Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄
Τίτλος: | Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄ |
Τόπος έκδοσης: | Κέρκυρα |
Εκδότης: | Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών |
Συντελεστές: | Δήμητρα Πικραμένου-Βάρφη |
Έτος έκδοσης: | 1983 |
Σελίδες: | 324 |
Θέμα: | Επιστολές προς Εϋνάρδο, Λεοπόλδο του Σαξ Κόμπουργκ και Μιχαήλ Σούτσο |
Χρονική κάλυψη: | 1829-1831 |
Άδεια χρήσης: | Εταιρεία Κερκυραϊκών Σπουδών |
Το Βιβλίο σε PDF: | Κατέβασμα αρχείου 48.27 Mb |
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démontré dans ma dépêche. Du moment que Votre Altesse Royale accepte l’immense tâche d’accomplir les destinées de la Grèce, les moyens de commencer cette grande œuvre sous d’heureux auspices ne se trouvent plus qu’entre vos mains. Vous ne pouvez, mon prince, la confier à d’autres sans atténuer leur action, et sans la rendre peut-être inefficace. D’ailleurs la délimitation doit de toute nécessité faire subir à la Grèce une forte crise. Pourquoi Votre Altesse Royale ne saisirait-elle pas cette première occasion de lui donner la mesure des sentiments paternels qui l’animent en sa faveur, et des sacrifices qu’elle est décidée à faire pour son salut?
Si j’ai eu quelque succès dans l’opinion de ce peuple, s’il ne cesse de me donner les preuves d’une confiance sincère et illimitée, c’est qu’il me voit constamment partager en personne ses misères et ses souffrances, dans le but unique de les soulager. C’est au bivouac, c’est sous le pauvre abri d’une chaumière, n’importe l’intempérie des saisons, mon âge et mes infirmités, que le peuple et les soldats m’ont souvent entretenu de leurs intérêts, qu’ils ont appris à me connaître, et que j’ai pu aussi leur inspirer le sentiment de tout ce qu’ils se doivent à euxmêmes, à leur gouvernement et au monde civilisé. J’oserai, mon prince, vous le dire: c’est à cette première épreuve que les Grecs vous attendent. Si vous vous présentez à leurs yeux comme un grand seigneur qui ne peut endurer leur pauvreté et leurs privations, au lieu de leur imposer, vous vous priverez volontairement du moyen le plus sûr d’agir utilement sur leur esprit. L’occasion de faire ce premier sacrifice vous est offerte. Venez donc assister en personne aux opérations difficiles et douloureuses de la délimitation, et ne souffrez pas que d’autres s’en chargent à votre place.
Je dois aussi à Votre Altesse quelques explications particulières sur la première partie de ma dépêche. Il m’est impossible de trouver le temps de vous faire, mon prince, l’analyse des actes de la conférence de Londres; mais il me semble évident qu’elle a jugé plus utile et plus expéditif d’imposer à la Grèce les arrangements desquels doit résulter son indépendance, au lieu de les lui faire adopter dans les formes légales. Il ne m’appartient pas d’approfondir les motifs qui peuvent avoir donné la préférence à ce mode; mais ce que je sais, c’est qu’il est moins favorable aux intérêts de ce malheureux pays et à ceux de Votre Altesse Royale.
L’acte du 3 février et celui qui confère à Votre Altesse le pouvoir souverain et héréditaire n’articulent pas un seul mot sur le droit public des Hellènes. Ce silence ferait croire de deux choses l’une: ou que les Puissances alliées considèrent que la personne du prince absorbe et concentre en elle-même tous les droits des Grecs, ou que c’est au prince
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souverain qu’elles ont réservé la faculté de les reconnaître, par une déclaration qu’il donnerait au moment de prendre la direction des affaires. C’est cette seconde explication que j’ai donnée aux membres du sénat, et à tous les citoyens qui m’accablent de questions depuis que les transactions de Londres sont connues, et c’est dans celte pensée que sera probablement conçue l’adresse du sénat.
Il dépendra maintenant de Votre Altesse de faire le reste. Votre réponse, mon prince, sera attendue avec anxiété; et elle remplira tous les vœux, si elle s’exprime dans des termes positifs sur les points que je vais prendre la liberté de vous signaler.
1o. Si Votre Altesse est disposée à embrasser la religion du pays, qu’elle veuille le lui annoncer. Par le fait seul de cette déclaration, le lien le plus sacré unira désormais cette nation à Votre Altesse et à sa dynastie.
2o. Vous ne voulez pas sans doute, mon prince, gouverner sans suivre des formes légales, et sans faire participer la Grèce à l’adoption de ces formes. Veuillez, mon prince, jeter un coup d’œil sur le second décret du congrès d’Argos, et vous verrez qu’en déclarant que vous adoptez les bases posées par le dit décret, vous vous réservez (en respectant tous les droits des Hellènes) la faculté de leur donner des institutions sages, en suivant les leçons infaillibles de l’expérience.
3o. Les autres décrets du congrès d’Argos garantissent les intérêts légitimes de toutes les classes de citoyens, qui ont fait de grands sacrifices durant la guerre. Si Votre Altesse Royale annonce par un seul mot qu’elle fera droit à ces intérêts, en se conformant aux dispositions de ces mêmes décrets, elle ne laissera rien à désirer, et la nation ira à votre rencontre en vous comblant de ses bénédictions.
Je voudrais pouvoir être maître de quelques heures, pour vous développer, mon prince, les motifs qui m’engagent à vous soumettre ces trois propositions. Votre Altesse Royale me rendra, j’espère, la justice de croire que je puise ces motifs dans le fond de ma conscience. Je me trompe peut-être, mais je n’oserais pas vous répondre d’un accueil tel que cette nation le doit à son souverain, si vous arriviez au milieu d’elle, précédé ou accompagné du silence le plus complet sur les trois points mentionnés ci-dessus.
Que Votre Altesse Royale me pardonne la franchise de ce langage. C’est le mien, c’est celui qui m’a valu dans d’autres temps vos bontés.
J’aurais vivement désiré vous entretenir, mon prince, de nos finances, de l’armée, de la marine, et en général de toute l’administration; mais je doute qu’il me soit donné de m’acquitter de ce devoir. Telle est la masse de détails qui m’accablent aujourd’hui plus que de coutume, tel est le surcroît de travail auquel me condamne dans ce
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moment la diplomatie, que mes forces commencent déjà à m’abandonner, et que je suis contraint de dicter même cette lettre particulière. J’en fais mes excuses à Votre Altesse.
M(onsieur) le chevalier Eynard, auquel ce pays doit tant, vous fera connaître sa détresse et l’impérieuse nécessité d’envoyer des secours pour la fin du mois d’avril. Que Votre Altesse Royale les apporte ellemême. Tel est le vœu que je ne cesserai de vous exprimer.
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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ
Correspondance, τόμος III, σ. 527 - 532.
[Την ίδια ημέρα που απευθύνεται στον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου, ο Καποδίστριας γράφει και στον Εϋνάρδο για να τον ενημερώσει για το περιεχόμενο των δύο επιστολών του προς το μελλοντικό ανώτατο άρχοντα της Ελλάδος. Του υπενθυμίζει επίσης τις πιεστικές ανάγκες που έχει η κυβέρνηση για οικονομική ενίσχυση.]
A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.
Nauplie, 25 mars/6 avril 1830
C’est avec les courriers qui ont apporté à Messieurs les résidents des cours alliées les ordres relatifs à l’exécution des transactions de la conférence de Londres, que j’ai reçu, mon cher Eynard, vos dépêches et vos lettres particulières jusqu’à la date du 7 mars, avec la lettre que S(on) A(ltesse) R(oyale) le prince Léopold m’a fait l’honneur de m’écrire en date du 16/28 février.
J’attache un si grand prix à faire arriver une heure plus tôt ma réponse au prince, que je vous la transmets aujourd’hui par un courrier ad hoc, afin que vous la lui fassiez parvenir en mains propres, quand même il se trouverait encore à Londres.
C’est M(onsieur) le prince de Wrède, officier de cavalerie qui a servi la Grèce avec distinction, que je charge de la présente. Dès qu’il aura
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atteint Marseille ou Toulon, il vous enverra par estafette un mot de ma part, et vous aurez alors la complaisance de faire retirer par une personne sûre le paquet que je lui ai confié. Vous y trouverez la présente, et celle que j’adresse au prince.
Si le prince est à Paris, S(on) A(ltesse) R(oyale) trouvera peut-être à propos de faire retirer le paquet par une personne de son choix. En l’ouvrant il y trouvera celui qui lui est adressé, et la présente pour vous.
M(onsieur) de Wrède fera sa quarantaine, et ne refusera pas de revenir en Grèce avant même de l’achever, du moment que S(on) A(ltesse) R(oyale) jugera devoir lui confier ses dépêches. Dans le cas contraire il aura l’honneur d’aller présenter ses hommages au prince et de prendre ses ordres.
J’ai fait payer à M(onsieur) de Wrède 700 francs pour ses frais de route. S’il repart de la quarantaine, ou s’il arrive à Paris, et qu’il ait besoin d’argent, je vous autorise à faire mettre à sa disposition 1.000 francs.
Je n’ai fait que jeter les yeux sur les actes de la conférence de Londres. Messieurs les résidents d’Angleterre et de Russie, dans l’attente de leur collègue qui va arriver d’Égine, n’ont eu avec moi que quelques entretiens confidentiels; mais l’ensemble des notions que j’ai pu recueillir me donne assez à connaître les arrangements que les cours ont définitivement arrêtés, et le mode absolu et péremptoire avec lequel ces arrangements sont imposés à Grèce.
Il était de mon devoir d’appeler avant tout l’attention du prince Léopold sur les difficultés presque insurmontables que rencontrera, je ne dirai pas leur adoption, mais leur mise à exécution.
La Grèce n’a qu’à obéir, et elle obéira; mais ce n’est pas tout. Elle doit aussi faire preuve de gratitude pour les nombreux bienfaits de ses augustes protecteurs. J’aime à espérer qu’elle remplira cette tâche d’une manière honorable. Elle placera désormais toute sa confiance dans les intentions nobles et paternelles de son souverain. Elle le rendra dépositaire de ses vœux et de ses espérances, et ce sera à S(on) A(ltesse) R(oyale) à faire le reste.
Telle est la pensée du plan de conduite que je suivrai, tant pour répondre aux communications officielles des cours alliées, que pour porter les Grecs à comprendre les avantages que leur réservent les transactions de Londres. Telle est aussi la substance de la longue dépêche et de la longue lettre particulière que j’écris aujourd’hui au prince Léopold.
Je démontre à S(on) A(ltesse) R(oyale) que ses devoirs, comme ses intérêts le plus chers, doivent l’engager à se rendre sans aucun retard en
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Grèce. Les opérations relatives à la délimitation sont difficiles et douloureuses, et ce n’est que lui qui pourra les diriger, de manière à ce que les conséquences n’en deviennent pas funestes à la Grèce et pénibles aux cours alliées.
Je ne vous en dis pas davantage sur ces graves questions; S(on) A(ltesse) R(oyale) voudra bien vous en entretenir. Dans ce cas je vous prie de faire tout ce qui dépendra de vous pour déterminer le prince à accueillir les vœux que je lui exprime.
Plus j’ai à cœur de justifier la confiance des Grecs et celle dont leur souverain m’honore, et plus je dois insister pour que S(on) A(ltesse) R(oyale) se trouve au milieu d’eux au moment où ils vont subir une crise. Il n’y a que lui seul qui puisse par ses soins et par ses efforts en mitiger les conséquences. Comment pourrait-il laisser passer cette première occasion de montrer à sa nouvelle patrie les sentiments généreux qui l’animent?
J’écris aussi à S(on) A(ltesse) R(oyale) un mot sur notre détresse, et je la prie de se faire rendre compte par vous des besoins pressants qui nous environnent. Indépendamment du paiement de l’armée qui échoit avec la fin d’avril, il faut aussi pourvoir aux avances que le gouvernement devra nécessairement faire aux nombreuses familles que la délimitation rejettera en Grèce. Elles quittent dans la Grèce occidentale des champs qu’elles n’ont fait qu’ensemencer avec les avances que je leur ai faites l’automne dernier, et elles viendront encore chercher une chaumière et du pain. Il en sera peut-être de même des malheureux habitants de la plaine, de beaucoup de provinces de Candie, de Samos, et des autres îles qui sont hors de la nouvelle frontière.
Vous devez avoir reçu, mon cher Eynard, ma dernière lettre du 17/29 mars. Je ne vous répète donc pas les observations que je vous ai faites pour vous engager à obtenir les 400.000 francs que la cour de Russie paraît disposée à nous accorder, et à faire votre possible pour en obtenir autant de la part du ministère français. Mais à tout événement je vous prie de m’envoyer le plus tôt et en espèces les 200.000 francs que vous offrez de nous prêter, et dont vous me parlez dans votre lettre du 7 mars.
M(onsieur) de Rouen ne m’a rien fait dire jusqu’ici. Il paraît donc qu’il n’a pas encore reçu l’orde de mettre à la disposition du gouvernement grec les 600.000 francs qui sont en Grèce depuis six semaines.
Il m’est impossible de trouver aujourd’hui un seul instant pour répondre à toutes vos lettres. Je ne puis pas cependant me priver de la satisfaction de vous en remercier du fond du cœur.
Les détails que vous me donnez jettent un grand jour sur le passé, sur le présent, peut-être encore sur l’avenir du pays. Je vous écrirai
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sous peu de jours, bien entendu que mes pauvres forces ne m’abandonnent pas. Je suis épuisé de fatigue; le travail devient tous les jours plus accablant à raison des circonstances. Il n’y a pas de Grec qui ne veuille apprendre ce que devient sa patrie. Ma porte est ouverte; et au milieu de ces entretiens pénibles, je dois soigner en personne plus que jamais les affaires courantes, et en personne conférer avec les agents étrangers de l’exécution des ordres absolus dont ils sont chargés.
Ainsi que je vous l’ai dit, je vous le répète, je ne me décourage pas. Dieu m’aidera.
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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ
Correspondance, τόμος IV, σ. 8 - 10.
[Ο Καποδίστριας ζητά από τον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου να επισπεύσει την άφιξή του στην Ελλάδα και να φροντίσει για τα χρήματα που θα εξασφαλίσουν στην Κυβέρνηση τη δυνατότητα να ανταποκριθεί ικανοποιητικά στις τρέχουσες υποχρεώσεις της.]
A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.
Nauplie, 10/22 avril 1830
Étant à la veille de transmettre à Votre Altesse Royale une volumineuse expédition par le courrier de M(onsieur) le baron de Rouen, je profite aujourd’hui de celui que fait partir M(onsieur) Dawkins pour avoir l’honneur de mettre sous vos yeux, mon prince, la copie de la note de Messieurs les résidents, ainsi que celle de ma réponse. J’y joins aussi une copie de ma dépêche et de ma lettre particulière du 25 mars/ 6 avril.
Le travail du sénat, et les observations dont je l’accompagnerai, offriront à Votre Altesse Royale l’ensemble des vœux que la nation lui exprime.
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Je n’en dirai pas davantage aujourd’hui sur ces graves intérêts. Je ne saurais néanmoins me dispenser de vous supplier, mon prince, de pourvoir au plus tôt aux besoins pressants qui m’entourent.
Nous en sommes aux derniers écus des subsides accordés pour janvier, février et mars. Tout ce que j’ai pu faire, c’est de couvrir les dépenses du mois d’avril; mais il m’est impossible d’aller plus loin. C’est le 11/23 mai qu’échoit le paiement du trimestre à l’armée; et dans ce moment de crise, il est d’une immense importance de lui donner exactement sa solde. Il nous faut donc au moins 1.000.000 de francs pour les premiers jours de mai, et je vous supplie encore une fois, mon prince, de faire arriver à terme cette somme.
Dans une couple de jours je soumettrai à Votre Altesse Royale l’état de l’armée et de la flotte, ainsi que le budget d’un trimestre pour tous les services.
Si je puis entretenir l’espoir de vous faire trouver, mon prince, le pays dans un état d’ordre et de tranquillité, ce n’est qu’à deux conditions. La première, que Votre Altesse Royale hâte son arrivée en Grèce; la seconde, que le gouvernement provisoire soit en mesures de payer régulièrement l’armée, la marine et les fonctionnaires publics. Hors de ces deux conditions, je ne pourrai rien; et Votre Altesse Royale ne doit pas me faire l’injustice de douter des sentiments qui m’engagent à lui faire part de ma conviction à cet égard.
P. S. Le sénat approuve enfin ma réponse aux résidents des cours alliées, et s’occupe dans ce moment de l’adresse et du mémoire qu’il mettra par mon organe sous les yeux de Votre Altesse Royale. Ainsi que j’ai eu l’honneur de vous l’annoncer, mon prince, par le post-scriptum du 26 mars/7 avril, les difficultés étaient grandes, et la note de Messieurs les résidents les aurait rendues insurmontables, si la lettre de Votre Altesse Royale du 28 février ne m’avait donné les moyens de les aplanir.
Votre Altesse Royale aura lieu, j’espère, d’être satisfaite du résultat de mes longues et pénibles conférences avec les sénateurs et les hommes les plus influents du pays.
Je voudrais faire davantage. Il me tarde d’envoyer une députation auprès de Votre Altesse Royale, et de la faire arriver dans le port où vous vous embarquerez, mon prince, par la frégate et par quelques autres bâtiments grecs.
Quoique le choix de cette ambassade ne soit pas chose facile, et que l’expédition de la frégate et de quelques autres bâtiments exige une dépense que notre caisse n’est pas en état de faire, je tâcherai néanmoins de préparer l’exécution de ces mesures, dans l’attente des ordres
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qu’il plaira à Votre Altesse Royale de me donner. Je la supplie donc de me les faire arriver une heure plus tôt, et de me marquer positivement l’époque et le lieu où elle est décidée à s’embarquer.
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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ
Correspondance, τόμος III, σ. 10-15.
[Ο Καποδίστριας μεταφέρει με την επιστολή του αυτή στον πρίγκηπα Λεοπόλδο τις ανησυχίες της Γερουσίας σχετικά με τις λεπτομέρειες του πρωτοκόλλου της 3ης Φεβρουαρίου. Έτσι, επισημαίνει ότι δεν διευκρινίζονται από τις Δυνάμεις σημαντικά προβλήματα που αφορούν τους Έλληνες και που ενδεχόμενα θα προκαλέσουν αμφισβητήσεις και αναταραχές, όπως το θρήσκευμα και οι δημόσιες γαίες. Αλλά και οι όροι του πρωτοκόλλου για το ρόλο της βασιλείας και τη σύναψη του δανείου, που είναι ζωτικοί για το μέλλον της χώρας, παραμένουν ουσιαστικά αγνωστοι στην ελληνική πλευρά.]
A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.
Nauplie, 12/24 avril 1830
En répondant à la lettre que Votre Altesse Royale m’a fait l’honneur de m’écrire en date du 16/28 février, j’ai cru de mon devoir de mettre sous ses yeux mes observations sur l’acte du 3 février, sur la situation difficile dans laquelle quelques-unes des dispositions de cet acte, et les ordres qu’ont reçus les résidents des cours alliées, allaient placer le gouvernement grec; enfin sur les efforts que je ferais dans une conjoncture aussi grave, pour justifier et la confiance des Grecs, et celle dont m’honorent les cours alliées et Votre Altesse Royale. En prenant connaissance des pièces que j’ai l’honneur de joindre ici, Votre Altesse aura, j’espère, la mesure de la bonne volonté et du zèle avec lesquels j’ai tâché d’atteindre ce double but. Je l’aurais atteint peut-être avec plus de succès clans l’esprit des Grecs, si Messieurs les résidents avaient été autorisés à m’en offrir les moyens; mais les termes péremptoires dans lesquels ils exigent l’exécution des clauses du protocole du 3 février,
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et les déterminations spéciales qu’ils annoncent dans leur note, n’ont fait que rendre plus difficile la tâche que j’avais à remplir.
Les déterminations que Messieurs les résidents des cours alliées appellent spéciales, décident des intérêts les plus importants, les plus chers de ce pays, et ont fait l’objet de stipulations tout aussi formelles que celles qui sont renfermées dans l’acte du 3 février.
Les Grecs se demandent donc pourquoi la conférence de Londres leur laisse ignorer le protocole qui confère à Votre Altesse Royale la souveraineté de la Grèce, celui qui concerne l’emprunt, celui enfin qui assure aux catholiques les privilèges dont ils jouissaient sous la domination turque, et qui accorde égalité complète de droits à tous les sujets du nouvel état, quelle que soit leur croyance religieuse.
En subissant la domination musulmane, les Grecs n’ont existé que sous la sauvegarde de leur église. Dès qu’ils se sont constitués en corps de nation, leurs représentants ont déclaré que la religion de l’état est la religion grecque, en admettant par là même en principe la tolérance de tous les cultes. Les transactions de la conférence de Londres n’ayant fait aucune mention directe de la religion grecque, je laisse considérer à Votre Altesse Royale quelle est l’impression que doivent avoir produit ce silence d’une part, et de l’autre les dispositions spéciales concernant les cultes.
C’est à vous, mon prince, qu’il est réservé de rassurer la Grèce sur ce point majeur, en lui annonçant que Votre Altesse Royale embrassera et professera avant tout sa communion. C’est à Votre Altesse aussi qu’il appartient de lui donner un second gage de ses intentions paternelles, en déclarant que l’emprunt ne sera pas exclusivement employé à lever et à entretenir des soldats, mais que la nation y trouvera aussi les ressources qui lui sont indispensables pour indemniser l’armée et la marine, et faire revivre l’agriculture, le commerce et l’industrie. La troisième garantie que les Hellènes ont droit d’attendre de la sagesse et de la justice de Votre Altesse, ils la trouvent déjà dans le vœu que vous avez fait, mon prince, pour qu’ils eussent une part au choix de leur souverain. Votre Altesse ne leur laissera rien à désirer à cet égard, du moment qu’elle leur annoncera qu’ils seront appelés à jouir de leurs droits civils et politiques, d’après les bases posées par le second décret du congrès d’Argos. Le sénat vous exprime, mon prince, les mêmes vœux, et il se porte aussi l’interprète de ceux que forment les infortunés habitants de la Grèce occidentale, et des îles de Candie, de Samos et de Psara.
Votre Altesse Royale a déjà plaidé leur cause. Elle la plaidera encore, et Dieu la protégera. Si la création du nouvel état Grec a pour but d’affermir sur des bases solides la paix du levant, pourquoi les Puissances laisseraient-elles incomplet leur propre ouvrage, en livrant à des chances
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périlleuses la navigation de l’Archipel, et les relations de l’état Grec avec les provinces musulmanes du voisinage? Lorsque les commissaires démarcateurs seront sur les lieux, ils ne pourront se dispenser de déclarer que la ligne qu’ils auront à tracer d’après l’article 2 du protocole, ne peut dans aucun cas constituer une frontière. Ils auront de même lieu de se convaincre que les points signalés par la conférence de Londres, se trouvent sur le terrain dans d’autres positions que ne le marquent les cartes qu’elle a consultées.
Quant aux limites maritimes, je n’abuserai pas des moments de Votre Altesse Royale pour lui démontrer que Candie est la clef de l’Archipel.
Les clauses de l’armistice, et en général toutes celles qui concernent les propriétés, ont alarmé à juste titre le sénat. Si en effet les Turcs les expliquent en leur faveur, plus des deux tiers des propriétés nationales leur appartiendront.
Le sultan est hautement intéressé à rendre aux Grecs les terres et les domaines qu’il leur a confisqués, et il les leur rend déjà, en les invitant à regagner leurs foyers dans ses états. Sans le retour de ces hommes industrieux et actifs, que ferait-il des pays qui resteraient déserts et en friche? En est-il de même de la population que Votre Altesse Royale a adoptée? Où trouverait-elle des moyens de se refaire? Quel serait le fruit de ses sacrifices?
Les Puissances ont pensé soulager la Grèce du fardeau du tribut et des indemnités. Le sera-t-elle si les Turcs qui ont porté les armes pour se défendre peuvent sous les auspices de l’armistice rentrer dans le nouvel état, et réclamer la restitution de leurs propriétés? Quels sont ces Turs? Ce sont ceux qui se sont acharnés à combattre, parce qu’ils avaient le plus à perdre, et qu’ils ont en effet perdu le plus.
Il vous appartient, mon prince, de fixer l’attention des cours alliées sur ce point important, et d’obtenir de leur justice qu’elles transmettent à leurs représentants à Constantinople des instructions conformes aux principes qu’elles ont adoptés, en déclarant que les Grecs seront libérés des charges que leur impose l’acte du 22 mars.
Pour que Votre Altesse Royale puisse apprécier au juste l’étendue de nos besoins et la détresse de nos finances, je joindrai ici les états que les différents ministères viennent de me présenter.
Je terminerai cette dépêche comme celle du 28 mars. Je supplierai Votre Altesse Royale de hâter son arrivée en Grèce. Les hommes que vous êtes appelé, mon prince, à gouverner vous reconnaîtront comme leur père, lorsqu’au milieu d’eux et dans un moment de crise, vous leur donnerez des gages des sentiments généreux qui vous portent à vous charger de leurs destinées.
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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ ΛΕΟΠΟΛΔΟ ΤΟΥ ΣΑΞ ΚΟΒΟΥΡΓΟΥ
Correspondance, τόμος IV, σ. 15 - 20.
[Ο Καποδίστριας επισημαίνει τα σημεία εκείνα τα οποία το πρωτόκολλο του Λονδίνου αφήνει αδιευκρίνιστα, με αποτέλεσμα να αντιμετωπίζουν οι Έλληνες το μέλλον τους ώς ανεξάρτητου κράτους με ανησυχία. Επίσης, αναφέρεται στην κρίσιμη κατάσταση της Ελλάδος, στις κατηγορίες που εκτοξεύονται εναντίον του και στην κακή οικονομική κατάσταση της χώρας.]
A S(on) A(ltesse) R(oyale) le Prince Léopold.
Nauplie, 12/24 avril 1830
La dépêche que je prends la liberté de mettre sous les yeux de Votre Altesse Royale par le courrier de ce jour, me dispense de l’entretenir plus particulièrement de mes négociations avec Messieurs les résidents des cours alliées, et de leur dénouement. Si je ne me trompe, j’ose le croire satisfaisant; mais il l’eût été davantage, et pour ce pays et pour Votre Altesse Royale et pour les cours alliées, si leurs résidents avaient reçu l’orde d’exécuter les actes de la conférencede Londres, en se concertant avec moi sur le choix des formes d’après lesquelles ils auraient pu mieux remplir leur tâche. On en a jugé autrement, et j’en déplore les conséquences. Celles qui pour le moment pèsent le plus sur l’administration actuelle, et qui entravent de plus en plus sa marche, réclament qu’on y apporte un prompt remède, et il n’appartient qu’à Votre Altesse Royale de le faire.
Les hommes les plus avancés dans la civilisation ne voient la patrie, l’indépendance et la liberté, que dans leurs intérêts personnels et dans le présent. Comment peut-il se faire que les Grecs, à peine délivrés du joug musulman, sortis à peine de l’abîme d’une révolution, conçoivent favorablement l’avenir que leur destinent les actes de la conférence de Londres, lorsque ces actes ne leur présentent aucune garantie?
On a statué sur l’égalité des cultes, sans y ajouter au moins l’épithète dé chrétiens; et l’on ne dit pas le mot de la religion orthodoxe grecque, qui est celle de l’état.
On a fondé un gouvernement monarchique et héréditaire; mais
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on n’a pas annoncé en même temps aux citoyens qu’ils ont le droit d’y prendre part.
On a renouvelé la promesse de l’emprunt; mais on ne laisse pas même entrevoir que cet emprunt offrira quelques secours au pays qu’il grève d’une nouvelle dette.
Enfin le nouvel état est d’une part soulagé des indemnités que lui imposait le protocole du 22 mars, mais de l’autre l’article de l’amnistie le menace de l’obligation onéreuse de rendre aux Turcs qui voudront rentrer en Grèce leurs propriétés.
Ces dispositions sont exprimées de manière à faire appréhender aux Grecs qu’elles tendent à attaquer de front et à compromettre à la fois les intérêts de toutes les classes: marins, soldats, cultivateurs, employés publics, tous se croient à la veille de perdre jusqu’à l’espoir de se refaire de leurs longues infortunes.
Ce sont ces hommes que je suis condamné à voir, à chaque instant; mon cabinet ne désemplit pas. Je fais tout ce qui dépend de moi pour les tranquilliser. Je tâche de leur démontrer que leurs alarmes sont sans motifs; mais la confiance n’est plus de saison. J’avais ce pressentiment il y a peu de jours, et je me suis fait par conséquent un devoir de supplier Votre Altesse Royale de hâter son arrivée en Grèce. Aujourd’ hui mon pressentiment commence à se réaliser, et ce sont les faits qui me portent, mon prince, à vous réitérer la même prière.
Il y a de mauvais esprits et des intrigants en Grèce comme partout ailleurs; mais ici il y en a plus encore. Des étrangers, qui n’ont cessé depuis longtemps de semer la discorde, continuent aujourd’hui plus que de coutume leurs coupables menées. C’est avec une effronterie qui se donne des airs d’autorité, qu’ils répètent à ceux même qui ne veulent pas les entendre, que si la Grèce est réduite à la frontière de l’Aspropotamos, si Candie et Samos sont rendues aux Turcs, et si les autres clauses du protocole ne sont pas plus conformes à ses vœux légitimes, c’est que l’Europe a dû se garantir des vastes et ambitieuses combinaisons politiques du gouvernement provisoire actuel. Or ce gouvernement provisoire c’est moi, et ces vastes et ambitieuses combinaisons ce sont mes prétendues relations secrètes avec la Russie.
Quelque absurdes et ridicules que soient ces insinuations, elles ne manquent pas cependant de produire une impression funeste. Il n’y a pas de Grec qui n’ait souffert des pertes considérables; il n’y en a pas qui n’espère des dédommagements. Tous ceux donc qui se croient près de porter la peine de la confiance qu’ils ont placée en moi m’accablent de leurs demandes; ils ne voient de salut que dans les concessions que je leur ferai.
Ce n’est pas de quelques individus qu’il s’agit: ce sont les com-
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munautés d’Hydra, de Spetzia et de Psara; c’est l’armée, c’est la milice, ce sont leurs chefs, ce sont enfin toutes les provinces.
Rejeter tout à fait leurs demandes, ce serait légitimer la méfiance de ces hommes, les pousser aux partis extrêmes, et donner lieu au désordre et à l’anarchie. Les accueillir complètement, ce serait faire preuve de faiblesse, encourager d’autres prétentions, et léguer au gouvernement de Votre Altesse Royale des embarras sans cesse renaissants.
Dans une pareille situation, ce ne sont que des termes moyens, combinés de bonne foi et avec quelque sagacité, qui peuvent arrêter le débordement; et jusqu’à ce moment ces termes moyens m’ont réussi. Mais je le déclare avec une respectueuse franchise à Votre Altesse Royale, leur efficacité ne peut durer que pour peu de temps, et elle sera nulle, si la caisse publique ne reçoit des secours pour le mois de mai.
J’avais compté sur les ressources de la banque nationale; mais au lieu des placements que devaient lui procurer les nouvelles garanties offertes aux prêteurs par l’hypothèque des domaines nationaux, elle est tous les jours épuisée par les anciens actionnaires, qui lui demandent la restitution de leurs capitaux, et le gouvernement ne peut pas s’y refuser, sans manquer à la foi publique.
Ce n’est pas tout: les fermiers de l’année dernière doivent encore à l’état des sommes, dont la commission des finances, malgré ses efforts, n’a pu recouvrer jusqu’ici la moindre partie. On peut se rembourser par la vente de leurs biens; mais qui les achètera?
Enfin les revenus des provinces seront-ils affermés cette année avec autant d’avantage qu’ils l’ont été l’année dernière? C’est dans le courant du mois qu’on procédera à cette opération importante, et j’en ignore le résultat. Mais quand même il serait satisfaisant, les nouveaux fermiers seront-ils plus exacts que les anciens? J’en doute.
Telle est la situation critique de la Grèce, de son gouvernement provisoire, et de ses finances. Au moment où j’écris à Votre Altesse Royale, il n’existe dans la caisse qu’environ 600.000 francs, dont 250.000 vont être distribués parmi les marins qui ont des créances sur l’état, et qui demandent quelques avances pour remettre à flot leurs bâtiments. Nous devons vivre le mois d’avril, et préparer le trimestre de l’armée qui échoit le 11 mai, ce qui en d’autres termes veut dire qu’il faut de toute nécessité faire arriver en Grèce pour les premiers jours de mai, au moins 1.000.000 de francs. Si l’évacuation des provinces occidentales doit s’effectuer dans ces entrefaites, il est aussi urgent que d’autres fonds soient mis à la disposition du gouvernement grec.
Par ma lettre particulière du 25 mars/6 avril j’ai fait part à Votre Altesse Royale des considérations majeures qui doivent l’engager à se trouver sur les lieux, pour diriger en personne les opérations difficiles
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de la délimitation. Aujourd’hui d’autres considérations non moins graves, et qui ont trait à la situation intérieure du pays, m’imposent le devoir de vous réitérer, mon prince, avec plus d’instance le même vœu. Jusqu’à son accomplissement je ne négligerai aucun effort, pour maintenir dans les provinces la tranquillité et l’ordre dont elles jouissent maintenant. J’aime à espérer qu’avec l’aide de Dieu j’y réussirai, si toutefois les secours pécuniaires arrivent à temps, et si, comme j’ai pris la liberté de l’énoncer dans ma lettre particulière, Votre Altesse Royale les apporte elle-même.
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ΙΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ
Correspondance, τόμος IV, σ. 20 - 22.
[Ο Κυβερνήτης γράφει στον Εϋνάρδο για να τον ενημερώσει για το περιεχόμενο της επιστολής που απηύθυνε στον πρίγκηπα Λεοπόλδο του Σαξ Κοβούργου. Επίσης αναφέρεται και πάλι στα οικονομικά προβλήματα που αντιμετωπίζει.]
Λ M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.
Nauplie, 12/24 avril 1830
C’est à la complaisance de M(onsieur) de Rouen que je dois la satisfaction de vous écrire ces lignes par le courrier qu’il expédie à sa cour, avec le résultat de la commission que, conjointement avec ses collègues, il a rempli auprès du gouvernement provisoire grec.
Je ne vous parlerai ni des communications que j’ai reçues de la part des résidents des cours alliées, ni de la réponse que je leur ai donnée. Vous les connaîtrez, et dans tous les cas je vous en enverrai une copie par la première occasion.
L’ensemble des documents que je mets aujourd’hui sous les yeux du prince Léopold méritera, j’espère, son approbation. Je serai bien aise de l’apprendre.
Voici en peu de mots les vœux que je lui exprime. Que S(on) A(ltesse) arrive une heure plus tôt en Grèce, et qu’elle m’envoie, tout au plus tard pour les premiers jours de mai, au moins 1.000.000 de francs. Ce
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n’est qu’à ces deux conditions (et ces conditions sont de rigueur), que je pourrai être de quelque utilité à ce pays et à S(on) A(ltesse) R(oyale), et pour le présent et pour l’avenir.
La volumineuse expédition que je lui adresse lui prouvera que plus je désire justifier sa confiance, et plus je dois lui faire ma profession de foi, et sur la situation critique de ce pays, et sur les moyens que S(on) A(ltesse) R(oyale) peut et doit employer pour en prévenir les funestes conséquences.
Vous devez avoir reçu à cette heure ma lettre du 22 mars/6 avril par le prince de Wrède.
Depuis lors les esprits se sont émus et alarmés, plus des explications données par la note officielle des résidents, que par la teneur du protocole du 3 février. J’ai calmé et je calme tout ce monde, et j’aime à me flatter qu’avec l’aide de Dieu j’aurai encore quelque succès. Mais je le répète, si le prince ne hâte pas son arrivée en Grèce, et que dans ces entrefaites il ne m’envoie pas les secours que je lui demande, je ne lui réponds plus de rien, car nul n’est tenu à l’impossible.
Tâchez, mon cher Eynard, avec votre infatigable activité de faire arriver à temps ces secours. C’est le 11/23 mai que je dois payer le trimestre à l’armée. Jugez quelles seraient les conséquences, si dans ce moment de crise l’armée se voyait dans la nécessité de se débander. Les soldats diraient: Notre terre natale doit rentrer sous la domination des Turcs, et pour nous forcer à y rentrer aussi le gouvernement ne nous paie pas. Ce serait pousser 8.000 hommes au désespoir et au brigandage. Qu’on y prenne garde. J’en ai le cœur serré; mais je ne me décourage pas. Dieu nous aidera.
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IΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ
Correspondance, τόμος IV, σ. 23 - 27.
[Ο Καποδίστριας διαβεβαιώνει τον Εϋνάρδο ότι δεν πρέπει να ανησυχεί για τις φήμες που κυκλοφορούν, αφού η κατάσταση δεν έχει ξεφύγει από τον έλεγχό του. Επείγει, ωστόσο, η σύναψη και η αποστολή του δανείου, καθώς και η άφιξη του πρίγκηπα Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου].
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A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.
Nauplie, 1/13 mai 1830
J’ai sous les yeux, mon cher Eynard, les journaux de France jusqu’au 20 avril. J’y vois que le prince Léopold est arrivé à Paris le 8; mais par les deux bâtiments qui viennent de nous apporter ces gazettes, je n’ai pas reçu une ligne de votre part.
Vous devez avoir entre vos mains la longue lettre que je vous ai écrite par M(onsieur) de Wrède, et celle qui est partie plus tard par un courrier de M(onsieur) de Rouen. Je ne vous répéterai pas leur contenu, mais je le résumerai en deux mots: Que le prince nous envoie le plus tôt possible de l’argent, et qu’il arrive lui-même.
Les personnes qui pensent et parlent des affaires de la Grèce, comme le Courrier de Smyrne et d’autres journaux que je ne désignerai pas, répandent des bruits alarmants sur la situation intérieure du pays. Ils disent que les chemins sont infestés de brigands, et qu’il y a des insurrections dans toutes les provinces. Tout cela est faux. Ce qu’il y a de vrai, c’est que les intrigants continuent plus que jamais leur métier, et qu’ils n’ont réussi jusqu’ici dans aucune de leurs entreprises. J’ose croire qu’ils ne réussiront pas davantage par la suite, du moment que le prince répondra aux longues lettres que j’ai pris la liberté de lui adresser, et qu’il répondra de manière à déjouer tous les petits complots, dont la Grèce peut à la longue devenir la victime.
Je viens de faire une tournée à Poros, à Syra, à Égine, et dans la province de Corinthe; elle n’aura pas été faite sans fruit. Si la diplomatie m’en laisse le temps, j’en ferai sous peu de jours une seconde dans l’intérieur du Péloponèse et j’aime à croire qu’elle sera aussi utile.
Les meneurs étrangers et grecs tâchent de porter le peuple à l’insurrection et à la mutinerie, dans le but unique de prouver au prince que le système actuel est improuvé par la nation, et qu’elle le rejette. Ainsi que je vous l’ai dit, cette poignée de misérables n’a rien pu faire, si ce n’est de mettre à l’épreuve ma vieille expérience, et de m’obliger à redoubler de vigilance et d’activité. Cependant cet état de choses ne peut pas durer, et il est de toute urgence que le prince y mette un terme. Il faut par conséquent qu’il arrive, et qu’il se fasse précéder sans perte de temps par une bonne déclaration. Je me suis expliqué à ce sujet avec S(on) A(ltesse) R(oyale) d’une manière assez claire et positive. Ayant ainsi rempli mon devoir en toute conscience, il ne me reste plus qu’à attendre, et à faire des vœux sincères pour que S(on) A(ltesse) R(oyale) n’aggrave pas involontairement la crise dont ce pays est menacé. Le prince se léguera des embarras qui lui rendront bien pénible la tâche toujours difficile qu’il est appelé à remplir.
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Les stipulations de Londres que le sultan vient d’accepter, doivent enfin être exécutées. Celles qui concernent la délimitation feront naître une foule de complications périlleuses, et ce n’est que le prince qui sur les lieux pourra les prévenir, ou du moins en mitiger les funestes conséquences.
Je n’écris pas à S(on) A(ltesse) R(oyale) par la poste d’aujourd’hui; je ne fais que de descendre de cheval, et je suis entouré de pétitionnaires, de fonctionnaires publics, et de toute sorte de tracasseries.
Je suis aussi dans l’attente des directions, que S(on) A(ltesse) R(oyale) a bien voulu m’annoncer par sa lettre du 16 février. Vous pouvez cependant l’assurer que je ne négligerai aucun moyen ni aucun effort, pour maintenir le pays dans une parfaite tranquillité, et pour le lui faire trouver très-disposé à répondre aux intentions bienfaisantes et paternelles qui animent S(on) A(ltesse) R(oyale). Mais je le répéterai encore une fois, et pour la dernière fois; que S(on) A(ltesse) R(oyale) daigne aussi ne pas me faire attendre au delà du mois de mai les subsides et les réponses que j’ai sollicitées.
J’opère aujourd’hui dans mes dispositions financières, comme si j’avais en caisse les 200.000 francs que vous avez mis à ma disposition, et les 400.000 que S(a) M(ajesté) l’empereur de Russie a déjà accordés éventuellement pour compléter, avec les 600.000 que j’ai touchés, 1.000.000. Jugez de l’importance que j’attache à recevoir une heure plus tôt ces secours. Grâce à mes économies sévères, j’ai encore 200.000 francs des 600.000 que forme le subside du trimestre.
Si l’on m’envoie d’Égine la gazette qui renferme ma réponse à la communication de Messieurs les résidents des cours alliées, je la joindrai ici. Dans le cas contraire vous la recevrez sous peu de jours.
M(onsieur) de Rouen et ses employés m’ont fait comprendre que ma réponse serait mal accueillie. A qui en est la faute? J’ai conjuré Messieurs les résidents de vouloir bien discuter avec moi leur communication. Je leur aurais proposé des termes moyens. Chacun de nous aurait rempli ses devoirs, et le public ne serait nullement instruit de nos débats diplomatiques. Le prince, et par son entremise les cours alliées, auraient pris connaissance des vœux de la Grèce. Ces messieurs ont été inébranlables dans leur marche.
Je vous donne, mon cher Eynard, en passant cette notion préliminaire, pour qu’au cas de besoin vous soyez à même de ne pas laisser dans l’erreur les personnes qui m’honorent de leur bienveillance.
Je finis, parce que la poste doit partir. Je vous recommande de ne pas m’oublier, et de penser que je compte les jours dans l’attente de vos nouvelles.
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IΩ. ΚΑΠΟΔΙΣΤΡΙΑΣ ΠΡΟΣ I. Γ. ΕΫΝΑΡΔΟ
Correspondance, τόμος IV, σ. 33 - 39.
[Ο Καποδίστριας ανησυχεί επειδή δεν έχει ειδήσεις του Εϋνάρδου αλλά ούτε και του Λεοπόλδου του Σαξ Κοβούργου. Αναφέρεται στην προσωρινή διευθέτηση των οικονομικών προβλημάτων της Ελλάδος, αλλά και στις ανησυχίες που προκαλούν νέες αντιπολιτευτικές ενέργειες, τις οποίες αναλύει.]
A M(onsieur) le Chevalier Eynard, à Paris.
Nauplie, 12/24 mai 1830
Je vous envoie, mon cher Eynard, ci-jointe une réponse qui met en ordre notre correspondance d’office.
Je suis toujours dans l’attente de vos lettres et de vos secours. S(on) A(ltesse) R(oyale) me laisse ignorer ses intentions, et ne m’envoie aucun subside. Mes moyens sont épuisés, et les intrigants vont grand train, dans l’espérance de provoquer des troubles et d’amener l’anarchie. Ainsi que je vous l’ai déjà dit, ils n’ont pas réussi et ne réussiront pas dans leurs coupables desseins, aussi longtemps que je pourrai payer régulièrement les marins, les soldats et les employés publics.
A force de persévérance dans le système d’une sévère économie, j’ai pu couvrir la dépense du trimestre qui est échu hier. La caisse a déboursé environ 500.000 francs, et l’armée est payée; mais j’ai dû réduire la liste civile, et les employés ne reçoivent que la moitié de leur traitement en espèces, et l’autre leur est assurée dans trois mois. Malgré cette réduction, chacun reste à son poste, et l’administration continue d’aller passablement bien. Notre état financier encourage les étrangers titrés et non titrés, qui s’obstinent à vouloir se mêler de nos affaires, et cette poignée de Grecs dont ils se sont entourés, pour créer ce que ces messieurs appellent une opposition.
Après avoir échoué deux fois depuis l’année dernière dans le projet de mettre l’armée en pleine insurrection, ils ont essayé, et ils s’efforcent même actuellement, de porter les provinces du Péloponèse à se refuser au paiement des impôts. C’est par les Maïnotes et par les provinces de la Messénie qu’ils ont commencé leurs manœuvres. Heureusement que les Pétro-Bey, et d’autres misérables dont ils se sont servis, sont des instruments usés. Toutefois il a fallu prendre des mesures.
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Le général Schneider a montré dans ces circonstances tout ce que peuvent dans un esprit droit et dans une âme noble les sentiments de l’honneur et du devoir. Aux premiers symptômes de la mutinerie, il m’a offert spontanément la coopération des troupes françaises. Je l’ai prié de les faire parader autour des villages, où des actes d’insubordination avaient eu lieu. Je vous assure que le seul mouvement de ses troupes produira un effet salutaire, et qu’il n’y aura pas besoin d’en faire davantage.
Comme si ces tracasseries ne suffisaient pas, les meneurs se sont tous groupés maintenant à Nauplie, et j’apprends que dans leurs conciliabules d’Égine ils ont arrêté de faire circuler en secret, au moyen de leurs émissaires, un écrit par lequel les signataires adressent leurs remerciements aux Puissances pour l’élection du prince Léopold, et supplient le prince de hâter son arrivée en Grèce.
On m’a parlé de cet acte, et j’ai répondu aux hommes qui en paraissent préoccupés, que la forme en était illégale; que le gouvernement s’était déjà acquitté de ce devoir, soit envers les Puissances alliées, soit envers le prince; et que si les citoyens voulaient de leur côté exprimer leurs sentiments et leurs vœux, pourquoi le feraient-ils en secret et par le moyen d’émissaires, et pourquoi ne s’adresseraient-ils pas au gouvernement? Celui-ci leur aurait offert le moyen de remplir cette tâche d’une manière honorable, en faisant signer l’adresse dans les bureaux des gouverneurs civils ou d’autres fonctionnaires publics dans toutes les provinces.
J’ignore ce qui adviendra de cette nouvelle intrigue. Elle me paraît cependant encouragée et dirigée sous main par une espèce de diplomatie que je ne veux pas qualifier. Ce que je déplore le plus, c’est que la Grèce en portera les conséquences funestes, sans que personne puisse en tirer aucun profit, ni pour le présent ni pour l’avenir.
La haute politique semble redouter les prétentions constitutionnelles des insurgés grecs, dont elle a fait un état indépendant. Elle a improuvé tacitement et le congrès d’Argos et les institutions dont cette assemblée a osé poser les bases. Aussi Messieurs les résidents des cours alliées m’ont-ils souvent entretenu de leurs alarmes, si, pour répondre à leurs communications, je convoquais le congrès. Or d’où vient que ces messsieurs ne s’alarment nullement des adresses signées par des citoyens sans aveu, lesquels prétendent à leur tour représenter la nation et parler en son nom?
Mais il y a plus. Quelques-uns de ces messieurs, en s’entretenant avec moi de ces adresses, non-seulement ne s’en sont point montrés alarmés, mais ils m’ont paru ne pas les désapprouver. A l’un d’eux j’ai exprimé d’un mot seul toute ma pensée à cet égard: «Ce que vous me
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dites, Monsieur le baron, est un trait de lumière; je commence à être sur la voie, et vous m’y mettez».
Jugez, mon cher Eynard, d’après cet aperçu comment ces messieurs et leurs clients préparent le terrain où le prince doit fonder le nouvel état. Ils divisent de plus en plus les Grecs qui composent l’administration actuelle, et ceux qui se sont placés en dehors. Ils créent un simulacre de pouvoir national à côté du pouvoir national réel, et ils prétendent par là choisir les Hellènes avec lesquels le prince Léopold organisera le pays et y affermira l’ordre et la tranquillité.
Toutes ces pauvres combinaisons n’ont qu’un seul but, et quelle que soit ma répugnance, je le signalerai. On veut faire accroire au prince et à l’Europe, que depuis que je m’acquitte de ma pénible tâche, rien n’a été fait que dans l’intérêt d’un parti en non dans l’intérêt de la nation tout entière, et que par conséquent la nation est impatiente de secouer le joug de ma tyrannie, pour jouir réellement de la liberté et des droits que les souverains lui reconnaissent.
Ces pauvres esprits caractérisent ce qu’ils appellent mon parti, de parti russe, et par conséquent ils s’efforcent d’accréditer l’opinion que, si la conférence de Londres a restreint les limites du nouvel état, c’est pour ne pas donner à ce parti une force et une consistance, qui pourraient troubler la paix de l’Europe, mais qu’une fois ce parti chassé des affaires tout s’arrangera, sur le continent et sur la ligne maritime, selon les vœux des Grecs.
D’après ce plan, le prince se hâterait de faire table rase. Il considérerait comme non-avenu tout acte de mon administration. Il fonderait dans d’autres principes son gouve[r]nement, et surtout il se garderait bien d’appeler dans ses conseils ou dans l’exercice des fonctions publiques les hommes qui m’ont aidé dans mes travaux.
C’est avec cette monnaie qu’on paie, jusqu’ici sans succès, quelques coryphées et une nuée d’émissaires qui couvrent le pays. Le fait est que les meneurs étrangers et grecs ont appris avec peine que le prince Léopold comptait sur les services que je pourrais lui rendre. Ils font et feront tout au monde pour me mettre dans l’impossibilité de m’acquitter de ce devoir envers la Grèce et envers S(on) A(ltesse) B(oyale) elle-même.
Je n’entretiens pas de ces détails le prince; mais je le ferai du moment que S(on) A(ltesse) R(oyale) me témoignera le désir d’être informé par moi de ce qui se passe ici. Comme je vous l’ai écrit, le prince m’a annoncé par sa lettre du mois de février qu’il allait m’écrire longuement. Je suis toujours dans l’attente des directions qu’il a bien voulu me promettre. Je lui ai adressé quatre volumineuses lettres. Je n’ai plus qu’à attendre ses ordres. Jusque-là veuillez vous-même, mon cher Eynard, faire part à S(on) A(ltesse) R(oyale) de la présente.
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Ψηφιοποιημένα βιβλία
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Α΄, 1976
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Β΄, 1978
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Γ΄, 1980
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Δ΄, 1984
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ε, 1984
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. ΣΤ΄, 1984
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ζ΄, 1986
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Η΄, 1987
- Αρχείον Ιωάννου Καποδίστρια, τ. Ι΄, 1983
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démontré dans ma dépêche. Du moment que Votre Altesse Royale accepte l’immense tâche d’accomplir les destinées de la Grèce, les moyens de commencer cette grande œuvre sous d’heureux auspices ne se trouvent plus qu’entre vos mains. Vous ne pouvez, mon prince, la confier à d’autres sans atténuer leur action, et sans la rendre peut-être inefficace. D’ailleurs la délimitation doit de toute nécessité faire subir à la Grèce une forte crise. Pourquoi Votre Altesse Royale ne saisirait-elle pas cette première occasion de lui donner la mesure des sentiments paternels qui l’animent en sa faveur, et des sacrifices qu’elle est décidée à faire pour son salut?
Si j’ai eu quelque succès dans l’opinion de ce peuple, s’il ne cesse de me donner les preuves d’une confiance sincère et illimitée, c’est qu’il me voit constamment partager en personne ses misères et ses souffrances, dans le but unique de les soulager. C’est au bivouac, c’est sous le pauvre abri d’une chaumière, n’importe l’intempérie des saisons, mon âge et mes infirmités, que le peuple et les soldats m’ont souvent entretenu de leurs intérêts, qu’ils ont appris à me connaître, et que j’ai pu aussi leur inspirer le sentiment de tout ce qu’ils se doivent à euxmêmes, à leur gouvernement et au monde civilisé. J’oserai, mon prince, vous le dire: c’est à cette première épreuve que les Grecs vous attendent. Si vous vous présentez à leurs yeux comme un grand seigneur qui ne peut endurer leur pauvreté et leurs privations, au lieu de leur imposer, vous vous priverez volontairement du moyen le plus sûr d’agir utilement sur leur esprit. L’occasion de faire ce premier sacrifice vous est offerte. Venez donc assister en personne aux opérations difficiles et douloureuses de la délimitation, et ne souffrez pas que d’autres s’en chargent à votre place.
Je dois aussi à Votre Altesse quelques explications particulières sur la première partie de ma dépêche. Il m’est impossible de trouver le temps de vous faire, mon prince, l’analyse des actes de la conférence de Londres; mais il me semble évident qu’elle a jugé plus utile et plus expéditif d’imposer à la Grèce les arrangements desquels doit résulter son indépendance, au lieu de les lui faire adopter dans les formes légales. Il ne m’appartient pas d’approfondir les motifs qui peuvent avoir donné la préférence à ce mode; mais ce que je sais, c’est qu’il est moins favorable aux intérêts de ce malheureux pays et à ceux de Votre Altesse Royale.
L’acte du 3 février et celui qui confère à Votre Altesse le pouvoir souverain et héréditaire n’articulent pas un seul mot sur le droit public des Hellènes. Ce silence ferait croire de deux choses l’une: ou que les Puissances alliées considèrent que la personne du prince absorbe et concentre en elle-même tous les droits des Grecs, ou que c’est au prince