Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄

Τίτλος:Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
 
Τόπος έκδοσης:Κέρκυρα
 
Εκδότης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
Συντελεστές:Δήμητρα Πικραμένου-Βάρφη
 
Έτος έκδοσης:1983
 
Σελίδες:324
 
Θέμα:Επιστολές προς Εϋνάρδο, Λεοπόλδο του Σαξ Κόμπουργκ και Μιχαήλ Σούτσο
 
Χρονική κάλυψη:1829-1831
 
Άδεια χρήσης:Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών
 
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Εμφανείς σελίδες: 220-239 από: 323
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Ο Εϋνάρδος ενημερώνει, επίσης, τον Καποδίστρια για τις εξελίξεις στο θέμα του υποψήφιου για τον ελληνικό θρόνο,

Θεοτόκης, σ. 247-248.

Il paraît tout à fait décidé que le prince de Saxe-Cobourg sera choisi pour le souverain de la Grèce. Le courrier qui porte cette approbation de la France est parti pour Londres il y a deux jours. Les journaux français se sont emparé de la question et ils blâment avec amertume cette décision qui paraît au premier coup d’œil un choix anglais. Je peux cependant vous certifier que le reproche est injuste et que le candidat d’Angleterre était le prince Frédéric des Pays-Bas que la France a refusé. Celle-ci portait d’abord un prince de la famille du roi de Saxe (il paraîtrait qu’il a refusé). Le prince Léopold ayant franchement et loyalement déclaré qu’il acceptait la souveraineté de la Grèce et la France sachant que la Russie approuverait ce choix, elle l’a proposé à l’Angleterre qui l’a accepté.

Pour la masse de la population française, le Prince, je l’avoue, paraît tout à fait un candidat anglais et je suis persuadé, d’après tout ce qu’on dit du prince Léopold, qu’il sera entièrement indépendant; et, une fois qu’il aura accepté la couronne grecque, il sera comme vous, seulement Grec et Grec avant tout. Il ne favorisera aucune nation plus qu’une autre, il ne songera, qu’au bonheur et à la prospérité de sa nouvelle patrie. Si les Anglais voyent ce choix avec plaisir, c’est un avantage pour la Grèce, car il lui convient que les Anglais soient ses amis parce qu’à défaut de bien, ils peuvent faire beaucoup de mal aux Grecs. Votre patrie a besoin, par dessus tout, de l’amitié et de la protection de toutes les puissances. Le prince de Cobourg, par sa position, lui assure cet avantage et je suis persuadé que, lorsque les Français le connaîtront mieux, ils verront que ce n’est pas un choix seulement anglais. D’après les informations que j’ai cherché à prendre chez les gens sages et sans passions, voici ce que j’ai recueilli sur le prince de Cobourg.

C’est un homme fort loyal, d’un caractère sage et posé, écoutant avec plaisir les avis des gens sages et éclairés et ne se décidant qu’après avoir bien réfléchi. Il aime le militaire et les arts et mettra son amour-propre à rétablir la Grèce dans un état de gloire et de prospérité. Le Prince est économe, il a une belle fortune et sa pension ne le rend nullement dépendant de l’Angleterre, car il peut vendre cette pension et en faire ce qu’il voudra. De toute part, on m’a confirmé que le Prince avait la plus haute estime de vos talents et de votre caractère. Puisque vous avez le dévouement de rester en Grèce, personne ne doute que le Prince, dans ses intérêts et dans ceux de sa nouvelle patrie, ne vous donne toute sa confiance et alors, je ne vois pour la Grèce qu’un avenir heureux et brillant. Dieu exauce les vœux que je forme à cet égard !

Le choix une fois fait, il faudrait que vous en fussiez prévenu d’avance, afin que vous puissiez annoncer la chose au Sénat grec d’une manière honorable pour la nation et pour le prince souverain. Il faudrait également que le Prince arrivât sur un bâtiment grec, sur votre belle frégate «l’Hellas»; ce serait la manière de nationaliser le nouveau monarque.

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5. (σ. 13-18).

Βλ. τις επιστολές του Ι.-Γ. Εϋνάρδου, από Παρίσι,, 9 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 172, σ. 267-268) και 22 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 175, σ. 271-272). Επίσης, βλ. την επίσημη επιστολή του Εϋνάρδου, από Παρίσι, 20 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 174, σ. 270-271), καθώς και εκείνη της 30 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 176, σ. 272-274).

6. (σ. 18-20).

Βλ. την επιστολή του Ι.-Γ. Εϋνάρδου, από Παρίσι, 30 Ιανουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 176, σ. 272-274), απ’ όπου και το απόσπασμα:

Θεοτόκης, σ. 273.

Μ.Μ. Barbejat et Cie sont venus me parler d’un projet de publier une histoire de la régénération de la Grèce et me demander mes documents. Je trouve que ce n’est pas encore le moment de publier un pareil ouvrage et qu’il faut un grand discernement dans les pièces qu’on choisirait. Cependant, comme leur intention est de faire la publication au bénéfice de la Grèce, je n’ai pu refuser de vous en parler et je vous remets la lettre même qu’ils m’ont écrite. Mes copies de lettres ne sont que des mémoires qui, suivant moi, ne pourront se publier que beaucoup plus tard; ce n’est point une histoire. Donnez-moi cependant votre opinion.

Η πρόταση για το διορισμό του πρίγκηπα Σούτσου είναι έμμεση. Ο Εϋνάρδος, αναφερόμενος στους εκκρεμείς λογαριασμούς του με την Ελληνική Κυβέρνηση, γράφει:

Θεοτόκης, σ. 274.

[...] il me semble que vous pourriez en destiner une partie à payer le chargé d’affaires Grec. Mme de Nesselrode m’écrit qu’on verrait avec plaisir à Petrsbourg que ce fut le prince Soutzo. Le Roi et le Dauphin ici en serait charmé et Mr de Polignac aussi. Le Prince a si généralement plu à tout le monde que vous ne pouviez faire un meilleur choix. Mme de Monteal, la sœur de Mr le Duc de Bichelieu m’a chargé de vous le recommander beaucoup. [...]

8. (σ. 22-28).

Βλ. την επιστολή του Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου, από Marlborough House, 16/28 Φεβρουαρίου 1830:

Correspondance, τόμος III, σ. 511-512.

Marlborough House, 16/28 février 1830

Mon cher comte, Je ne vous écris aujourd’hui que quelques mots pour vous informer qu’après des discussions fort pénibles je viens d’accepter l’offre flatteuse et honorable des Puissances alliées de la souveraineté de la Grèce. J’avais prié les Puissances d’accorder aux Grecs la faculté d’objecter contre ma personne, mais elles n’ont pas écouté ma sollicitation. J’ose cependant me flatter que, lorsque les négociations seront connues des Grecs, on m’accordera d’avoir déjà acquis quelques droits à leur reconnaissance.

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Si je n’avais pris en considération que ma position personnelle, j’aurais insisté sur des conditions plus favorables ou je n’aurais pas accepté; mais la crainte de rejeter toute la question grecque dans le chaos dont elle sortait m’a fait faire le sacrifice de toutes vues personnelles.

Vous connaissez, mon cher comte, les sentiments que je vous ai voués depuis longtemps; je ne saurais donc là-dessus vous dire quelque chose de nouveau; mais je dois vous exprimer mon espérance que vous voudrez bien continuer vos généreux et utiles efforts pour la régénération de la Grèce dans la nouvelle position des choses, et m’assister de vos conseils et de vos lumières dans la carrière difficile que je vais entreprendre. Je vous prie de vouloir bien continuer à guider la barque de l’état, que vous avez si souvent sauvée du naufrage, jusqu’à mon arrivée. Je ne sais pas si les formes exigent encore une autorisation plus en règle; en ce cas je vous la ferai parvenir aussitôt que possible. Je vous prie cependant, en attendant, de considérer celle-ci comme conclusive et d’en donner connaissance à qui besoin en sera. Mon arrivée ne pourra avoir lieu de sitôt, car j’ai beaucoup d’affaires particulières à régler. Je vous prie d’avoir la bonté de me mettre au courant des affaires aussitôt que vous pourrez. Sous ce rapport il serait important de m’envoyer bientôt un secrétaire de confiance, qui pourra être le porteur de vos dépêches et qui pourra me servir pour les écritures grecques.

Je dois vous écrire longuement un autre jour. En attendant, agréez l’expression de ma haute considération et de la sincère amitié avec laquelle je ne cesserai d’être, etc.

Léopold

10. (σ. 32-35).

Βλ. την επιστολή του Εϋνάρδου, από Παρίσι, 18 Φεβρουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 178, σ. 274-281" συνημμένη η επιστολή του ίδιου προς τον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου, 12 Φεβρουαρίου 1830, αρ. 179, σ. 281-284, το σημείωμά του αρ. 180, προς τον Βασιλέα της Γαλλίας, 23 Φεβρουαρίου 1830, σ. 284-286). Στη συνέχεια, παρατίθεται απόσπασμα της επιστολής του Εϋνάρδου προς Καποδίστρια και ολόκληρη η επιστολή του ίδιου προς τον πρίγκηπα Λεοπόλδο:

Θεοτόκης σ. 275-277.

Paris, 18 février 1830

[...] J’éprouve une vraie consolation à venir vous dire que je n’ai aujourd’hui à vous donner que des nouvelles heureuses pour la Grèce. Je me hâte de vous en parler avant de répondre à vos différentes lettres.

Enfin, les conférences de Londres ont décidé votre entière et complète indépendance. Les protocoles sont signés, voici les faits. Après mille difficultés, mille contestations que je vous épargne, on a enfin renoncé à l’idée, si fatale pour la Grèce, de laisser à la Porte l’option d’un territoire plus étendu avec suzeraineté et tribut, ou d’un territoire un peu moins grand, avec entière indépendance. Si cette fatale proposition avait été faite à la Porte, nous serions restés dans l’incertitude pendant des années. La France s’est fortement prononcée pour l’indépendance et le prince de Lieven et le comte Pozzo de Borgo ont appuyé de tout leur pouvoir, les vœux de la France. L’Angleterre qui tenait beaucoup

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à diminuer les limites du côté de la mer afin d’éloigner le nouvel état des îles Ioniennes, a cédé à ce désir. On a donc profité de l’article adopté par la Porte ; qu’ Elle s’en rapporterait pour les arrangements définitifs aux conférences de Londres, et les trois puissances lui signifieront ce qui a été fixé.

Vous perdez quelque chose en étendue, mais vous obtenez le bienfait inestimable, inappréciable d’être indépendants et de devenir un état de fait. L’avenir et la Providence feront le reste, je n’en doute pas. Remercions donc cette divine Providence de ce qu’elle a fait en votre faveur et, si nous partons du point de départ, nous devons dire mille fois alleluia!

Voici vos limites; compris l’île d’Oxia à l’entrée du golfe de Patras en suivant la rivière Aspropotamos, passant au milieu du lac Lysimachia (Angelocastro) et au milieu du lac Trichonium (lac de Vrachori), suivant le mont Aninos, passant au mont Oeta jusqu’à l’embouchure du fleuve Sperchios, l’île de Negrepont et toutes les îles dans cette ligne. Militairement, cette limite n’est pas bonne; il en résultera des inconvénients; mais pouvait-on acheter à meilleur marché l’indépendance? Cet heureux mot, ce mot si honorable pour les Grecs fait tout trouver beau. D’ailleurs, je le répète, l’avenir est pour vous; vous êtes appelés à devenir une nation civilisée, florissante et puissante; mais prudence et sagesse, laissons faire le temps et la main puissante qui dirige les événements. La couronne grecque a décidément été offerte au Prince Léopold par les trois puissances, mais, prudemment, le prince a fait plusieurs demandes en faveur de sa nouvelle patrie. Les principales ont été la réunion de Candie, le secours d’un emprunt et, momentanément, une force armée étrangère. Jusqu’à présent, le prince Léopold n’a donc point accepté d’une manière positive; mais tout annonce que la chose aura lieu.

Je crains beaucoup qu’il soit impossible d’obtenir la réunion de Candie; elle n’a jamais malheureusement été comprise dans les traités avec la Porte et ce serait compliquer de nouveau une question bien difficile. Tôt ou tard, cette île doit être réunie, il faut gémir des entraves et de ce que l’on ne fait pas de suite ce qui doit arriver forcément une fois.

La garantie de l’emprunt est une question vitale; le refus de l’Angleterre d’y participer entrave un secours si nécessaire à votre régénération. Espérons qu’on vaincra cette difficulté.

Quant à la force militaire, je crois qu’il n’y aura pas de difficulté à ce qu’on laisse encore quelque temps les troupes françaises.

J’ai écrit au prince de Cobourg en lui donnant quelques détails et en appuyant sur l’absolue nécessité d’un secours d’argent.

Paris, 20 février 1830

Je m’empresse de vous donner l’excellente nouvelle des décisions ultérieures que l’on vient de prendre à Londres. Comme il fallait soutenir le nouveau gouvernement du prince Léopold pour un envoi de troupes, l’Angleterre a trouvé qu’il n’était pas convenable de paraître imposer un gouvernement à la Grèce et que, si chaque puissance envoyait des troupes, ce serait en quelque sorte, se mêler des affaires intérieures d’un gouvernement qu’on vient de reconnaître indépendant. La cour de Londres a donc préféré aider le prince Léopold et la Grèce pour la garantie d’un

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emprunt. Le ministère anglais a consenti à se réunir aux deux autres puissances et à donner sa garantie à l’emprunt que la Grèce contractera. L’Angleterre consent également à ce que les troupes françaises continuent à rester en Grèce jusqu’à nouvel ordre. Ces deux nouvelles sont d’une bien haute importance et vous les recevrez avec autant de satisfaction que je vous les donne. L’ acceptation définitive du prince de Cobourg n’est pas encore arrivée; mais il n’y a maintenant plus de doute, et l’appui que les trois puissances viennent de donner à un emprunt le décidera à accepter.[...]

Θεοτόκης, σ. 282-284.

A S.A. R. Mgr le Prince de Saxe-Cobourg à Londres.

Paris, 12 février 1830

Monseigneur,

Le comte Capodistrias a reçu les secours que je lui avais envoyés le 18 novembre; cet argent ne pouvait arriver dans un moment plus important pour maintenir l’ordre et la tranquillité. Le Président m’a écrit le 22 novembre. Les 11 décembre, 31 décembre et 6 janvier, toutes ses lettres peignent sa position critique; on comprend que l’état d’incertitude sur les délimitations, sur l’indépendance et sur la forme du gouvernement devait laisser un vaste champ aux intrigues et aux intrigants. Si les troupes françaises s’étaient toutes embarquées et si les fonds avaient manqué, on ne peut mettre en doute que la misère et la malveillance n’eussent ramené l’anarchie; heureusement, le contre ordre pour le départ des troupes est arrivé assez à temps pour faire débarquer le reste de cette armée, au moment où les bâtiments allaient mettre à la voile.

Toutes les lettres du comte Capodistrias sollicitent des secours d’argent. Dans ses dernières du 31 décembre et du 6 janvier, il me dit que des intrigants avaient essayé de soulever l’armée, mais, qu’ayant pu payer la solde arriérée au moyen de mes 700 mille francs, il avait déjoué les intrigues. «Cependant, ajoute-t-il, si vous ne pouvez m’obtenir un secours d’au moins 800/m. frs., je ne peux répondre de la tranquillité.»

Depuis le 19 janvier, j’ai mis à sa disposition 100/m. frs. qui sont partis de Toulon le jour même, le 26 janvier j’ai fait expédier 600/m. frs pour la Russie et 600/m. frs de la France sont partis quelques jours plus tard. Ces secours suffiront aux besoins de la Grèce jusqu’à la fin d’avril, d’ici là, la position s’améliorera sensiblement et on trouvera facilement les moyens d’aider la Grèce. L’instant critique était celui que nous venons de passer parce que le gouvernement se trouvait au moment d’un changement annoncé aussitôt auprès de quelques chefs turbulents.

Aujourd’hui que la question importante de l’indépendance et de la délimitation est fixée et que V.A.R. va être reconnue pour souverain de la Grèce, je ne vois qu’un avenir brillant pour le nouvel état. L’effet de sa reconnaissance comme gouvernement monarchique, place de suite la Grèce dans une position qui lui assure l’amitié de toutes les puissances

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et des ressources de tout genre; mais pour faire valoir ces ressources, le pays ne peut se passer d’être aidé par un emprunt. La chose la plus convenable pour la Grèce et j’ose même dire pour les puissances qui sont en quelque sorte les «autrices» du nouvel état, serait qu’elles garantissent l’emprunt. Cependant, on peut douter que cette intention bienveillante puisse s’accomplir.

Aujourd’hui, je regarde comme très difficile que le ministère actuel puisse demander la chose aux Chambres et le refus de la France pourrait entraîner celui de la Russie. J’ai cherché à maintenir cette bienfaisante résolution de l’empereur Nicolas en écrivant au comte Matoushevitz et en lui envoyant une note dont j’ai l’honneur de remettre la copie à V.A.R.

Si les puissances ne peuvent donner leur garantie, je crois que l’on pourra conclure un emprunt sans cette garantie. J’ai déjà eu quelque offre à cet égard, mais ce serait avec regret que je verrais traiter cette affaire qui serait bien moins avantageuse pour la Grèce. Je le verrais avec d’autant plus de peine, que je regarde la garantie donnée par les puissances comme ne les exposant à aucun risque quelconque; car je ne saurais assez le répéter; la Grèce franchement protégée par les puissances, prendra rapidement son rang parmi les nations riches et civilisées et, avant peu, elle pourra se suffir à elle-même et payer ses dettes. L’emprunt sans garantie se ferait je crois, de 70 à 75, tandis que grec garanti, il se ferait au pair à 100.

Le comte Capodistrias attendait avec la plus vive impatience les décisions des conférences de Londres.

Il sera bien heureux lorsqu’il apprendra que V.A.R. a accepté la couronne de Grèce.

Le Comte me dit que toutes les difficultés qui existent seront aplanies du moment où les délimitations seront fixées d’une manière irrévocable; et, si la Grèce est mise au rang des nations libres et indépendantes, il ne refusera certainement pas de servir le nouveau souverain et qu’il tiendra à honneur de montrer ce dévouement à sa patrie.

Le Président continue à me faire le plus grand éloge du peuple, de sa soumission, de sa douceur et de son désir de tranquillité.

Il ne se plaint que d’une poignée de mécontents qui trament des complots contre l’ordre actuel des choses. «Jusqu’ici, ajoute-t-il, il n’y a que des menées et des paroles, mais si l’état d’incertitude régnait longtemps encore, il ne serait pas impossible qu’à la longue, on ne poussât ces miserables à quelque acte criminel tel que le non payement des impôts, la résistance aux ordres du gouvernement et les voies de fait qui en seraient la conséquence. Dans ce cas affligeant, mon parti est pris; je ferai respecter les lois et je tâcherai de maintenir l’ordre en n’épargnant aucun des coupables; mais il faut pour cela que le gouvernement ait de quoi payer ceux qui le servent, sans cela, je devrais armer la milice à la charge des provinces et légitimer en quelque sorte les abus dont ce malheureux et admirable pays est à peine soulagé.»

Les secours considérables que le comte Capodistrias aura reçus à la fin de janvier et au commencement de février auront calmé toutes ses inquiétudes.

J’espère que bientôt j’aurai l’honneur de voir V.A.R. à Paris mais,

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si Elle devait prolonger son séjour à Londres, je m’empresserais de lui faire passer les nouvelles que je recevrai.

Je suis avec respect.

J. G. Eynard.

Βλ. ακόμη την επιστολή του Εϋνάρδου, από Παρίσι, 24 Φεβρουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 181, σ. 286-287' συνημμένη η επιστολή του πρίγκηπα Lieven προς Εϋνάρδο, από Λονδίνο, 15 Φεβρουαρίου 1830, αρ. 182, σ. 287-288). Με την επιστολή του αυτή ο Εϋνάρδος ενημερώνει τον Καποδίστρια ότι στις 21 Φεβρουαρίου ο πρίγκηπας Λεοπόλδος του Σαξ Κοβούργου αποδέχθηκε τον Ελληνικό θρόνο. Επίσης, ότι τα Γαλλικά στρατεύματα θα επανέλθουν στην Ελλάδα και ότι οι Μεγάλες Δυνάμεις θα εγγυηθούν για το δάνειο που ζητά η Ελλάδα. Στην ίδια επιστολή του ο Καποδίστριας έχει ακόμη υπόψη του εκείνες που του έστειλε ο Εϋνάρδος από Παρίσι, 16 Φεβρουαρίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 183, σ. 289) και 6 Μαρτίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 184, σ. 289-293' συνημμένα τα αντίγραφα αρ. 185-188, σ. 294-299, της αλληλογραφίας Εϋνάρδου, πρίγκηπα Λεοπόλδου, πρίγκηπα Lieven). Δημοσιεύεται εδώ ολόκληρη η επιστολή του Εϋνάρδου της 6 Μαρτίου 1830:

Θεοτόκης, σ. 290-293.

(Lettre très confidentielle)

Paris, 6 Mars 1830

Mr Alopius vous remettra cette lettre et les duplicata de mes précédentes dépêches depuis le 18 février. Vous recevrez par le prince de Lieven et par le comte Pozzo di Borgo tous les détails qui ont rapport aux importantes décisions qui ont été prises pour la Grèce. Je peux vous certifier que vous avez eu, dans ces deux ambassadeurs, des amis dévoués à la cause de votre patrie. J’ai été témoin, ici, de l’habileté que le général a mis à défendre les intérêts des Hellènes.

J’ai reçu deux lettres extrêmement obligeantes du prince de Cobourg, je vous en remets copie, vous y verrez comment il a cherché à être utile à sa nouvelle patrie et qu’il a tout à fait réussi dans ses démarches. J’ai la plus grande espérance dans l’avenir et j’ai la meilleure opinion du Prince. La confiance qu’il aura en vous promet à la Grèce une Régénération bien rapide et l’assurance que vous avez maintenant d’être aidé par un emprunt, vous permettra de sortir du provisoire, si nuisible à l’organisation générale.

D’après les désirs du Prince, j’ai écrit au prince de Lieven; voici la copie de ma lettre. Si les trois puissances consentent à me demander de garantir chacune un million pendant 33 ans, nous pourrons faire l’emprunt à un prix fort avantageux; il suffira même que chaque puissance garantisse 800/mille francs, ce qui ferait 2.400.000 francs entre les trois, pour obtenir un capital de 60/millions à l’intérêt de 4% et peut-être même 3½ %. On ferait un amortissement assez considérable pour que l’emprunt fût racheté dans les 33 ans. Je désirais que les puissances consentissent à garantir collectivement, en faisant la déclaration morale que, quelque événement qu’il arrive, guerre ou non, l’emprunt serait exactement payé au porteur. La civilisation est assez avancée dans toute l’Europe pour espérer que les trois puissances consentiront

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à cette condition honorable pour elles; ce serait finir dignement l’intervention chrétienne en faveur de la Grèce.

Je crains beaucoup qu’un malentendu n’empêche que vous ne receviez une lettre du prince Léopold, à moins que vous ne la trouviez dans le paquet du prince de Lieven. Le comte Pozzo di Borgo ne pouvant retarder le départ plus tard que ce soir, il serait possible qu’une lettre du Prince ne fut pas arrivée. Je vous écris une lettre d’office pour vous annoncer l’acceptation définitive du Prince et tout ce qu’il a fait pour améliorer les conditions de sa nouvelle patrie. Je lui ai écrit que je consentais à rester à Paris jusqu’au mois de mai.

Je vous informe, par une autre lettre d’office, que j’ai réalisé £ S. 30.000 de bons grecs à de superbes prix, depuis 38 jusqu’à 44. Ces ventes ont produit frs. 302.143,10, que j’encaisserai le 5 avril en déduction de mes avances. La hausse rapide de ces fonds me fait la plus vive peine et je regretterai toute ma vie que nous n’ayons pas mis à exécution l’opération que j’avais combinée à Londres.

Maintenant que vous allez avoir des moyens considérables à votre disposition, je désirerais beaucoup que les 104.860 francs de bénéfice qui restent encore, fussent employés (au moins la moitié ou les 2/3) à augmenter les écoles; le reste pourrait vous servir à commercer à payer vos ministres ou chargés d’affaires. Comme les bons grecs qui restent en mes mains me garantissent plus que mes avances, vu leur hausse si rapide, je vous autorise par la présente, si vous aviez quelques besoins de fonds pressants, à fournir pour mon compte, sur MM. G. Odier et Cie de Paris, cent cinquante mille francs.

Maintenant que je vous écris par une occasion très sûre, je ne saurais assez vous dire toutes les difficultés que j’ai éprouvées ici, par la mauvaise volonté de Mr de Polignac réunie à celle du duc de Wellington; il paraît bien certain qu’on voulait l’anarchie en Grèce. On espérait par ce moyen vous dégoûter et vous forcer à partir, on voulait de plus que l’insurrection prouvât que les Grecs étaient indignes de la liberté, qu’ils ne méritaient que d’avoir la vie sauve, un territoire restreint et une espèce d’hospodarat. En refusant tout secours d’argent et en faisant revenir toutes les troupes, la crise était indubitable et le duc de Wellington qui poussait Mr de Polignac à ces mesures antifrançaises croyait que tout allait éclater. Mon arrivée à Paris a réellement été une oeuvre de la Providence. Si on m’avait dit en partant de Genève: «Vous ne pouvez décidément aller en Italie et vous serez retenu tout l’hiver à Paris, de plus vous échouerez dans toutes vos demandes de fonds et vous serez forcé d’exposer votre propre fortune, je crois que j’aurais reculé et bien décidément, j’aurais refusé d’envoyer une aussi forte somme. Eh bienl les événements ou plutôt la divine Providence, a arrangé les choses de manière à ce qu’au désir de vous servir, il s’est réuni un sentiment d’indignation qui m’a comme entraîné à me mettre en lieu et place de la France et à faire ce que son Ministre des Affaires Etrangères refusait si horriblement, si absurdement. Les autres ministres du Roi, ayant cherché à me prouver qu’il n’y avait pas mauvaise volonté chez Mr de Polignac et que, plus tard, les secours seraient envoyés, je finis par le croire et, lorsque vous m’écrivîtes de faire de nouvelles démarches, je crus de nouveau à la bonne foi de Mr de Polignac et qu’il n’avait été retenu que

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par timidité et parce qu’il croyait qu’il fallait demander de nouvelles autorisations aux Chambres. Comme une partie des secours que je sollicitai furent accordés, je vous écrivis même le 30 décembre que j’avais trouvé tout le monde plus favorable à la Grèce et même Mr de Polignac. Mais, ayant vu les retards inconcevables qu’il mit ensuite à exécuter les ordres du Roi, je me convainquis qu’il avait décidément les plus mauvaises dispositions pour les Grecs. Autant j’ai le droit de me plaindre de Mr de Polignac, autant je dois dire que tous les autres ministres, au moins ceux que j’ai vu, Mr de Hauser (Ministre de la Marine), Mr Courvoisier (Ministre de la Justice), Mr Chabrol (Ministre des Finances) Mr Bourmont (Ministre de la Guerre), ont toujours été portés pour la Grèce; mais l’affaire regardait le Ministre des Affaires Etrangères. Je ne puis ensuite assez me louer de Monseigneur le Dauphin; c’est à lui seul que vous devez que les troupes aient reçu le contre-ordre et c’est à lui qu’on doit le départ, quoique tardif, des 600/mille francs, le 22 janvier. Mr de Polignac, constamment opposé, a fait tout ce qu’il a pu pour nuire à la Grèce.

Les événements ayant depuis tourné favorablement, le Dauphin s’était prononcé et, ayant parlé au Roi plusieurs fois, Sa Majesté qui n’a jamais été contraire, s’est prononcée fortement pour l’indépendance. Mr le duc de Laval à Londres, s’est toujours montré très porté pour vous et pour la Grèce, (le jeune Lutteroth, un de ses secrétaires, a été fort utile à envoyer ces bonnes dispositions de l’ambassadeur). Le Roi enfin, ainsi que vous l’avez vu par l’audience qu’il m’a donné, étant loyalement et franchement le protecteur de votre cause, Mr de Polignac a été forcé de changer de conduite et de manières; nous le trouverons maintenant obligé de marcher. J’ai voulu vous donner tous ces details confidentiels pour vous mettre au fait de tout et vous montrer combien de difficultés on a cherché à susciter pour entraver votre restauration et que de miracles se sont opérés pour vous sauver. Je suppose maintenant que Mr de Polignac, suivant le caractère jésuitique, paraîtra très favorable à votre cause. Je ferai semblant de le croire et j’oublierai même volontiers tout ce qu’il a fait, s’il revient réellement de bonne foi à une politique plus loyale.

La France est dans une vraie crise politique, sa tranquillité ne peut pas être troublée parce que la grande masse du peuple est sage et ne désire que la tranquillité ; mais il y a une grande irritation dans la Chambre des Députés. Je ne vois aucun moyen de rapprochement et tout semble annoncer que la Chambre sera prorogée ou dissoute. Je vois les honnêtes gens très effrayés et surtout très tristes; cette nation française qui a tant de qualités aimables et généreuses, est encore bien jeune pour tout ce qui fait les hommes d’état.

Le 7 Mars

Je suis presque certain que le prince Léopold a l’intention de vous nommer son lieutenant général; mais probablement il aura besoin de grands ménagements avec l’Angleterre et peut-être ne déclarera-t-il pas la chose de suite. Il est très important pour lui, pour la Grèce et pour vous de ne rien précipiter et de ne pas entreprendre importunément

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ce qui pourrait suivre; par exemple l’importante affaire de l’emprunt doit être tout à fait arrêtée et la somme fixée car, sans cela, l’Angleterre pourrait chercher à la réduire. Je vous remets, ci-joint, la copie de la lettre que j’adresse aujourd’hui au prince Léopold sur cet emprunt.

Adieu, mon cher Comte, je vous embrasse aussi tendrement que je vous aime.

J.G. Eynard

Ceux qui sont le plus attachés à la Grèce disent maintenant que le pays va avoir de grandes ressources par l’emprunt; il ne faudrait pas que tous ceux qui croyent avoir quelques droits à des recompenses (on parle des habitants) fissent des démarches d’argent. Le Président ne devrait récompenser qu’en donnant des terres et point d’argent ou, tout au plus, de quoi acheter des bénéfices, des outils et des semences; il y aurait ainsi double avantage d’encourager l’agriculture et de récompenser, sans appauvrir la Grèce.

P.S. On me dit à l’instant que les fonds grecs sont montés à Londres à 47, quelle folie !

Vous savez que vous avez encore £ S. 4723-8-6 chez le prince de Lieven; cette somme est là, à votre disposition.

Δημοσιεύονται, ακόμη, δύο επιστολές του πρίγκηπα Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου προς τον Εϋνάρδο και η απάντηση του τελευταίου:

Θεοτόκης, σ. 294-298.

Première

Copie de la lettre autographe écrite par S.A. R. le Prince Léopold à M. Eynard.

Claremont, le 27 Février 1830

Monsieur,

Depuis longtemps j’avais le désir de m’entretenir avec vous, mais l’incertitude dans laquelle se trouvaient les négociations me le rendait impossible.

Depuis le 24, l’affaire a été tout à fait terminée et je saisis le premier moment libre pour vous remercier de votre lettre.

J’ai fait tout ce qu’il a été possible de faire dans les circonstances actuelles pour les intérêts de la Grèce et je crois que tous ceux qui prennent un intérêt à sa prospérité et ne s’en occupent pas seulement comme d’une affaire de parti, en éprouveront de la satisfaction. Les résultats des discussions pénibles qui ont précédé mon acceptation de l’offre flatteuse que les puissances alliées ont bien voulu me faire, prouveront que j’ai les intérêts de mon nouveau pays à cœur et que j’ai agi avec une indépendance qui, j’ai lieu de croire, eût été difficile pour un individu autrement situé que moi.

Veuillez vous mettre en communication avec le prince de Lieven relativement à l’emprunt. Pour ne pas préjuger et le conformer à ce que demanderont les besoins de la Grèce, l’emprunt n’est pas précisé dans le Protocole du 3 février.

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Les conditions pourront être très favorables sous le rapport des intérêts et 4% ou 4½ me paraissent suffisants pour l’avoir au pair.

Il faudra actuellement commencer par envoyer des fonds au Cte Capodistrias, non seulement pour les dépenses courantes, mais principalement pour liquider l’arriéré dû à l’armée irrégulière. Pour l’ancienne dette, je crois qu’il sera indispensable de faire sentir au public qu’elle devra être réduite à sa véritable valeur. Le système que les PaysBas ont suivi dans leur réduction me paraît le plus sage, le plus équitable. Les arrangements relatifs à tout ceci deviennent importants par la hausse rapide de ces fonds et la réaction désagréable qui résulterait si on ne s’énonçait pas à leur sujet.

Je compte être à Paris le 10 ou 11 du mois prochain où j’espère vous exprimer, de vive-voix, que j’ai partagé bien sincèrement et depuis longtemps, les sentiments que la Grèce et son Président vous ont voué en reconnaissance des services éclatants que vous avez rendus à la cause de ce pays.

Veuillez me croire, Monsieur, Votre bien dévoué Serviteur.

Léopold

(Seconde lettre)

Copie de la lettre autographe écrite par S.A. R. le prince Léopold à M. Eynard.

Malborough house, le 27 Février 1820

Monsieur,

Je viens de recevoir vos intéressantes communications du 24 février pour lesquelles je vous remercie de tout mon cœur. Je crois que la conversation que vous avez eue le 23 avec le Roi ne peut qu’exercer une influence très utile. Votre note se trouve rédigée exactement dans les mêmes vues dans lesquelles j’avais fait mes représentations au sujet de Candie. Pour le moment, il est impossible pour des circonstances adverses, d’obtenir des résultats plus favorables mais il faut espérer dans l’avenir, et des vérités fortement énoncées ne laissent pas de faire quelque impression.

Je vous ai déjà exprimé avec franchise, dans ma dernière lettre, mes sentiments relativement à vous-même. Je ne puis donc que répéter que j’apprécie autant que le Cte Capodistrias les services éminents que vous avez rendus à la Grèce, sans vous laisser décourager par la position presque désespérée de ce malheureux pays.

Je réclame la continuation d’un aussi beau dévouement et j’espère que vous jouirez bientôt du fruit de vos généreux efforts. Pour cet effet, je vous prierais de continuer à servir la cause de la Grèce dans l’importante crise dans laquelle elle se trouve actuellement.

Je vous renvoye les pleins-pouvoirs du gouvernement provisoire qui,

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pour le moment, se trouvent encore valides et je vous en ferai parvenir de ma part aussitôt que je pourrai.

J’espère encore arriver à peu près à l’époque que je vous avais indiquée à Paris, il se pourrait, cependant, que ce fut un peu plus tard. En attendant, agréez l’assurance de la considération distinguée avec laquelle je suis,

Monsieur, Votre très dévoué Serviteur.

Léopold.

Copie de la lettre de Mr Eynard à S.A. R. le Prince de Cobourg.

Paris, le 16 Mars 1830

Monseigneur,

J’ai eu l’honneur d’écrire le 3 mars à V.A.R. en la prévenant de la lettre que j’avais adressée au prince de Lieven, suivant l’invitation de V.A. R.

Aux détails que j’ai donnés au prince de Lieven, j’ajouterai que je crois possible d’obtenir un emprunt au taux de 3½ % d’intérêt, au cours de 90 environ, si les trois puissances donnent, pendant 30 à 33 ans, leur garantie à l’exact payement des intérêts. Dans ma lettre à l’ambassadeur de Russie, j’avais demandé que chaque puissance s’obligeât à garantir un million par année. A la rigueur, on pourrait se contenter d’une garantie de 800.000 francs pendant 33 ans; soit 2.400.000 entre les trois puissances.

Je désirerais que la garantie fût collective et que les trois gouvernements bienfaiteurs déclarassent que cet emprunt sera à l’abri de tous les événements politiques et sera toujours payé qu’il y ait guerre ou non entre les puissances garantes.

Cette condition, toute morale, honorerait les bienfaiteurs et prouverait au monde entier le haut point de civilisation de l’Europe qui ne veut plus que de guerres politiques puissent nuire à l’intérêt des particuliers. Une garantie collective, donnée d’une manière aussi loyale et aussi bienveillante, montrerait aussi les vues désintéressées des puissances et que leur coopération a été aussi généreuse que chrétienne.

Aujourd’hui, le point important est que les trois ministres qui ont été chargés de traiter à Londres les affaires de la Grèce veuillent bien fixer que, pendant 39 ans, une somme de 800.000 à 1.000.000 sera garantie aux prêteurs par chaque puissance soit 2.400.000 frs. à 3.000.000 frs. collectivement, à condition qu’un amortissement d’un et demi à 1 2/3 soit établi, afin que l’emprunt soit entièrement racheté dans le délai de 33 ans (1½ % de l’emprunt affecté à l’amortissement est suffisant pour éteindre la dette en 33 ans).

Pour la sûreté des puissances bienfaitrices et afin que leur garantie ne fût que morale, il serait établi que les 2.400.000 ou les 3.000.000 nécessaires pour payer les intérêts ainsi que la somme

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destinée à l’amortissement seraient versées en Grèce même, entre les mains d’un agent des trois puissances et on lui assignerait les rentrées les plus liquides du nouvel état. Cet agent serait chargé d’envoyer à la maison de banque chargée de payer les intérêts de l’emprunt, les fonds qu’il aurait encaissés en Grèce. Les porteurs de l’emprunt se présenteraient dans cette maison pour y percevoir les intérêts échus mais, comme les puissances seraient garantes, sur le simple refus de payer à l’exacte échéance, les porteurs auraient le droit de se présenter au Trésor ou à la personne indiquée par les puissances pour payer à défaut de la Grèce.

Les intérêts de l’emprunt devraient être payés à Paris comme point le plus central. Comme la Grèce n’aura besoin que successivement dans le délai de 5 années de la totalité de l’emprunt et que peut-être même, elle n’aura pas besoin de toute la somme, on ne négocierait pour le moment que le quart de l’emprunt. Mais il est, cependant, nécessaire que dès à présent et pendant que les ministres sont réunis et les puissances bien disposées, on spécifie d’une manière bien positive, que les trois nations s’engagent à garantir, pendant 33 ans, les intérêts d’un emprunt qui pourra être porté, dans le délai de 5 années, jusqu’à 2.400.000 à 3.000.000 frs, en spécifiant d’ailleurs toutes les garanties que les puissances pourront désirer pour leur sûreté.

J’ose, Monseigneur, insister auprès de V.A.R. pour qu’Elle fasse toutes les démarches nécessaires avant de quitter Londres, afin d’obtenir les bases que je viens de me permettre de tracer.

J’ai écrit au comte Capodistrias en lui envoyant la lettre d’office dont j’ai l’honneur de remettre copie à V.A.R.

Je suis avec respect, etc.

J. G. Eynard

Τέλος, στην επιστολή του ο Καποδίστριας είχε υπόψη του εκείνην που του έστειλε ο Εϋνάρδος, από Παρίσι, 7 Μαρτίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 189, σ. 299 σε περίληψη).

17. (σ. 50-51).

Βλ. την επιστολή του Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου, από Παρίσι, 22 Απριλίου

1830.

Correspondance, τόμος IV, σ. 45-46.

Paris, 22 avril 1830

Mon cher comte,

Il s’offre une occasion de vous écrire, et je la saisis avec empressement.

Le chevalier Eynard m’a donné de vos nouvelles, et vous aura tenu au courant. Une affaire bien importante m’occupe dans ce moment-ci. Les Puissances ont exprimé le désir de voir la Grèce indépendante; pour des moyens physiques, elles ne lui en ont point accordé; il faut donc y suppléer par les ressources pénuniaires qui lui donneront une

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force morale. Dans ceci il ne s’agirait pas seulement du budget, mais de créer cette existence saine qui manque encore au pays.

Vous vous souviendrez que l’ancienne proposition avait été de garantir une rente de 3.000.000 de francs à la Grèce, ce qui aurait donné un capital d’au moins 75.000.000. Jai été bien plus modeste que cela; je ne demande qu’un emprunt de 60.000.000. Cependant on se refuse à cet arrangement, et on veut limiter l’emprunt à 36.000.000.

Je me suis prononcé contre cet arrangement, puisque le capital ne me paraît pas suffisant, et qu’il faut pourtant un peu songer à la possibilité de se débarrasser en quelque sorte de l’ancienne dette. J’ai déclaré que je résignerai, si on ne m’écoute pas, et le coup décisif doit être bientôt porté.

Il est donc possible que la chose soit rompue; peut-être il vous arrivera finalement un autre prince. Je puis cependant en conscience vous dire qu’il sera difficile à qui que ce soit d’avoir les véritables intérêts de la Grèce plus à cœur que moi je les ai eus.

J’ai entendu dire qu’on avait exprimé de la répugnance par-ci par-là de m’avoir pour souverain. Je vous supplie de me faire connaître la vérité, car pour rien au monde je ne voudrais être imposé aux Grecs.

Le véritable traité doit encore se faire; on paraît désireux de m’éloigner, mais je vois qu’il est urgent pour les intérêts de la Grèce qu’il se fasse pendant que je serai à Londres, où je me rends incessamment.

Agréez l’expression de ma sincère amitié, ainsi que de la haute considération avec laquelle je suis, mon cher comte, votre très-dévoué.

Léopold

18. (σ. 51 - 52).

Βλ. τις επιστολές του Εϋνάρδου, από Παρίσι, 23 Απριλίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 190, σ. 300-301) και 30 Απριλίου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 192, σ. 301-304- συνημμένο υπόμνημα του Εϋνάρδου προς τη διάσκεψη του Λονδίνου, 28 Απριλίου 1830, αρ. 193, σ. 304-305). Δημοσιεύεται εδώ η επιστολή του Εϋνάρδου της 23 Απριλίου, με την οποία ο Καποδίστριας πληροφορείται για τις εξελίξεις στα ελληνικά θέματα:

Θεοτόκης, σ. 300-301.

Paris, le 23 Avril 1830

Mon cher Comte,

Il y a bien longtemps que je ne vous ai pas écrit; j’espérais toujours pouvoir vous annoncer que les arrangements d’argent étaient définitivement terminés avec le prince Léopold, mais malheureusement, il n’en est rien encore et au contraire, les choses s’embrouillent. J’ai trouvé le Prince très bon Grec et rempli d’estime et de confiance pour vous; mais il tient absolument à obtenir la garantie d’un emprunt de 60.000.000 et les puissances ne veulent donner que 1500/mille £ S., soit environ 38/millions. L’Angleterre s’est prononcée d’une manière positive à ne pas vouloir augmenter la somme. La France qui a déjà fait tant de sacrifices, dit qu’elle ne peut rien donner de plus que l’Angleterre et s’est réunie à l’opinion du cabinet de Londres. La Russie serait disposée à accorder

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les 60/millions mais elle ne peut se séparer des deux autres puissances. Depuis 15 jours que le Prince est ici, je fais mes efforts pour rapprocher les partis mais, de part et d’autre, il y a obstination. Cet état d’incertitude est d’autant plus cruel qu’il faut vous envoyer des secours. Comme je prévois des longueurs, je suis venu de nouveau à votre aide. J’ai fait expédier à Toulon frs. 154.860. Les barils porteront:

Frs. 50.000, argent pour encourager l’agriculture. c’est le solde des bénéfices

Frs. 54.860, argent pour les écoles élémentaires. que j’avais retenu et que je remets

Frs. 50.000 pour le gouvernement grec. vu vos besoins

Vous donnerez aux deux premières parties la destination indiquée mais, si vous avez des dépenses plus pressantes, empruntez cette somme à l’agriculture et aux écoles et vous la rendrez plus tard.

J’espère encore que les choses s’arrangeront avec le prince Léopold et qu’un mezzo termine sera adopté. Je vois avec douleur qu’il commence à y avoir assez d’aigreur; mon rôle est difficile, car je dois ménager les deux parties et, au fait, je suis forcé d’avouer que, des deux côtés, il y a de bonnes raisons à donner. Je suis très fâché d’avoir ces nouvelles à vous transmettre, mais je ne pouvais plus retarder de vous écrire.

Le Courrier Anglais s’était permis contre vous l’article le plus indécent; j’y ai répondu par une lettre qui a été généralement approuvée, la voici ci-j ointe.

Adieu, mon cher Comte, j’espère vous donner bientôt de meilleures nouvelles.

Votre tout dévoué

J.G. Eynard

Επίσης, δημοσιεύεται απόσπασμα από την επιστολή της 30 Απριλίου, με την οποία ο Εϋνάρδος ενημερώνει τον Καποδίστρια για τη θετική απάντηση της διάσκεψης του Λονδίνου σχετικά με το δάνειο.

Θεοτόκης, σ. 302-303.

Paris, 30 Avril 1830

Mon cher Comte,

J’ai le plaisir de vous apprendre aujourd’hui, que la| Conférence de Londres a accordé l’emprunt de 60/millions au prince Léopold. Voici ce qui s’est passé depuis ma lettre du 23 avril. Les trois ministres ici, Mr de Polignac, lord Steward et le Comte Pozzo di Borgo n’ont cessé chaque jour, surtout les deux premiers, de faire leurs efforts auprès du Prince pour obtenir qu’il se contentât de 1500/mille £ S. Mais S.A. R. a tenu ferme à sa première demande, Elle n’a cessé de répondre que les limites étant mauvaises, il fallait compenser ces difficultés qui nécessiteraient de bâtir des forteresses par de l’argent. J’ai vu plusieurs fois les choses au moment de s’embrouiller. Le Roi qui a très bien reçu le Prince, lui a répondu qu’il ne pouvait augmenter la somme offerte,

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à moins que l’Angleterre n’y consentit. Enfin, le Prince est parti pour Londres sans avoir rien obtenu et très décidé à tenir ferme. Lord Steward avait écrit à Londres 5 à 6 jours avant ce départ à Lord Aberdeen qui écrivait toujours que, puisque mon opinion avait été que 40/millions étaient suffisants, il y avait de la mauvaise volonté au prince Léopold à refuser cette somme. En lui remettant une lettre de moi où j’expliquais que tous les rapports que le Prince avait reçus des personnes les plus portées à voir en beau les affaires de la Grèce avaient été d’accord, qu’ il fallait au moins 60/millions que, quoique mon avis fût qu’un secours un peu moins fort pût servir à la rigueur, je ne pouvais espérer de faire prévaloir mon opinion sur celle générale, qu’ il fallait beaucoup d’argent, que tous les Anglais surtout, ne cessaient de dire au Prince que, sans une somme très forte, la Grèce ne pouvait s’organiser, que si j’avais pensé dans le temps que 40/millions pourraient suffir, c’était parce que, accoutumé à voir la Grèce soutenue comme par miracle avec des moyens si mesquins, j’avais trouvé par comparaison que 1500/mille £ S. était une somme considérable, mais que je croyais devoir dire avec franchise aujourd’hui, que je regardais comme impossible de persuader le Prince de se contenter d’une somme moins forte et qu’il finirait par reconcer à la souveraineté de la Grèce. Je ne sais si cette lettre a produit de l’effet sur lord Aberdeen et sur le duc de Wellington, mais hier, est arrivé un courrier annonçant que lord Aberdeen avait consenti à donner 800/mille £ S. pour l’Angleterre. Les deux autres ministres, le duc de Laval et le prince de Lieven, ont approuvé cette somme et, à la Conférence, il a été décidé qu’un emprunt de 60/millions serait garanti par tiers, respectivement par chaque puissance, pendant 30 ans.

Les payements se feraient successivement aux époques demandées par le prince Léopold.

Les intérêts seront payés par la Grèce, un fond d’amortissement sera créé à raison de 2/millions par année.

Le gouvernement grec assurera les payements en assignant aux contractants quelques branches spéciales de revenus, etc. etc.

Le prince Léopold en arrivant à Londres, aura donc trouvé l’affaire décidée. J’espère maintenant qu’il n’y aura plus de difficultés.

Avant hier, dans la crainte où j’etais que de nouvelles entraves vinssent empêcher l’envoi d’argent dont vous avez eu si grand besoin, j’écrivis à la Conférence la lettre dont je vous remets ci-joint copie; j’aime à penser qu’elle décidera à l’expédition immédiate de 1.200/mille francs. J’ai envoyé cette lettre au prince Léopold; s’il approuve ma démarche, il enverra la lettre à la Conférence.

J’espère que les 154.860 francs vous seront arrivés; je vous confirme que, si vos besoins l’exigent, vous pouvez fournir sur MM. G. Odier et Cie de Paris.

Comme l’emprunt va vous procurer des fonds, je désire beaucoup que notre nouveau décret sur la Banque Nationale n’ait pas eu son exécution en plein, car il ne convient plus à la Banque de prendre de l’argent à 8% .Si toutes les actions ne sont pas prises, je vous engage à les arrêter pour le gouvernement même. On verserait alors à la Banque 4 à 500/ mille piastres fortes (ισπανικά τάλληρα). Cette somme serait prêtée aux marins et aux cultivateurs à la mesure de leurs besoins et ils en payeraient

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les intérêts à la Banque à 8%. De cette manière, l’établissement deviendrait une caisse ou banque hypothécaire pour aider le commerce et l’agriculture. Le but serait tout à fait changé, c.à.d. que le gouvernement grec, au lieu d’emprunter, prêterait lui-même; ce qui serait bien plus honorable et plus avantageux. Aussitôt que vous aurez le moyen de le faire, il faudra donner cette application à votre établissement.

Agréez mes tendres et respectueuses amitiés

J. G. Eynard

20. (σ. 55-57).

Βλ. την επιστολή του Ι.-Γ. Εϋνάρδου της 30 Απριλίου, στη σημείωση της επιστολής 18, σ. 234-236. Επίσης, την επιστολή του Εϋνάρδου, από Παρίσι, 24 Μαΐου 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 196, σ. 306-308’ συνημμένες οι επιστολές αρ. 197-200, σ. 308-314, οι οποίες αναφέρονται στη δραστηριότητα του Εϋνάρδου να εξασφαλίσει βοηθήματα στον Καποδίστρια). Δημοσιεύεται στη συνέχεια η επιστολή της 24 Μαΐου, με την οποία ο Εϋνάρδος ανακοινώνει την παραίτηση του Λεοπόλδου.

Θεοτόκης, σ. 306-308.

Paris, 24 Mai 1830

Mon cher Comte,

Ma dernière lettre était du 20 Avril; depuis lors, que de choses se sont passées! Je vous épargne tous les détails de correspondance avec le prince Léopold et je viens vous apprendre, avec autant de chagrin que de surprise, que S.A. R. a définitivement refusé la sauveraineté de la Grèce. La nouvelle est arrivée hier soir par le télégraphe, je l’ai appris au cercle du Boi. Vous ne pouvez vous faire une idée du mécontentement de Sa Majesté; il sera partagé d’une manière bien complète par l’empereur de Russie. Tous les ministres sont furieux, et il y a de quoi.

J’ai reçu vos lettres des 6 et 24 Avril. J’ai communiqué aux ministres votre détresse; la nécessité de vous secourir et de consolider votre pouvoir. J’espère que mes démarches auront des résultats et que la Conférence se hâtera de décider qu’un secours provisoire de 12 à 1500 mille francs vous sera envoyé immédiatement. Cependant, comme tout retard peut causer un mal incalculable en Grèce et que ce retard est inévitable avec trois puissances qui ne veulent rien faire que d’accord, je me suis encore décidé à vous secourir seul et, le 19 Mai, j’ai fait partir pour Toulon 350/mille francs. Le Ministre de la Marine dont je ne saurais assez louer la bonne volonté, a mis un bâtiment à ma disposition. J’espère donc que vous recevrez ce secours avant le 15 Juin.

Je vous remets, ci-joint, les copies de toutes les lettres que j’ai écrites aux différents ministres pour leur faire sentir l’absolue nécessité de vous secourir.

L’inconcevable refus du prince Léopold remet tout en question; le provisoire va de nouveau régner en Grèce; mais j’espère que la conférence sentira qu’il faut absolument que les trois résidents fassent une démarche aii nom de leurs cours respectives, pour annoncer à la Grèce que, jusqu’à ce qu’un prince souverain soit arrivé, le Président exercera l’autorité souveraine dans toute son étendue.

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Depuis 20 jours, le prince Léopold cherchait tous les prétextes pour se dégager, il s’est servi de la représentation respectueuse du Sénat pour écrire qu’il renonçait à la souveraineté. S’il avait eu de l’énergie, vos lettres devaient au contraire hâter ses décisions. Mais les difficultés l’ont effrayé et il a renoncé à jouer ce beau rôle auquel la Providence le destinait. Puisqu’il a refusé, il n’était pas digne de le remplir; c’est la consolation qu’on peur avoir. Au reste, il faut aussi convenir que les objections qu’il a faites dans le commencement ont été très utiles puisqu’il a obtenu 60/millions et, la chose ayant été décidée à la conférence, elle sera établie pour tout autre souverain.

Aujourd’hui, les candidats qui se présentent avec des avantages divers sont: le prince Frédéric des Pays-Bas et un des fils mineurs du roi de Bavière. L’Angleterre porte le premier, la France le second. La Russie acceptera, je crois, l’un ou l’autre, mais elle penche pour le prince Frédéric.

Une chose fort importante dans ce moment, c’est que les troupes françaises soient renforcées. Vous ne pouvez éviter un moment de crise lorsqu’on apprendra en Grèce le refus du Prince; mais avec vos talents, votre patriotisme, votre fermeté et surtout l’appui de la Providence vous vous en tirerez.

Le prince Soutzo qui m’est toujours fort utile, m’a accompagné, ce matin, chez le général Champagny (aide-de-camp du Dauphin), remplissant les fonctions de Ministre de la Guerre. Nous avons à peu près obtenu sa promesse que l’on vous enverra 12 à 1500 hommes et qu’on laissera en Grèce, jusqu’à nouvel ordre, le même nombre de troupes qui devaient en revenir. M. le colonel Marnier, chef d’état-major du général Schneider, accompagnera les troupes qui vont s’embarquer. Cet officier est tout à fait dévoué à la cause grecque et je vous le recommande très particulièrement.

Adieu, mon cher Comte, je vous promets de vous tenir au courant de tout ce qui se fera. Le comte Mattouschevitz est arrivé il y a quelques jours, il dit que l’Empereur sera très irrité contre le prince Léopold dont la conduite est inexplicable, on ne saurait assez le répéter. Le comte Mattouschevitz comprend la difficulté de votre position et il m’a promis de tout faire pour me seconder; je lui ai communiqué toutes les lettres que j’ai écrites et il les a approuvées.

Mille et mille tendres amitiés. Combien je pense à vous. Votre dévoué

J. G. Eynard

Δημοσιεύεται, επίσης, η επιστολή του Εϋνάρδου, προς τον κόμητα Nesselrode, επειδή ανακεφαλαιώνει την κατάσταση που έχει διαμορφωθεί στο Ελληνικό ζήτημα το Μάϊο του 1830 (Θεοτόκης, Αλληλογραφία, αρ. 199, σ. 310-312).

Θεοτόκης, σ. 310-312.

A S. Ε. le Comte Nesselrode

Paris, le 21 Mai 1830

Monsieur le Comte,

Je m’étais flatté en vous écrivant le 5 Mai que les choses pourraient s’arranger avec le prince de Cobourg. J’avais continué à correspondre

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avec lui et, quoique je visse peu de bonne volonté, je ne pouvais croire qu’il retirât la parole donnée après avoir obtenu de la conférence toutes les concessions compatibles avec les circonstances. Mais quel a été mon étonnement, mon chagrin, je dirai même mon indignation, en apprenant hier que, sous le vain prétexte des nouvelles reçues de la Grèce, il renonçait à la souveraineté de ce pays. Je ne sais vraiment de quelle expression me servir contre une pareille conduite.

J’ai communiqué à Mr le comte Mattouschevitz toute ma correspondance avec le Prince, celle avec le prince de Lieven et celle avec le Cte Capodistrias. Il a pu se convaincre que la conduite du Cte Capodistrias à l’occasion de la nomination du prince de Cobourg ne pouvait être plus convenable. Dès le moment que le Président a connu les protocoles, il a fait tout ce qui était humainement possible pour détruire les impressions fâcheuses et calmer les irritations blessées en faisant voir tous les côtés avantageux. Je remets à S.E. la copie d’une lettre particulière du Cte Capodistrias et d’une lettre du payeur de l’armée française. Je les ai également communiquées à Messieurs Mattouschevitz et Pozzo di Borgo. L’empressement que tout le monde mettait à appeler le prince Léopold et surtout la manière franche et loyale du Cte Capodistrias, devaient être un stimulant pour le nouveau souverain. Loin de là, il semble chercher les plus mauvais prétextes pour refuser. Les observations du Sénat n’étaient pas faites pour blesser; elles étaient même naturelles de la part d’un corps qui se voyait au moment de ne plus exister, c’était une espèce de testament obligé par l’effet du Congrès d’Argos. Ce Sénat tenant ses pouvoirs de ce Congrès, n’a pu agir autrement. Il faut encore admirer que le Cte Capodistrias soit parvenu à calmer les partis et à obtenir cette délibération respectueuse. Les lettres particulières du Président que j’ai envoyées au prince Léopold le 19 Mai, par un courrier, lui auront prouvé avec quelle impatience il était attendu par tout le monde. Peut-être ces lettres où le Président montre toute la loyauté de son caractère feront-elles revenir le Prince; mais réellement, avec cette indécision de caractère, avec ce manque d’énergie doit-on aujourd’hui désirer pour la Grèce un pareil souverain?

Toutes ces cruelles incertitudes sont des plus fatales à la Grèce; non seulement tout s’y désorganise, mais la position du Cte Capodistrias devient prerque intenable. Son autorité a dû s’affaiblir et, si à tous ces contre temps se joint le manque de fonds, je ne sais vraiment ce que la Grèce deviendra.

Depuis le 27 Avril, j’ai commencé à écrire au prince de Lieven sur la nécessité d’un secours. Il me répondit que ma demande aurait été présentée à la conférence mais que les 60.000.000 ayant été accordés, toutes les difficultés allaient être levées. Le Prince cherchant maintenant des prétextes pour se dégager, cette affaire ne peut se décider.

Aujourd’hui le danger augmente; on peut dire que la maison brûle et que si on ne se hâte d’apporter du secours, l’œuvre des puissances sera détruite. J’ai sollicité le Cte Pozzo di Borgo de m’autoriser à envoyer pour votre cour, un secours provisoire. Il m’a répondu que la chose ne pouvait, maintenant, s’accorder que par la conférence. J’ai également sollicité un secours de Mr de Polignac, il m’a dit que, d’après mes premières demandes, il avait autorisé Mr de Laval à donner 500.000 frs. si l’An-

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gleterre consentait à donner la même somme. J’ai écrit à lord Steward une lettre qu’il enverra à lord Aberdeen. Je comprends que le refus du prince Léopold complique tout, entrave tout, mais cependant, il faut sauver la Grèce; on ne peut abandonner le malheureux Cte Capodistrias.

Dans cet état d’angoisse, je me suis décidé à faire un nouvel effort et j’ai fait expédier 350.000 frs. en Grèce; 110.000 frs. me seront remboursés par des fonds que le Cte Capodistrias doit avoir à Londres chez le prince de Lieven, le reste sera payé par moi et l’on m’en remboursera plus tard avec le produit de l’emprunt.

S’il faut faire une nouvelle avance, je la ferai, mais alors, le prince de Lieven ou le Cte du Mattouschevitz me permettront de me la faire rendre. Si les trois puissances ne peuvent s’entendre sur le choix d’un nouveau candidat, elles devraient, tout en confirmant que la Grèce aura un gouvernement monarchique, établir que pendant l’interrègne, les puissances concèdent au Président de la Grèce, le pouvoir du souverain.

Il est absolument nécessaire que l’on raffermisse provisoirement le pouvoir du Président par un appui formel au nom des trois cours alliées.

L’arrivée du Cte de Mattouschevitz et mon départ qui aura lieu dans trois semaines, me priveront de l’honneur d’écrire de nouveau à V.E.; mais la santé de ma femme réclame impérieusement mon départ pour les eaux de Bonn.

Je suis vivement peiné, Mr le Comte, de ce que ma dernière lettre vous annonce des nouvelles si contraires à ce que vous deviez attendre. La conduite si magnanime, si généreuse de votre auguste monarque devait avoir appiani toutes les difficultés mais ces contrariétés ne seront que momentannées. La Grèce sera sauvée, j’en ai toujours la plus entière conviction et cette conviction est loin d’être ébranlée.

J’ai l’honneur etc.

J. G. Eynard

Στη συνέχεια, παρατίθεται η επιστολή του Εϋνάρδου προς τον πρίγκηπα Lieven, πρεσβευτή της Ρωσίας στο Λονδίνο (Θεοτόκης, Αλληλογραφία. αρ. 200, σ. 312-314).

Θεοτόκης, σ. 313-314.

A S. A. le Prince de Lieven

Paris, le 23 Mai 1830

Mon Prince,

Depuis la lettre que j’ai eu l’honneur d’écrire à S.A., le Cte Mattouschevitz est arrivé et nous avons eu la douleur d’apprendre le refus du prince Léopold. Je ne sais de quelle expression me servir pour qualifier la conduite du Prince. D’après tout ce qui s’était passé devait-on s’attendre à un pareil résultat?

Les lettres particulières qur j’ai reçues du Cte Capodistrias, celles que j’ai envoyées au prince Léopold étaient toutes favorables au nouveau souverain et témoignaient le plus vif désir de le voir arriver.

Enfin, les regrets sont inutiles, on ne sait même s’il faut en avoir,

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    Σελίδα: 220

    Ο Εϋνάρδος ενημερώνει, επίσης, τον Καποδίστρια για τις εξελίξεις στο θέμα του υποψήφιου για τον ελληνικό θρόνο,

    Θεοτόκης, σ. 247-248.

    Il paraît tout à fait décidé que le prince de Saxe-Cobourg sera choisi pour le souverain de la Grèce. Le courrier qui porte cette approbation de la France est parti pour Londres il y a deux jours. Les journaux français se sont emparé de la question et ils blâment avec amertume cette décision qui paraît au premier coup d’œil un choix anglais. Je peux cependant vous certifier que le reproche est injuste et que le candidat d’Angleterre était le prince Frédéric des Pays-Bas que la France a refusé. Celle-ci portait d’abord un prince de la famille du roi de Saxe (il paraîtrait qu’il a refusé). Le prince Léopold ayant franchement et loyalement déclaré qu’il acceptait la souveraineté de la Grèce et la France sachant que la Russie approuverait ce choix, elle l’a proposé à l’Angleterre qui l’a accepté.

    Pour la masse de la population française, le Prince, je l’avoue, paraît tout à fait un candidat anglais et je suis persuadé, d’après tout ce qu’on dit du prince Léopold, qu’il sera entièrement indépendant; et, une fois qu’il aura accepté la couronne grecque, il sera comme vous, seulement Grec et Grec avant tout. Il ne favorisera aucune nation plus qu’une autre, il ne songera, qu’au bonheur et à la prospérité de sa nouvelle patrie. Si les Anglais voyent ce choix avec plaisir, c’est un avantage pour la Grèce, car il lui convient que les Anglais soient ses amis parce qu’à défaut de bien, ils peuvent faire beaucoup de mal aux Grecs. Votre patrie a besoin, par dessus tout, de l’amitié et de la protection de toutes les puissances. Le prince de Cobourg, par sa position, lui assure cet avantage et je suis persuadé que, lorsque les Français le connaîtront mieux, ils verront que ce n’est pas un choix seulement anglais. D’après les informations que j’ai cherché à prendre chez les gens sages et sans passions, voici ce que j’ai recueilli sur le prince de Cobourg.

    C’est un homme fort loyal, d’un caractère sage et posé, écoutant avec plaisir les avis des gens sages et éclairés et ne se décidant qu’après avoir bien réfléchi. Il aime le militaire et les arts et mettra son amour-propre à rétablir la Grèce dans un état de gloire et de prospérité. Le Prince est économe, il a une belle fortune et sa pension ne le rend nullement dépendant de l’Angleterre, car il peut vendre cette pension et en faire ce qu’il voudra. De toute part, on m’a confirmé que le Prince avait la plus haute estime de vos talents et de votre caractère. Puisque vous avez le dévouement de rester en Grèce, personne ne doute que le Prince, dans ses intérêts et dans ceux de sa nouvelle patrie, ne vous donne toute sa confiance et alors, je ne vois pour la Grèce qu’un avenir heureux et brillant. Dieu exauce les vœux que je forme à cet égard !

    Le choix une fois fait, il faudrait que vous en fussiez prévenu d’avance, afin que vous puissiez annoncer la chose au Sénat grec d’une manière honorable pour la nation et pour le prince souverain. Il faudrait également que le Prince arrivât sur un bâtiment grec, sur votre belle frégate «l’Hellas»; ce serait la manière de nationaliser le nouveau monarque.