux? Je crois inutile de démontrer que ce n’est que par la présence des commissaires démarcateurs, et par l’appui moral que leur prêteront les forces navales des Puissances alliées, qu’on pourra prévenir des désastres, qui seraient inévitables, si on voulait confier cette tâche au gouvernement grec et à ses agents.

Enfin les malheureux habitants de la Grèce occidentale, auxquels depuis l’occupation de Lépante, de Messolonghi et de Vonitza, le gouvernement s’est empressé d’offrir quelques avances pour ensemencer leurs champs et attendre la récolte de cette année, vont probablement quitter leurs foyers. Pourra-t-il leur accorder un asile, sans être à même de leur donner de nouveaux secours? Les trouveront-ils chez leurs frères de la Grèce orientale et du Péloponèse, qui commencent à peine à se relever de la profonde misère qui les accablait?

Il ne m’appartient pas de discuter si la ligne de l’Aspropotamos peut garantir les rapports de paix et de bon voisinage qu’on désire établir entre la Turquie et la Grèce. Ce que je ne cesserai de répéter, c’est que les huit provinces qui doivent rentrer sous la domination ottomane, savoir l’Acarnanie, Vonitza, Valtos, Vlochos, Agrapha, Cravari, Carpé-

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    Je vous ai longuement écrit par mes précédentes sur tout ce qui concerne l’emprunt; pressé comme je le suis aujourd’hui, je ne puis que me résumer, en vous répétant que, quel que soit l’avenir de ce pays, l’emprunt est une condition sine qua non de son existence.

    Les détails que renferment vos dernières lettres sont d’un grand intérêt. Ils me donnent des notions qui me mettent en état de comprendre beaucoup de choses, et je vous en remercie infiniment.

    Mes précédentes lettres vous prouveront combien j’ai été heureux d’apprendre que M(onsieur) le général Schneider, avec le reste de sa brigade, a reçu l’ordre de ne pas quitter les places de la Messénie. Les soldats travaillent déjà avec un bataillon de troupes régulières grecques à réparer le désastre de Navarin.

    Je vais recevoir le subside de novembre et de décembre pour nos troupes régulières; mais j’ignore s’il continuera pour la nouvelle année. Ce serait un grand bienfait, s’il plaisait au roi de nous accorder encore ce secours mensuel jusqu’à la conclusion de l’emprunt.

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    ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ

    Correspondance, τόμος III, σ. 434-438.

    [Ο Καποδίστριας ελπίζει ότι ο Εϋνάρδος θα συνεχίσει τις προσπάθειές του για να επιτύχει την οικονομική ενίσχυση του ελληνικού κράτους, επισημαίνοντας ότι οι Δυνάμεις οφείλουν να βοηθήσουν την Ελλάδα γιατί έχουν στην περιοχή ζωτικά συμφέροντα. Θεωρεί ότι βασική προϋπόθεση για να βρεθεί ο κατάλληλος υποψήφιος για το θρόνο της Ελλάδος είναι να τακτοποιηθεί το θέμα των συνόρων σύμφωνα με τις επιθυμίες των Ελλήνων. Τέλος, αναφέρεται στις δυσκολίες που αντιμετωπίζει στο εσωτερικό της χώρας και διαδηλώνει την απόφασή του να συνεχίσει να εκτελεί το καθήκον του.]